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Un candidat unique du socle commun en 2027 ? Derrière la nécessité arithmétique, l’impasse politique


La première pièce a été posée le 10 avril 2022. Ce soir-là, au premier tour de l’élection présidentielle, Valérie Pécresse est pulvérisée. Avec 4,78 % des suffrages, la candidate des Républicains (LR) est siphonnée par Emmanuel Macron. La perspective d’un duel entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon a déclenché l’irréversible mécanique du vote utile, tombeau de la droite. Deux ans ont passé. Et si cette “union” des électeurs trouvait un débouché politique ? A première vue, l’hypothèse a la force de l’évidence. La porosité des électorats LR et macroniste est manifeste. La droite et le bloc central sont engagés dans une coalition, baptisée “socle commun” par Michel Barnier.

Alors, le Premier ministre peut regarder l’horizon. Le mercredi 13 novembre, il évoque l’échéance présidentielle devant des députés de la Commission des affaires économiques. “Si nous n’avons pas un seul candidat issu de nos groupes, on se retrouvera avec l’extrême droite et l’extrême gauche au second tour”, glisse-t-il aux convives. L’ascension continue du Rassemblement national et la poussée de la gauche exigent l’union. Cette stratégie relève presque d’une obligation arithmétique. “On n’a pas d’autre choix que de prolonger le socle commun en 2027”, juge un ministre de droite, avec un brin de fatalisme. Au printemps, le président du Sénat Gérard Larcher glisse au ministre de la Santé Frédéric Valletoux, proche d’Edouard Philippe : “En 2027, on sera derrière le même candidat.” Sans prononcer le nom de l’heureux élu.

Rancoeurs et divergences

Il y a du chemin. La coalition bâtie par Michel Barnier dévoile chaque jour sa fragilité. Il y a ces vieilles rancœurs entre la droite et les macronistes, ennemis devenus alliés par la grâce de la dissolution. La droite, revancharde, garde en tête les humiliations infligées par le “nouveau monde” en 2017. Le bloc central raille l’arrogance de son partenaire, qui semble oublier son déclassement électoral. Chaque camp reste dans son couloir, aucune réunion n’a rassemblé les députés du socle commun.

Et puis, des divergences subsistent. Les macronistes peinent à comprendre la doctrine économique de LR, éloignée de son ADN libéral. Une sortie de Bruno Retailleau, et c’est toute une frange de Renaissance qui s’étouffe ! Qui imagine le Vendéen sur la scène du Zenith avec Valérie Hayer ? “Aujourd’hui, chaque camp a intérêt à accroître les divergences visibles. Sinon, son espace politique risque de disparaître”, déplore un cadre Ensemble pour la République (EPR). Ainsi, Gabriel Attal se réjouissait en septembre de “l’opportunité de montrer nos différences avec LR” dans la coalition. Un député LR a tenté d’amadouer un de ses proches. “Barnier ne sera pas le candidat unique, vous devez draguer les LR afin qu’Attal soit candidat. Il ne doit pas se les mettre à dos.” En vain. Se singulariser, c’est exister.

Ces divergences sont le produit de stratégies distinctes. Gabriel Attal est un enfant du bloc central. Edouard Philippe constate en privé la solidité de la tripartition de la vie politique. “On a un bloc de gauche et un bloc RN, il faut donc organiser le bloc central”, assurait-il dès 2023. Ce partisan d’une “coalition” prône un rassemblement “de la gauche mitterrrando-sociale-démocrate à la droite conservatrice”. Laurent Wauquiez est moins à l’aise dans cet espace, ersatz du macronisme. “La véritable opposition dans le pays n’est pas face au macronisme ou au Rassemblement national. Elle est face à une gauche […] déterminée à mener une politique multiculturelle de destruction”, théorisait-il en décembre 2023 dans le Figaro.

Lui compte sur les voix des électeurs d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen pour assouvir son ambition présidentielle. Et développe en conséquence un discours droitier, loin du barycentre idéologique du socle commun. La droite veut balayer un macronisme à l’agonie. Le bloc central veut terminer son OPA sur LR, grande oeuvre d’Emmanuel Macron. Là réside l’ambivalence de ces stratégies. Toutes dessinent une tentation hégémonique sur le socle commun, mais se traduisent par sa fracturation. L’union n’en sera que plus délicate.




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