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L’exposition à voir : Raphaël en dessins, le “Divino” à l’œuvre

Grâce au legs du “chevalier” Jean-Baptiste Wicar à sa ville natale de Lille, le palais des Beaux-Arts conserve près de 40 feuilles attribuées à Raphaël. Fragilité oblige, les précieux dessins avaient été jusqu’à présent très rarement montrés au public et jamais ensemble. C’est dire l’événement que constitue aujourd’hui leur réunion sur les cimaises, sublimée par un subtil éclairage pour les préserver d’une lumière trop forte. De Pérouse à Rome, en passant par Florence, ce corpus exceptionnel couvre une quinzaine d’années de création de l’artiste disparu, au sommet de sa gloire, à l’âge de 37 ans, et constitue, pour une bonne part, la matrice première de ses chefs-d’œuvre. Quelques peintures emblématiques du maître ponctuent d’ailleurs le parcours graphique, comme le Portrait de l’artiste avec un ami, prêté par le Louvre, ou l’iconique Vierge à l’enfant avec l’enfant Baptiste, conservée à la National Gallery de Londres.

De la période à Pérouse, quand le jeune peintre natif d’Urbino travaille dans l’atelier du Pérugin et ne tarde pas à répondre à des commandes prestigieuses, restent plusieurs études préparatoires, comme celles pour la Pala degli Oddi ou La Vierge à l’enfant tenant un livre. D’autres esquisses gardent encore leurs secrets, à l’image de la Tête de jeune homme à la barrette (renvoyant à la coiffe portée par les hommes à la Renaissance). S’agit-il d’un autoportrait ou d’une préparation à l’un des anges de la Pala degli Oddi dont les traits auraient été idéalisés sur la version peinte ? “Ce dessin peut être rapproché de l’Autoportrait de Raphaël réalisé vers 1506 et conservé aux Offices, où l’artiste se représente de trois-quarts, coiffé d’un bonnet, sur un fond neutre”, avance Cordélia Hattori, la commissaire de l’exposition aux côtés de Juliette Singer et de Régis Cotentin. Et la conservatrice d’ajouter que “le réalisme du visage dénote une influence des écoles du Nord, que prisait le peintre Giovanni Santi, père de Raphaël”.

Raphaël, “Tête de jeune homme coiffé d’une barrette” (pierre noire et gouache blanche).

Cerise sur le gâteau, cinq des feuilles montrées à Lille, recouvertes au recto et au verso, soit dix dessins au total, ont été passées au crible par le Centre de recherche et de restauration des musées de France, le fameux C2RMF. La combinaison magique de l’imagerie scientifique et de la spectroscopie a ainsi non seulement permis de révéler et de cartographier un réseau de tracés incolores formant de légères incisions dans le papier, mais aussi d’identifier précisément les matériaux utilisés. Ainsi, grâce aux rayons X, on sait désormais que Raphaël avait dessiné les traits de l’une des figures de l’étude pour la Pala Baronci à l’aide d’une pointe de plomb, et non d’un stylet achrome comme un simple examen visuel le laissait croire jusqu’alors, et que le peintre a ensuite effacé ces lignes avec de la mie de pain avant d’en reprendre le tracé à la pierre noire.

Ici, la technologie dialogue harmonieusement avec le passé. Son intitulé le sous-entend, Expérience Raphaël se veut une exposition” augmentée”, avec des dispositifs numériques montrant comment l’artiste virtuose, et parfois délicieusement fantaisiste dans ses griffonnages, passe du dessin à l’œuvre peinte. Le visiteur pourra même pénétrer virtuellement dans la chambre de la Signature au Vatican pour y découvrir l’élaboration de ses célèbres fresques. Ou visionner dans l’atrium un film projeté à 360° qui retrace la vie fantasmée d’un jeune prodige “touché par la grâce”, selon les mots de Vasari, l’infatigable échotier des génies du pinceau de la Renaissance italienne.




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