Le 11 novembre, ont surgi, épinglés sur les vestons, les bleuets de France et, devant les monuments aux morts, on a pu entendre La Marseillaise pour célébrer cette journée de cohésion nationale. Court moment d’unité, avant de renouer avec cette tradition de la gréviculture, qu’il pleuve (des déficits) ou qu’il vente (des dépenses publiques). Qu’importe la météo budgétaire : la saison de la grève est ouverte et, à tout seigneur tout honneur, nos cheminots montrent le chemin, dans lequel s’engouffrent déjà les pilotes de ligne, les fonctionnaires ou les agriculteurs.
Il serait de mauvais goût de publier la facture des conflits passés, dans un pays où le “quoi qu’il en coûte” a longtemps servi de boussole à nos dirigeants. Le coût de la grève des cheminots de Noël 2022 ? Une centaine de millions d’euros. Celui de février, qui a laissé à quai plus de 150 000 passagers ? Plusieurs dizaines de millions d’euros.
Un coup de canif dans la réforme des retraites
A la SNCF, la peur d’un mouvement social est telle que la direction préfère prendre les devants. Comme lorsqu’elle signe en avril avec les syndicats un accord sur la cessation progressive d’activité, un coup de canif dans la réforme des retraites, sous la forme d’un dispositif très généreux… Et très coûteux (481 millions d’euros). Jamais rassasiés, les syndicats de cheminots obtiennent au printemps la prime pour les Jeux olympiques (environ 50 millions d’euros). Ils réclament désormais une nouvelle gratification – pour les remercier du bon déroulement des JO, cette fois-ci étendue à l’ensemble du personnel…
Ce n’est pas fini. Au premier semestre, les charges de personnel de la SNCF ont progressé de 8 % par rapport à la même période en 2023, “à la suite des mesures générales annoncées par le groupe”, explique la SNCF. Opposés au démantèlement de SNCF Fret, prévu le 1er janvier 2025, les syndicats de la compagnie ferroviaire appellent désormais à cesser le travail le 21 novembre, et menacent d’enclencher une grève illimitée et reconductible à partir du 11 décembre. Juste quelques jours avant les premiers départs en vacances.
Payer les intérêts de la dette de la SNCF
Dans leurs arguments, les syndicats mettent en avant les bons résultats financiers de la SNCF… Merci qui ? Le contribuable français, toujours là pour satisfaire les besoins du groupe aux 287 000 collaborateurs. Ainsi, dans le projet de budget 2025 figure une ligne de crédit de 700 millions d’euros pour payer les intérêts de la dette de la SNCF, reprise par l’Etat à hauteur de 35 milliards d’euros. Sur une autre ligne, 3,2 milliards d’euros sont inscrits au titre d’une subvention pour les régimes des agents statutaires de la société…
L’institut Fipeco a évalué au total à 20 milliards d’euros le coût de la SNCF pour les contribuables en 2022. Mais rassurez-vous, celle-ci sera exemptée de la nouvelle contribution exceptionnelle prévue dans le budget. Sans doute parce qu’elle reste une entreprise fragile ? Parce que la SNCF a “des déficits fiscaux importants” a prévenu le ministre des Transports. Finalement, la “grève attitude”, ça finit par payer !
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