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Colère des agriculteurs : à quoi faut-il s’attendre cette semaine ?


Moins d’un an après un ample mouvement de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d’autoroutes dans le pays, les syndicats agricoles appellent à nouveau leurs troupes à manifester mais en ordre dispersé, à l’approche de leurs élections professionnelles qui se tiennent en janvier. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et son allié Jeunes agriculteurs (JA) ont choisi de relancer la mobilisation ces lundi 18 et mardi 19 novembre.

Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, les syndicats regrettent le retard pris dans la concrétisation des 70 engagements pris l’an dernier par le gouvernement Attal, et jugent les normes toujours aussi complexes et les revenus insuffisants. Si les taxes sur le carburant agricole (GNR) avaient été un des ferments de la mobilisation l’an dernier, c’est l’aboutissement du projet d’accord de libre-échange de l’Union européenne avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), que la Commission européenne souhaite signer avant la fin de l’année, qui pourrait mettre le feu aux poudres cette année. Cet accord permettrait notamment aux pays latino-américains d’écouler plus de bœuf, poulet ou sucre sans droits de douane en Europe. “Nous allons continuer de nous opposer” à l’accord, a assuré ce dimanche Emmanuel Macron, en déplacement en Argentine avant le G20, cherchant à “rassurer les agriculteurs”.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a quant à lui averti qu’il y aurait une “tolérance zéro” en cas de “blocage durable”, avec un déploiement des “forces mobiles”.

Rassemblements devant les préfectures ou sur des ronds-points

Sur le terrain, la mobilisation, qui pourra “durer jusque mi-décembre”, se traduira par des rassemblements devant les préfectures et sur des places ou ronds-points baptisés “de l’Europe”. Ainsi, des adhérents de la FNSEA et des JA prévoient d’occuper symboliquement le “pont de l’Europe” qui relie Strasbourg à la commune allemande de Kehl. À Avignon, France Bleu a également constaté que plusieurs dizaines de tracteurs bloquaient temporairement, ce lundi matin, le pont de l’Europe, entre les départements du Gard et du Vaucluse.

Ces actions sont avant tout symboliques, à l’instar du déversement de déchets vendredi devant le centre des impôts de Tarascon (Bouches-du-Rhône) rebaptisé “ambassade du Brésil”, ou d’un convoi funéraire prévu lundi dans le Gers.

“Feux de la colère” et bâchages de panneaux

Ce lundi soir, des “feux de la colère” seront allumés simultanément dans les départements et, localement, des exploitants continuent de bâcher des panneaux de communes ou les rebaptiser du nom de villes sud-américaines du Mercosur, comme dans la Somme ou le Cantal.

Près de 400 panneaux ont par exemple été déposés devant la préfecture de Haute-Saône.

De rares opérations escargot

Quelques opérations escargot pourraient perturber le trafic automobile, comme en Île-de-France où une manifestation d’agriculteurs est prévue jusqu’à ce lundi 14h, notamment sur la N118 en direction de Paris.

Mais l’objectif de la mobilisation n’est pas de “bloquer” ou “d’ennuyer” les Français mais de faire passer le message selon lequel l’agriculture vit aujourd’hui “une situation d’urgence, dramatique dans certains endroits”, a souligné dimanche le président de la FNSEA Arnaud Rousseau sur BFMTV.

“Si d’autres ont d’autres modes d’action, veulent utiliser la violence ou, comme je l’ai entendu, veulent […] affamer Toulouse, ça n’est pas notre mode d’action”, a-t-il souligné, en référence aux appels de certains responsables de la Coordination rurale (2e syndicat agricole) qui ont proposé ces derniers jours d'”encercler” ou d'”affamer” certaines métropoles.

Vers un blocage du fret alimentaire dans le sud-ouest ?

La Coordination rurale a choisi d’attendre la tenue de son congrès (mardi et mercredi) pour amplifier sa mobilisation. Le syndicat promet “une révolte agricole” avec un “blocage du fret alimentaire” dès mercredi dans le sud-ouest si “aucune avancée” n’est constatée sur le dossier du Mercosur.

Opposée depuis 25 ans aux traités de libre-échange, la Confédération paysanne, 3e force syndicale, a participé à des rassemblements anti-Mercosur à Bruxelles ou en Aveyron, manifestant symboliquement devant le restaurant McDonald’s de Millau que ses militants avaient démonté en 1999.

Cette semaine, la Confédération prévoit d’autres actions pacifiques pour défendre le revenu des paysans, l’accès au foncier mais aussi réclamer un soutien à la transition agro-écologique, contre la logique des syndicats majoritaires qui réclament moins de contraintes environnementales et plus de stockage d’eau.





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