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“Le Splendid par le Splendid” : l’histoire d’une saga populaire racontée par ses protagonistes


Ils s’étaient juré de se revoir plus souvent tous ensemble, sinon la prochaine fois ce serait au cimetière. Après une séance photo pour les 75 ans de Paris Match en avril, ce livre devait en être l’occasion. Mais l’électron libre Michel Blanc est mort au moment même où l’ouvrage venait d’être achevé. Après ce choc, Le Splendid par le Splendid prend une dimension encore plus émouvante. “On avait signé le BAT trois jours avant sa mort, du coup, on se parlait beaucoup avec Michel, alors que d’habitude, c’était deux ou trois fois par an”, se souvient, ému, Thierry Lhermitte. “Etant incapable de dormir la première nuit après son décès, j’ai relu tout ce qu’il a écrit pour ce livre. C’est merveilleux et chaleureux.”

Ce dernier est à l’origine du projet, et les bénéfices seront reversés à une cause qui lui est chère : la Fondation pour la recherche médicale. L’idée est de raconter la saga du Splendid à travers des photos, souvent inédites, commentées par les protagonistes eux-mêmes. Comme dans Nous nous sommes tant aimés, défile l’histoire d’une bande de potes qui, malgré les aléas du temps, ne se sera jamais totalement dispersée. Fait unique, tous réussiront en solo, chacun dans son registre. Mais le Splendid, c’est aussi l’histoire de la société française : Mai 68, Club Med, démocratisation des vacances au ski, mémoire de la Résistance…

Au départ, il y a les bancs du lycée Pasteur à Neuilly. Michel Blanc sympathise avec Gérard Jugnot qui connaît Christian Clavier, grand ami de Thierry Lhermitte. Marie-Anne Chazel puis Josiane Balasko se grefferont à la troupe. Le technicien Bruno Moynot montera lui aussi sur scène. Loin du rôle de bourgeois qui deviendra sa marque de fabrique, Clavier est un moment tenté par le Parti communiste avec son compère Lhermitte. “Cela n’a duré que quelques mois”, relativise ce dernier. “On est allé à la fête de l’Huma pour voir les Pink Floyd, on s’est fait embobiner. Christian n’est jamais allé à aucune réunion, mais j’en ai fait deux ou trois. L’ambassade de Chine en plus était à Neuilly. On trouvait que la révolution culturelle, c’était cool. ‘Révolution’ sonnait bien, ‘culturel’ aussi. On n’imaginait pas les dizaines de millions de morts derrière. On était des idiots complets.”

“On n’a jamais été à la mode”

Contrairement à l’image qu’ils ont pu renvoyer, les apprentis comédiens travaillent dur avec une professeure d’art dramatique, Tsilla Chelton (future Tatie Danielle). Avec pour modèle le café de la Gare, ils se lancent dans le café-théâtre. Coluche les prend sous son aile. Quitté par Valérie Mairesse, Lhermitte habite plus d’un an chez lui (“la grosse fête tous les soirs”). Michel Blanc se montre plus sceptique sur la vedette (“il était très généreux mais il avait la générosité des dictateurs”).

La suite est fameuse : la pièce Amours, Coquillages et Crustacés se transforme en Les Bronzés sur grand écran. Les répliques des Bronzés font du ski et du Père Noël est une ordure deviennent cultes. “A l’époque, les gros succès, ce sont les Charlots, Belmondo dans les comédies. Nous avons connu de jolis succès au cinéma pour des inconnus. Mais ce sont vraiment les rediffusions et les cassettes vidéo qui nous ont fait entrer dans la culture populaire. On n’a jamais été à la mode, donc nous ne sommes pas passés de mode”, analyse Thierry Lhermitte. En 2006, les grandes retrouvailles des Bronzés 3 font 10 millions d’entrées. Mais ressusciter un mythe national, c’est forcément décevoir. Blanc détestait le film, Lhermitte le défend toujours : “Ce sont les mêmes beaufs trente ans plus tard, avec les mêmes égoïsmes, les mêmes conneries, mais aussi la même amitié. Avec le temps, je pense que les gens ont pu penser que ce sont des héros. Mais ce sont des imbéciles, de A à Z, et ça nous plaît de jouer ça.”

Le livre s’achève par les commémorations : César anniversaire pour la troupe en 2021 à l’occasion des 40 ans du Splendid Saint-Martin, couverture de Paris Match cette année. Avant le décès de Michel Blanc, l’envie de se réunir à l’écran les titillait à nouveau. “Le problème, c’est l’écriture, souligne Thierry Lhermitte. Soit on écrit tous ensemble, si tant est que tout le monde en a envie. Ou quelqu’un écrit pour nous, mais il faut que ça plaise à tout le monde. En revanche, tourner ensemble, c’est un régal. Il y a une complicité instantanée de personnes qui se connaissent depuis cinquante ans.” La saga n’est peut-être pas finie…

Le Splendid par le Splendid, par Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Bruno Moynot. Le Cherche-Midi, 256 p., 26,50 €.




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