Elu mais pas encore investi, Donald Trump a (déjà) procédé à sa première grande nomination, jeudi 7 novembre. Susie Wiles, architecte de sa campagne, sera sa cheffe de cabinet à la Maison-Blanche. “Susie Wiles vient de m’aider à remporter l’une des plus grandes victoires politiques de l’histoire américaine”, a salué le président élu dans un communiqué. Elle “continuera à travailler sans relâche pour rendre à l’Amérique sa grandeur”, a assuré Donald Trump, en référence au célèbre slogan de ses campagnes.

Le milliardaire républicain a souligné que Susie Wiles serait la première femme à occuper ce prestigieux poste, un “honneur” selon lui “bien mérité”. Dans son communiqué, Donald Trump a également déclaré que Susie Wiles était “dure, intelligente, innovante et qu’elle était universellement admirée et respectée”. Ces qualités ne seront pas de trop à ce poste exigeant et complexe. “Chief of staff”, en anglais, est un poste qui s’apparente en France à celui de secrétaire général de l’Elysée, indique l’AFP. Il est peut-être le plus stratégique de l’exécutif américain. Sous le premier mandat de Donald Trump, pas moins de quatre chefs de cabinets avaient défilé.

Une femme discrète et méthodique

Susie Wiles, 67 ans, donne rarement des interviews télévisées et évite de prendre la parole en public. Lors du discours de victoire de Donald Trump mercredi matin, elle a presque semblé reculer devant l’invitation du président élu à dire quelques mots. “Susie préfère rester dans l’ombre, je vous le dis. La demoiselle de glace (“Ice Maiden”). Nous la surnommons ‘la demoiselle de glace'”, a alors déclaré le républicain.

Susie Wiles a transformé l’univers politique dysfonctionnel de Donald Trump en quelque chose d’organisé, indique Politico. On lui attribue en effet le mérite d’avoir dirigé la campagne la plus disciplinée, la plus professionnalisée et la plus sophistiquée des trois campagnes présidentielles menées par Donald Trump, permettant au milliardaire républicain d’obtenir une victoire écrasante face à sa rivale démocrate Kamala Harris.

Cette stratège politique a réussi à maîtriser Donald Trump, intervenant parfois pour le ramener sur le bon chemin ou pour lui expliquer pourquoi certaines de ses décisions pourraient être d’énormes handicaps politiques. Susie Wiles a ainsi encouragé Donald Trump à modérer sa rhétorique sur la défaite de l’élection de 2020 et à exhorter ses partisans à voter par correspondance. “Susie Wiles a tout simplement une capacité magistrale à gérer plusieurs choses importantes simultanément”, a déclaré à Politico Chris LaCivita, codirecteur de la campagne de Donald Trump avec la sexagénaire. “Ce qui fait d’elle, du point de vue de la gestion, le choix parfait”, a ajouté cet autre artisan de la victoire de Donald Trump. Un avis partagé par l’ancien gouverneur de Floride, Jeb Bush, autrefois principal rival de Donald Trump pour l’investiture du Parti républicain pour la présidentielle : la nomination de Susie Wiles pour le poste de cheffe de cabinet est selon lui un “excellent choix”.

Une habituée de la politique floridienne

La fille du joueur de football américain et commentateur sportif Pat Summerall, lobbyiste de longue date, est une habituée de la politique floridienne. Au début de sa carrière, “The ice maiden” a été cheffe de cabinet du maire de Jacksonville et a occupé des postes subalternes auprès de membres du Congrès et au ministère du Travail. Susie Wiles a commencé sa carrière en travaillant pour la campagne victorieuse du président républicain Ronald Reagan en 1980. Pendant des années, elle a travaillé avec des républicains modérés qui ont promu des politiques différentes de celles de Donald Trump, précise Reuters.

Susie Wiles a notamment été directrice adjointe des opérations pour la campagne à la vice-présidence du ticket Bush-Quayle en 1988, précise Politico. Elle a également dirigé la campagne de Rick Scott en 2010 pour le poste de gouverneur de Floride et été coprésidente du conseil consultatif de Mitt Romney pour la Floride lors de sa campagne présidentielle de 2012. ”The ice maiden” a également été directrice de campagne de Donald Trump en Floride en 2016.

Comme le rappelle Reuters, Susie Wiles a en outre joué un rôle clé dans la campagne victorieuse de Ron DeSantis pour le poste de gouverneur de Floride en 2018, avant d’être licenciée par celui-ci après son entrée en fonction. Lorsque Donald Trump et Ron DeSantis se sont affrontés lors de la primaire républicaine, en 2023 et au tout début de l’année 2024, Susie Wiles a présidé à une stratégie agressive et réussie visant à dépeindre son ancien patron comme une personne personnellement rebutante et déconnectée de la réalité sur certaines questions politiques clés.