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Temps de travail : Nicolas Sarkozy relance le débat là où la droite peine à le faire, par Nicolas Bouzou


Les crises d’hystérie politico-médiatiques participent au charme du débat hexagonal. Les Rencontres de l’Avenir de Saint-Raphaël, que j’organise chaque année à l’invitation de son maire Frédéric Masquelier, et dont L’Express est partenaire, recevaient le 8 novembre le président Nicolas Sarkozy. La conversation entre l’ancien chef de l’Etat et l’auteur de ces lignes s’est déroulée devant plus de 1 000 personnes dans le Palais des Congrès et a été retransmise en direct sur le site de BFMTV. La discussion a roulé sur la peste antisémite, trop souvent combattue avec une faiblesse coupable, sur l’élection de Donald Trump qui, selon l’ancien président, a gagné “parce qu’il a parlé à la nation américaine de la nation, quand Kamala Harris a parlé aux communautés américaines des communautés”, ou sur l’avenir du couple franco-allemand, au regard de son fonctionnement pendant la crise financière et économique de 2008.

Lors d’un échange sur le contrôle difficile, mais nécessaire, de nos dépenses publiques, l’ancien chef de l’Etat a défendu, avec son franc-parler habituel, l’idée selon laquelle les enseignants étaient trop nombreux – 1 million – avec un temps de travail insuffisant – 24 heures par semaine et de longues vacances. Il n’en fallait pas plus pour faire s’étrangler la gauche avec, en tête, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, sans doute plus à l’aise sur ce sujet que sur celui de l’antisémitisme de certains de ses alliés politiques et, dans le peloton, des syndicats d’enseignants, des communistes et même des députés MoDem, il est vrai plus passionnés dans leur travail parlementaire par les hausses d’impôts que par la maîtrise de nos dépenses.

Les fonctionnaires travaillent moins de 34 heures par semaine

Les indignations fusent mais le débat est légitime. Affirmer qu’on puisse réduire le nombre des enseignants, augmenter leur temps de présence en classe et revaloriser leurs rémunérations, comme c’est le cas en Allemagne, est tout sauf absurde. D’après un rapport sénatorial, les enseignants français travaillent légèrement moins que la moyenne européenne, qu’il s’agisse du temps d’enseignement ou du temps de travail total.

Mais l’essentiel est ailleurs. Notre discussion portait plus largement sur le constat factuel que, dans notre pays, nous ne travaillons collectivement pas suffisamment pour rendre notre Etat et notre protection sociale soutenables, et pour que les salaires puissent augmenter sensiblement et durablement. Ce raisonnement peut sembler banal mais il est absolument juste. Au bout du compte, il n’est que deux sources à l’enrichissement d’un pays : le travail et l’innovation. Mais il n’y a pas d’innovation sans travail !

Selon les calculs des économistes de Rexecode, les salariés français ont la durée effective de travail la plus faible d’Europe après la Finlande – 122 heures de moins qu’en Allemagne, 162 heures de moins qu’en Italie. Le taux d’emploi des Européens de 15 à 64 ans s’établit à 70 %, soit 2 points de plus qu’en France. Quant aux fonctionnaires, d’après la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), ils travaillent 1 580 heures par an, soit moins de 34 heures par semaine, d’où la proposition récente de Gabriel Attal de faire monter le temps de travail dans la fonction publique à… 35 heures.

Une explosion incontrôlée des arrêts maladie

Ces chiffres sont parfaitement incompatibles avec la résorption de nos déficits, sociaux en particulier. En réalité, la gauche, soi-disant attachée à notre Etat providence, devrait être à la pointe de ce sujet ! Mais elle a abandonné les questions de croissance et de progrès social. Nicolas Sarkozy relance le débat là où la droite actuelle peine à le faire : tant mieux !

Il est symptomatique que l’une des stars montantes de l’actuel gouvernement soit le ministre de la Fonction publique et de la Simplification Guillaume Kasbarian, lui aussi présent aux Rencontres de l’Avenir de Saint-Raphaël devant une salle pleine à craquer. Ce ministre est identifié par le grand public depuis qu’il a annoncé, pour faire face à l’explosion incontrôlée des arrêts maladie de courte durée dans la fonction publique, la mise en place de trois jours de carence et d’une indemnisation plafonnée à 90 % du salaire. Selon un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro, 61 % des Français sont d’accord avec cette mesure. Ce qui montre, n’en déplaise aux bien-pensants, qu’une grande partie de nos concitoyens comprend que travailler davantage est une idée juste.




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