Donald Trump et Kamala Harris sont au coude-à-coude dans les sondages. Mais, en France, une personnalité politique a largement les faveurs de l’opinion : Kamala Harris. Selon une enquête d’opinion Elabe publiée le 30 octobre, 64 % des Français souhaitent une victoire de la candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine, contre seulement 13 % pour son adversaire républicain Donald Trump. Même parmi les électeurs RN, ils ne sont que 30 % à être favorables à l’ex-président contre 46 % pour la vice-présidente démocrate.
Les avis sont plus partagés du côté des responsables politiques. A gauche, Jean-Luc Mélenchon a indiqué ce mardi 5 novembre que s’il avait à voter à l’élection américaine, son choix se porterait sur l’écologiste Jill Stein ou sur la démocrate Kamala Harris en fonction de s’il vivait dans un “swing state”, un Etat pivot, ou pas.
Pour le leader insoumis, Kamala Harris et Donald Trump sont “similaires mais pas identiques” : “les deux couvrent le génocide” à Gaza, “sont d’accord sur le capitalisme”, “sur le fait qu’il ne faut pas taxer les super-bénéfices” et “pour ne rien faire dans le domaine de la santé publique”. “Le moindre mal c’est toujours le mal”, a-t-il résumé. Mais “il y a une différence fondamentale” entre les deux candidats : “Donald Trump est contre le droit à l’interruption volontaire de grossesse” alors que “Kamala Harris défend cette idée”, a fait observer le triple candidat malheureux à la présidentielle dans une vidéo publiée sur YouTube. Ainsi, s’il votait dans un “swing state”, son suffrage se porterait de manière utile pour Kamala Harris. Cependant, s’il vivait dans un Etat dont les grands électeurs sont assurés aux démocrates, Jean-Luc Mélenchon voterait pour l’écologiste Jill Stein, qu’il trouve “proche des Insoumis”.
L’appel des écologistes à Jill Stein
Déjà candidate en 2012 (0,4 % des voix) puis en 2016 (1 %), la candidate du Parti vert américain présentera des bulletins à son nom dans près de 40 Etats. Elle a notamment fait campagne en se détachant du duo démocrate actuellement à la Maison-Blanche et en dénonçant “le génocide” des civils palestiniens à Gaza, terme également utilisé par les Insoumis français. En 2016, Jill Stein avait été accusée d’avoir dispersé l’électorat d’Hillary Clinton, favorisant Donald Trump.
La semaine dernière, les partis écologistes européens avaient appelé l’écologiste américaine à retirer sa candidature au profit de Kamala Harris, tant l’élection s’annonce serrée. La secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier a relayé ce message sur le réseau social X. “En tant qu’écologistes européens, en tant qu’écologistes français, nous appelons Jill Stein à se retirer de la course. Soutien total à Kamala Harris. Nous ne voulons pas d’une seconde présidence Trump. Pour le climat, pour la paix, pour les femmes, pour la démocratie”, a écrit Marine Tondelier.
As European greens, as French ecologists, we are calling for @DrJillStein to withdraw from the race.
Full support to @KamalaHarris 🌻
We don’t want a second Trump présidency.
For climate, for peace, for women, for democracy.#Kamala4President2024 https://t.co/GQMAeNOPyz
— Marine Tondelier (@marinetondelier) November 1, 2024
Si, pour Sandrine Rousseau, Kamala Harris “porte des combats importants comme l’IVG”, la députée écologiste “ne la trouve pas suffisamment radicale ni sur les questions écolo ni à gauche”, a-t-elle expliqué au micro de Quotidien.
La semaine dernière, sur les réseaux sociaux, l’ancien candidat à la présidentielle (ex-PS) Benoît Hamon avait manifesté un soutien plus franc à Kamala Harris, appelant à voter pour la candidate démocrate. “Il n’y a pas de doute sur le fait que Donald Trump soit sexiste, il n‘y a pas de doute sur le fait qu’il soit raciste, il n’y a pas de doute sur le fait qu’il prône un projet inégalitaire et discriminatoire. Pour toutes ces raisons-là, il ne faut vraiment souhaiter à personne sur le globe un deuxième mandat de Donald Trump”, a déclaré Benoît Hamon.
La discrétion inhabituelle du RN
A droite et à l’extrême droite, cette fois, si Eric Ciotti et les responsables de Reconquête ! affichent ouvertement leur soutien à Donald Trump, le Rassemblement national (RN), dans sa quête de notabilisation, se montre en revanche beaucoup plus discret que lors des élections de 2016 et 2020.
En 2016, Marine Le Pen avait ouvertement milité pour Donald Trump. “Si j’étais Américaine, je voterais tout sauf Hillary Clinton”, avait-elle notamment déclaré. Idem en 2020. “Si Joe Biden était élu, ce serait une véritable catastrophe”, avait-elle affirmé, envoyant une délégation de son parti au dernier meeting de Donald Trump. Rien d’aussi manifeste pour cette élection, où le RN se montre plus prudent. “Je suis Français, je ne me prononce jamais sur les élections étrangères”, a indiqué ce mardi le député RN Jean-Philippe Tanguy sur TF1. “Donald Trump défend l’intérêt des Américains et défend une forme de fierté américaine. Et j’aime ce patriotisme”, a quant à lui déclaré la semaine dernière Jordan Bardella.
Le soutien au milliardaire américain, avec qui Eric Zemmour s’était targué d’un échange téléphonique lors de la campagne pour la présidentielle de 2022, est en revanche beaucoup plus décomplexé chez Reconquête ! La députée Sarah Knafo, qui prend Donald Trump comme modèle pour la droite conservatrice française, a ainsi assisté à l’un des derniers meetings du candidat républicain, en Pennsylvanie. Elle soutient sur X le “candidat de l’identité nationale et de la paix”, celui qui “défend la liberté d’expression aux côtés d’Elon Musk contre tous les censeurs”.
Critiquant “la dérive vers la gauche et l’ultragauche” des démocrates partisans, selon lui, d’une “immigration irrégulière de masse” et d’un “wokisme terrifiant”, l’ex-patron des Républicains Eric Ciotti, désormais rallié au RN, a lui aussi estimé ce mardi qu’une élection de l’ancien président Donald Trump “serait plus profitable pour les équilibres économiques et politiques” du monde.
Sans surprise, l’exécutif affiche pour sa part sa neutralité. “Nous prendrons le président que les Américains nous donneront”, a déclaré le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot ce mardi matin sur France 2.
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