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Après la dissolution, la France perd en séduction, par Eric Chol


La scène se déroule début juin 2024, en marge des cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie. L’amitié transatlantique bat son plein : Emmanuel Macron profite d’une réunion de grands patrons français et américains pour célébrer l’attractivité française, dans la droite ligne du 7e sommet Choose France organisé quelques semaines plus tôt à Versailles. Sourires, applaudissements nourris : quand il s’agit de vendre les mérites de la France, le chef de l’Etat sait faire le job. Et même parfois un peu trop. Car la réunion à peine achevée, il revient devant le même auditoire, pour un ultime message. “Vous pouvez compter sur moi : on ne touchera pas à la fiscalité !” Trois jours plus tard, la liste de la majorité emmenée par Valérie Hayer se prend une claque aux élections européennes, et le président annonce le soir même la dissolution. “Plus jamais, on ne pourra faire confiance à la France”, soupirent les entrepreneurs américains.

Depuis, Emmanuel Macron tente par tous les moyens de justifier son pari risqué : le 25 juillet, il organisait un mini-sommet Choose France à Paris pour rassurer les patrons étrangers en amont des Jeux olympiques. Mais rien n’y fait : la confiance qu’il avait réussi à réinstiller depuis sept ans auprès de la communauté d’affaires dans le pays des 35 heures s’est en partie évaporée, comme le montre le dernier baromètre EY. Incertitude politique, fiscalité mouvante, dépenses publiques non contrôlées : les investisseurs se demandent chaque jour un peu plus de quel côté la pièce française va tomber. “On a clairement quitté une trajectoire bien balisée pour nager en pleine incertitude fiscale”, relève Denis Ferrand, directeur général de Rexecode.

Des “chooseries” aux glousseries

Résultat, les “chooseries” de Versailles ont laissé place aux glousseries de la communauté d’affaires internationale. Celles-ci se payent comptant : projets d’investissements dans l’Hexagone repoussés à plus tard, quand ils ne sont pas purement annulés. La décision du chef de l’Etat serait-elle la seule responsable de ce renversement d’humeur ? Sans doute pas. Dès la fin du premier trimestre – comme le relevait L’Express dans son numéro du 28 mars 2024 – la réindustrialisation commençait à marquer le pas.

Depuis, la prudence s’est transformée en attentisme. Le baromètre Bpifrance Le Lab – Rexecode, réalisé fin octobre, est, à cet égard, révélateur : moins d’une majorité de patrons de PME ou TPE envisagent de maintenir leurs projets d’investissements ou d’embauche. A cette panne française, accélérée depuis la dissolution, vient se greffer un contexte alarmant. Entre le décrochage de la compétitivité européenne, mis en avant dans le rapport Draghi ou les promesses de protectionnisme de Donald Trump, le choix de la France pour construire des usines ou installer un siège social n’est plus une évidence. Avec de nouveaux impôts en 2025 et des réformes mises en berne, il va falloir retravailler les argumentaires pour le prochain sommet de Choose France afin de convaincre les investisseurs étrangers de continuer à venir chez nous. En évitant les fausses promesses.




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