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Allemagne : après l’éclatement de la coalition Scholz, le début d’une ère d’incertitude


C’est une crise politique majeure et très rare. En Allemagne, la fragile coalition gouvernementale du chancelier social-démocrate Olaf Scholz a explosé en plein vol. La coalition gouvernementale allemande hétéroclite, qui unissait à gauche sociaux-démocrates et écologistes aux libéraux du FDP à droite, a volé en éclats à la suite du limogeage mercredi 6 novembre du ministre des Finances et chef de file des libéraux, Christian Lindner. La fin du gouvernement du chancelier a été actée de facto mercredi soir par le départ de presque tous les ministres libéraux. Seul le ministre des Transports, Volker Wissing, a annoncé ce jeudi qu’il restait dans l’équipe au pouvoir et quittait son parti avec lequel il est en désaccord après sa décision de rompre avec le chancelier Olaf Scholz.

La cause de cet éclatement réside notamment dans les profondes divergences entre les deux camps sur la politique budgétaire et économique à suivre. Si les responsables de gauche sont partisans d’une relance de l’économie nationale en panne par les dépenses, les Libéraux prônent quant à eux des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire. La première économie européenne est aux prises avec une grave crise industrielle et s’inquiète des répercussions pour son commerce et sa sécurité de l’élection de Donald Trump comme président aux Etats-Unis.

“Nous avons besoin d’un gouvernement capable d’agir et qui ait la force de prendre les décisions nécessaires pour notre pays”, a plaidé le chancelier social-démocrate. Face aux “ultimatums” de son ministre des Finances, Olaf Scholz a jugé qu’il n’y avait plus “de confiance suffisante pour la poursuite d’une coopération”.

L’opposition demande un vote de confiance dès la semaine prochaine

Privé de majorité, Olaf Scholz espère encore pouvoir tenir quelques mois pour diriger un gouvernement minoritaire et faire adopter quelques textes de loi jugés prioritaires, en cherchant des majorités au cas par cas. Quant au budget 2025, dont la préparation est à l’origine de la crise actuelle, c’est l’incertitude. Faute d’adoption au Parlement, une version minimum et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier.

Le chancelier a annoncé qu’il allait ouvrir la voie à des élections anticipées dans le pays en se soumettant mi-janvier à un vote de confiance, qu’il a toutes les chances de perdre. Dans ce cas, le scrutin, initialement prévu en septembre, pourrait avoir lieu “au plus tard fin mars”, a indiqué Olaf Scholz. Mais l’opposition conservatrice lui a demandé ce jeudi un vote de confiance au plus tard la semaine prochaine. La coalition gouvernementale “a échoué”, a déclaré le président du parti démocrate-chrétien CDU Friedrich Merz, après une réunion de son groupe parlementaire à Berlin.

Si des élections devaient se tenir demain, l’opposition conservatrice arriverait en tête avec plus de 30 % des voix selon les sondages, et Friedrich Merz ferait figure de favori pour devenir chancelier. Mais il aurait du mal lui aussi à former une coalition majoritaire, avec l’extrême droite AfD, en embuscade en deuxième position dans les enquêtes d’opinion.

“Ce n’est pas un bon jour pour l’Allemagne, ni pour l’Europe”

Le divorce a été acté après une ultime journée de pourparlers organisés mercredi pour tenter de sauver l’exécutif dirigé par Olaf Scholz depuis fin 2021. “Ce n’est pas un bon jour pour l’Allemagne, ni pour l’Europe”, a déploré la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, autre figure du parti écologiste.

Cette crise politique survient en pleine phase d’incertitude et d’inquiétude après l’arrivée prochaine à Washington de Donald Trump. Signe de cette inquiétude, le président français Emmanuel Macron a pris l’initiative de parler avec le chancelier allemand dès la victoire de l’imprévisible homme d’affaires acquise, pour affirmer ensemble la nécessité d’une “Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte”. Mercredi, les ministres allemand et français de la Défense ont quant à eux souligné le besoin de cohésion des Européens après l’élection de Donald Trump. “Nous devons renforcer notre souveraineté, nous devons renforcer notre unité”, a appelé le ministre allemand Boris Pistorius dans une déclaration conjointe à l’issue d’une rencontre organisée dans l’urgence à Paris.

Olaf Scholz espérait que l’élection de Donald Trump, adepte du protectionnisme et des confrontations diplomatiques, forcerait sa coalition à serrer les rangs. Mais c’est le contraire qui s’est produit. Le FDP a jugé que l’élection aux Etats-Unis rendait encore plus urgent un changement de cap économique en Allemagne.

Le chancelier allemand va tenter d’apaiser les inquiétudes de ses voisins européens en se rendant ce jeudi en Hongrie à une réunion de la Communauté politique européenne (CPE), composée des 27 pays de l’UE et de leurs voisins, de la Turquie à l’Ukraine. Elle sera suivie d’une rencontre informelle des seuls dirigeants des Vingt-Sept, pour beaucoup déjà sonnés par la victoire de Donald Trump, enclin à engager des batailles commerciales et douanières avec le Vieux continent.




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