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Dégradation du déficit public : erreur technique ou faute politique ?


Comment sommes-nous passés d’une prévision de déficit public à 4,4 % du PIB en 2024 aux 6,1 % désormais attendus d’ici la fin de l’année ? C’est la question cruciale à laquelle la commission des Finances du Sénat souhaitait une réponse. Tour à tour, elle a auditionné, en fin de semaine dernière, Bruno Le Maire, Thomas Cazenave et Gabriel Attal, dans le cadre d’une mission d’information consacrée à la dérive des finances publiques.

S’il a d’abord chargé Michel Barnier, estimant qu’il n’avait pas pris les mesures nécessaires pour contenir ce dérapage, l’ancien ministre de l’Economie – qui a bûché cinq semaines pour préparer ce grand oral – a ensuite pointé du doigt “une grave erreur technique d’évaluation des recettes dont nous payons le prix”.

Tel est le nœud du problème. Cumulé entre 2023 et 2024, le manque à gagner pour l’Etat, en raison de cet écart, se chiffre à plus de 40 milliards d’euros. Bruno Le Maire, qui réfute toute “faute”, pointe sans les nommer les services du Trésor et leurs modèles, visiblement déréglés par les crises successives du Covid et de l’inflation. Surtout, l’ex-ministre insiste sur “l’étanchéité” qui le séparait des prévisionnistes de Bercy, “pour éviter toute manipulation”.

Le politique aura toujours la main

La veille, devant la commission des Affaires sociales du Sénat, Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes, jouait la mouche du coche en proposant qu’une instance impartiale, comme le Haut Conseil des finances publiques – qu’il préside… -, prenne en main les futures projections de recettes. Une solution déjà éprouvée outre-Manche. Sauf que l’indépendance des magistrats de la Cour des comptes n’a rien d’évident : entre Bercy et cette instance, les va-et-vient sont monnaie courante.

Quelle que soit l’objectivité de la prévision, c’est à l’exécutif de prendre la décision finale. Quitte à en assumer, ensuite, les conséquences, dans les urnes. Le projet de loi de finances rectificative, qui n’a jamais vu le jour au printemps, en est l’illustration. Quand le patron de Bercy militait pour sa mise en œuvre – à raison, au vu de la dérive de nos finances publiques -, Emmanuel Macron en a décidé autrement, pour ne pas plomber un peu plus la campagne de son camp aux européennes. Bruno Le Maire l’a d’ailleurs reconnu devant les sénateurs : “C’est un sujet éminemment politique.”

Qui du Trésor ou du président a commis la plus grosse bourde ? Faute de pouvoir convoquer le second, immunité oblige, les parlementaires risquent de tourner longtemps autour du pot.




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