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Face à la Chine et aux Etats-Unis, une Europe de plus en plus seule, par Eric Chol


Se souvient-on encore des élections européennes de juin dernier, en dehors de la dissolution qu’elles ont provoquée en France ? Cinq mois plus tard, la nouvelle Commission bruxelloise se met enfin en place : une fois les grands oraux de ses membres terminés, sa patronne, Ursula von der Leyen, espère démarrer les travaux du nouvel exécutif en décembre.

Entre-temps, les scrutins se sont enchaînés, que ce soit en Géorgie ou en Moldavie, Joe Biden a rendu son tablier de candidat, les Etats-Unis ont élu son successeur, les Ukrainiens ont tenté au mois d’août une incursion en Russie, des milliers de soldats nord-coréens sont venus crapahuter aux côtés de leurs camarades russes, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, est allé encourager le gouvernement prorusse en Géorgie, tandis que les Vingt-Sept ont toutes les difficultés du monde à accorder leurs violons tarifaires pour contrer l’afflux de véhicules électriques chinois sur le Vieux Continent…

L’Europe ne répond plus au téléphone

La planète tourne, et l’Europe regarde. Certes, elle n’est pas restée totalement immobile pendant ces longs mois, mais sa voix est peu audible. Où sont donc les grands dirigeants d’hier, qui, de Helmut Kohl à François Mitterrand, de Gordon Brown à Nicolas Sarkozy, de François Hollande à Angela Merkel, tentaient, sinon d’incarner ce dessein européen, du moins de lui assurer une place de choix dans le concert des nations ? Depuis que ce concert a viré à la foire d’empoigne, l’Europe ne répond plus au téléphone. Décrochage économique, démographie atrophiée, innovation en mode glaciation, désaccords, polarisation des sociétés…

N’en jetez plus : le moteur européen tousse, au moment où les défis à relever n’ont jamais été si nombreux. A commencer par l’éloignement de l’allié de toujours, les Etats-Unis. “Il faut que les pays européens prennent bien conscience qu’un jour les Américains ne seront peut-être pas aussi présents que nous le voudrions”, rappelle à L’Express Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées . Un éloignement qui tombe au plus mal, au moment où la Russie de Poutine multiplie les opérations d’ingérence et de désinformation, “lesquelles ne cessent d’éroder la capacité d’influence de l’Europe, y compris dans son propre voisinage”, relève Florent Parmentier, secrétaire général du Cevipof.

L’Europe est-elle appelée à jouer les pions de second rang face à l’irrésistible confrontation entre les deux géants chinois et américain ? Ou, à l’inverse, peut-elle renouer avec son élan créateur ? Sans doute, “à condition de s’assumer en tant que puissance”, juge l’essayiste et avocat Jérémie Gallon. Et à condition aussi de croire dans ses atouts. Qu’il s’agisse de son attelage baroque de 27 pays, “une diversité qui constitue une chance, dans un monde innovant et changeant”, de ses valeurs ou de son attractivité. Celle qui doit donner envie à ses 450 millions d’habitants de faire l’Histoire en Europe.




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