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“Les marxistes, les maniaques et les fous” : comment Trump compte s’attaquer à l’Education


Dans une vidéo de campagne intitulée “Protéger nos étudiants de la gauche radicale, et des maniaques marxistes qui ont infecté les institutions éducatives”, repartagée récemment par Elon Musk, qu’il a nommé ministre de l'”efficacité gouvernementale”, Donald Trump, récemment réélu président des Etats-Unis, exprime tout son mécontentement vis-à-vis de la politique éducative américaine. Il vise notamment les universités qui “endoctrineraient” les élèves, et en particulier son souhait de supprimer le département de l’Education des Etats-Unis (le ministère de l’Education américain).

“Je le dis tout le temps, je meurs d’envie de revenir juste pour le faire. Nous finirons par éliminer le ministère fédéral de l’Education”, a-t-il encore récemment déclaré lors d’un meeting de campagne en septembre.

“Gauche radicale” et “marxistes” : que reproche Trump à l’Education ?

“Depuis de nombreuses années, les frais de scolarité dans les collèges et les universités ont explosé, et je veux dire absolument explosé, alors que les universitaires sont obsédés par l’endoctrinement de la jeunesse américaine. Le temps est venu de reprendre à la gauche radicale nos grandes institutions éducatives d’antan, et nous y parviendrons”, plaidait l’an dernier Donald Trump dans une vidéo de campagne. “Lorsque je retournerai à la Maison-Blanche, je licencierai les organismes d’accréditation de la gauche radicale qui ont permis à nos universités d’être dominées par des maniaques, des marxistes et des fous.”

Parmi ses propositions, supprimer des “postes administratifs inutiles” pour réduire les coûts de la scolarité, “virer” les “bureaucrates marxistes chargés de la diversité, de l’équité et de l’inclusion”, ou encore “défendre la tradition américaine et la civilisation occidentale”. “Les universités ont reçu des centaines de milliards de dollars de la part des contribuables qui travaillent dur, et nous allons maintenant éliminer cette folie anti-américaine de nos institutions une fois pour toutes”, ajoute-il encore dans cette vidéo.

En réalité, le ministère fédéral n’intervient pas dans les programmes et dans la plupart des politiques scolaires. Comme le souligne le Washington Post dans un article publié mardi 12 novembre, l’Education relève depuis longtemps de la responsabilité des Etats et des collectivités locales, “qui fournissent 90 % du financement et fixent la plupart des règles.” Et non du département fédéral de l’Education. Son rôle est de gérer les programmes de subventions fédérales (environ 10 % du financement des écoles de la maternelle au secondaire), le programme qui aide à couvrir l’éducation pour les élèves handicapés ainsi que le programme fédéral de prêts aux étudiants, d’une valeur de 1600 milliards de dollars. Il veille aussi à l’application des lois sur les droits civils et lutte contre les discriminations. Son budget n’est par ailleurs que de 2 % du budget total de l’Etat fédéral.

Que pourrait-il se passer ?

Comme le rappelle le quotidien financier Wall Street Journal, lors de son premier mandat, Donald Trump avait proposé de fusionner les départements de l’Education et du Travail, mais le Congrès s’y était opposé. Il souhaite désormais purement supprimer le ministère de l’Education, mais rien ne dit qu’il puisse effectivement le faire, même s’il a l’appui de nombreux élus républicains. “Donald Trump ne peut pas se débarrasser unilatéralement du ministère de l’Education”, a ainsi expliqué auprès de la chaîne américaine CBS 17 William Resh, professeur à l’université de Californie du Sud et auteur de Rethinking the Administrative Presidency (“Repenser la présidence administrative”). “Même si le parti républicain était si bien aligné qu’il était d’accord pour supprimer le ministère de l’Education, les démocrates disposeraient toujours de l’outil d’obstruction au Sénat pour bloquer toute proposition visant à supprimer le ministère de l’Education.”

De plus, selon un sondage réalisé en août 2024 par le Pew Research Center, 44 % des Américains sont favorables au département de l’Education et 11 % ne savent pas, avec une division très marquée de l’opinion entre démocrates et républicains (62 % pour et 64 % contre respectivement.) Le Wall Street Journal rappelle que, selon un sondage de l’Associated Press de 2023, “près de deux tiers des Américains estiment que le gouvernement fédéral ne consacre pas assez d’argent à l’Education”. La mesure risquerait donc de ne pas être très populaire.

Le président peut toutefois choisir qui nommer à la tête du ministère, et donc peser sur sa politique. Donald Trump a également parlé des accréditations données aux établissements comme son “arme secrète”, qu’il pourrait utiliser, comme le notait ce mardi le quotidien New York Times, comme un moyen “pour imposer des changements idéologiques”. Il a également parlé d’élargir les taxes sur les dotations des universités, et pourrait pousser à supprimer les annulations de dette étudiante mises en place par l’administration Biden à la suite de la pandémie de Covid.

Donald Trump avait en outre lancé pendant sa campagne l’idée d’une Université américaine, financée justement par cette taxe sur les dotations, où il n’y aurait “ni wokisme ni djihadisme”. Ronald Reagan, ancien président républicain américain, avait déjà fait campagne en 1980 pour se débarrasser du département de l’Education, sans succès.





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