Il est peu après 2h30 du matin à West Palm Beach, en Floride, ce mercredi 6 novembre, lorsque Donald Trump foule la scène de la salle du centre de convention, son quartier général. Fort de son succès dans les Etats-clés de Pennsylvanie, de Caroline du Nord et de Géorgie, le candidat républicain se hâte de revendiquer ce que tant redoutaient : sa victoire à l’élection présidentielle américaine. “Merci de m’avoir élu 47e président des Etats-Unis. Nous avons écrit l’Histoire”, a-t-il clamé devant ses partisans, disposant pourtant que de 267 grands électeurs sur les 270 requis pour l’emporter.
Mais deux heures plus tard, aux alentours de 4h40 (10h40 heure française), le résultat est sans appel : Donald Trump cumule un total de 276 grands électeurs, entérinant sa victoire. Un triomphe qui n’a pas manqué de faire réagir à l’international. Alors que les yeux du monde entier sont rivés sur les Etats-Unis depuis plusieurs mois, la presse étrangère s’est empressée de commenter cet épisode historique.
“Un jour de désespoir”
À l’image des discours mordants du New-yorkais, les médias n’ont pas manqué de métaphores pour qualifier cette victoire. “Un jour de désespoir” où “la vulgarité, la corruption, la mesquinerie, le narcissisme et le sectarisme ont été récompensés à nos dépens”, écrit le quotidien anglais The Guardian, avant d’ajouter “qu’un homme violemment et grossièrement misogyne a été élevé à une position de pouvoir au détriment d’une femme imparfaite mais compétente et travailleuse”. Le quotidien économique britannique The Financial Times, lui, qualifie la réélection de Donald Trump de “désastre existentiel pour les démocrates”, prévenant qu”il n’y aura pas de retour en arrière après le résultat sismique de l’élection américaine 2024″. Outre-Atlantique, le Los Angeles Times préfère évoquer le caractère exceptionnel de ce succès, rappelant que le républicain a “surmonté une fusillade et une rivale inattendue pour remporter un deuxième mandat historique”.
Et cette deuxième victoire n’a pas seulement été applaudie par le quotidien californien. Surnommé “le colosse” par le New York Post, Donald Trump a trouvé dans le journal américain un fidèle soutien. “Je ne vais pas juger ici les péchés ou les erreurs de Trump, bien que j’en sois conscient au point de ne pas avoir voté pour lui. […] Je suis ici pour représenter des centaines de millions de personnes à travers le monde qui restent bouche bée, émerveillées par le fait que Trump ait pu arriver jusqu’ici le soir de l’élection de 2024”, a publié John Podhoretz, éditorialiste dans l’un des plus anciens journaux américains. “Son refus total de se plier ou d’être brisé par ses ennemis et les critiques, et sa détermination à se racheter en récupérant le poste qu’il a perdu, n’ont pas d’équivalent à ma connaissance”, peut-on également lire.
Si le quotidien insiste tant sur l’invincibilité du candidat républicain, c’est que sa troisième campagne a été marquée par deux tentatives d’assassinat, la culpabilité de 34 chefs d’accusation et une condamnation au pénal. En mai dernier, le tribunal pénal de Manhattan le reconnaissait coupable de la dissimulation d’un paiement de 130 000 dollars à l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels. Après de multiples reports afin de ne pas entraver la campagne présidentielle, la peine de l’ancien président américain devait finalement être prononcée le 26 novembre prochain. Mais la victoire de Donald Trump rebat une nouvelle fois les cartes. Pour Politico, cela ne fait donc aucun doute, au-delà d’avoir “battu Kamala Harris [Donald Trump] a battu le système qui a essayé de le mettre en prison”, devenant “le premier criminel condamné à remporter une élection présidentielle”.
La faute aux démocrates ?
Malgré les affaires judiciaires l’impliquant, Donald Trump a tout de même pu compter sur le soutien de ses électeurs, séduits grâce à ses mesures sur l’inflation et l’immigration. “Tant de gens qui ont voté pour Donald Trump m’ont dit à maintes reprises qu’ils sentaient que l’économie était bien meilleure lorsqu’il était en fonction, et qu’ils en avaient marre d’essayer de joindre les deux bouts”, confie un journaliste de la BBC.
Second élément déterminant dans la victoire du milliardaire : la stratégie contre-productive des démocrates. A commencer par l’entrée en lice échouée du président sortant. “Si Joe Biden s’était retiré six mois plus tôt, les démocrates auraient eu le temps de trouver un meilleur candidat que Harris. […] Elle s’est montrée au mieux médiocre lorsque la conversation s’est orientée vers l’économie, un sujet qu’elle a fait de son mieux pour éviter”, explique le Financial Times. Un argument également porté par The Daily Beast : ” Le président Biden n’est pas trop vieux pour savoir ce qu’il a fait. Peu importe à quel point il peut être handicapé par son âge, il doit savoir qu’il aurait dû démissionner après un bon mandat. Les démocrates auraient alors pu choisir quelqu’un de façon habituelle, lors des primaires”.
Pour le quotidien britannique The Times, la faute est également à chercher du côté de la candidate démocrate qui a “mal évalué l’écart d’enthousiasme et surestimé sa position sur le terrain”. “Il semble que cette confiance dans l’enthousiasme des femmes en faveur de Harris ait été mal placée”, a-t-il continué, rappelant “qu’une situation similaire s’était produite avec Hillary Clinton en 2016”.
Quelles que soient les raisons derrière la victoire de Donald Trump, ce succès ne devrait pas être sans conséquence. “Il faut s’attendre à des changements massifs dans la politique étrangère et de sécurité américaine, qui devraient avoir des répercussions négatives, notamment pour les Européens”, craint le journal allemand Spiegel en faisant référence à un éventuel retrait des Etats-Unis de l’Otan, ajoutant que “Trump voit le monde comme une jungle dans laquelle seule la loi du plus fort s’applique. Pour The Guardian, les conséquences de ce mandat se résumeront à “ces punitions ironiques de la mythologie classique ou de l’enfer de Dante”.
Une situation que le quotidien suisse Le Temps voit d’un autre œil, estimant que les actions du républicain ne seront pas aussi radicales : “Il a parlé de manière caricaturale à son électorat, avec un mégaphone et des stars de sport de combat pour se faire élire. Rien ne garantit qu’il passera aux actes”.
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