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Narcotrafic : les détails du plan de lutte de Bruno Retailleau et Didier Migaud


“Faire front commun” contre le trafic de drogue. Depuis Marseille, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et le garde des Sceaux, Didier Migaud, ont affiché leur unité, lors d’une conférence de presse organisée ce vendredi 8 novembre, pour présenter leur plan de lutte contre le commerce illégal de stupéfiants. Dans une ville touchée de longue date par la problématique de la lutte contre les stupéfiants, où 17 personnes ont déjà été tuées depuis le début de l’année en lien avec le narcotrafic, la lutte contre ce fléau a été érigée en “cause nationale” par les deux responsables. Toute une batterie de mesures a été annoncée pour agir “vite” contre ce genre de trafic, notamment dans la cité phocéenne.

Cellule de coordination nationale et magistrats professionnels

Sur le plan judiciaire, Didier Migaud a réitéré l’idée de la création d’un nouveau “parquet national” pour lutter contre la criminalité organisée, au-delà même du trafic de stupéfiants. Le garde des Sceaux a indiqué qu’une “cellule de coordination nationale” rattachée au parquet de Paris, “chargée de dresser un état de la menace, fixer une stratégie opérationnelle et de la mettre en œuvre”, serait mise en place “dans les prochaines semaines”. Celle-ci sera composée “de magistrats et de représentants des autres ministères concernés, Intérieur, Finances notamment, et d’analystes criminels”, a-t-il détaillé.

Autre annonce importante : le garde des Sceaux a dit envisager le jugement des “crimes en bande organisée”, tels que ceux liés au trafic de drogue, par des cours d’assises spéciales, uniquement composées de magistrats professionnels. Une configuration qui existe déjà aujourd’hui dans les affaires de terrorisme. L’objectif, selon Didier Migaud ? “Éloigner le risque de pression exercée sur les jurés”, qui composent habituellement les cours d’assises, “en vue d’orienter la décision judiciaire finale”. Bruno Retailleau espère pour sa part pouvoir “transposer” les “techniques d’enquête” utilisées en matière de lutte contre le terrorisme au profit des investigations sur le narcotrafic. “Il y aura un avant et un après comme pour le terrorisme”, a-t-il promis à ce sujet.

Davantage de moyens contre le narcotrafic

Sur le terrain, plusieurs changements ont aussi été présentés par les deux ministres. Les moyens humains consacrés à la lutte contre le trafic de drogue vont être renforcés. Les effectifs déjà présents dans les juridictions interrégionales (JIRS) “seront sanctuarisés sur l’ensemble du territoire”, y compris à Marseille. “Les équipes du parquet de Paris travaillant sur la lutte contre la criminalité organisée au niveau national” verront leur nombre augmenter de 40 %, a précisé Didier Migaud. Les moyens vont aussi s’accroître dans l’ensemble des branches de l’Office antistupéfiants (Ofast) en région, a ajouté de son côté le ministre de l’Intérieur. La “filière investigation” sera également “renforcée” a-t-il promis, sans fournir davantage de détails.

À Marseille, 25 enquêteurs supplémentaires devraient être déployés dans la ville pour mettre à mal le narcotrafic. Sur la voie publique, les effectifs de police devraient se garnir de 95 nouveaux fonctionnaires dans la métropole, soit “un effort sans précédent” en la matière selon Bruno Retailleau. Enfin, un “magistrat de liaison à Bogotá” sera aussi nommé prochainement, la Colombie figurant parmi les Etats “source des trafics”, a précisé Didier Migaud.

“Frapper les criminels au portefeuille”

La problématique de la prévention a aussi été évoquée par les deux hommes. La nécessité d’un “électrochoc” auprès de la population a ainsi été avancé par Didier Migaud. Une “campagne de communication” pour “révéler les liens entre l’usage de stupéfiants, les violences des trafiquants et les infractions qui en découlent” sera bientôt lancée dans cette optique. Ces dernières semaines, Bruno Retailleau avait déjà fait le lien entre la consommation personnelle de drogue et les drames liés au narcotrafic. Fin octobre, un enfant de cinq ans avait été blessé par balle à la tête à cause d’une fusillade liée au trafic de stupéfiants dans un quartier de Rennes.

“Un joint a le goût du sang, il a le goût des larmes”, avait donc déjà avancé le ministre de l’Intérieur, en référence aux “réseaux” et aux “mafieux” qui “s’engraissent” et “commanditent des crimes” pour poursuivre leur activité illégale. “Au-delà de l’incarcération, il faut frapper les criminels au portefeuille, en renforçant les possibilités de saisie et de confiscation judiciaire”, a abondé ce vendredi le garde des Sceaux. La création d’une nouvelle infraction “d’association de malfaiteurs au niveau criminel” va aussi être envisagée par le gouvernement. Celle-ci devra “être étendue aux assassinats et être assortie d’une peine de réclusion criminelle”, a-t-il enfin ajouté.




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