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Avec Donald Trump, la “revanche” de la tech texane sur la Silicon Valley


La Silicon Valley est-elle toujours le lieu de pouvoir de la tech américaine ? Le vent tourne depuis la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle. Son choix de nommer Brendan Carr à la tête de la puissante FCC, le régulateur des télécoms américains, en est un signe sans équivoque. Ce républicain qui a contribué à la rédaction d’un chapitre du polémique “Projet 2025” n’a de cesse d’étriller les stars californiennes.

“Facebook, Google, Apple, Microsoft et d’autres sont des piliers du cartel de la censure”, déclarait-il avant sa nomination officielle, visant agressivement les outils de modération que les plateformes n’ont pourtant que lentement accepté afin de limiter les contenus haineux et la désinformation. Du miel aux oreilles du président qui ne digère pas que les réseaux sociaux de la “Valley” l’aient banni en 2021, après les émeutes du Capitole. A ses yeux, Brendan Carr est un “guerrier de la liberté d’expression”.

La “woke-tech” face à la “bro-tech”

Un fossé se creuse au sein de la tech américaine, jusqu’alors un des rares sujets transpartisans aux Etats-Unis. “D’un côté ce que Donald Trump considère comme la woke-tech californienne, explique Gilles Babinet, co-président du Conseil National du Numérique (CNnum). De l’autre la bro-tech libertarienne au Texas qui prend aujourd’hui sa revanche”.

Si Donald Trump malmène la Silicon Valley, il a en effet donné un rôle de premier plan à Elon Musk, le nouveau magnat du Lone Star State. Ce dernier a pourtant, comme les autres, démarré sa carrière sous le ciel bleu californien et profité de ses généreuses subventions. Mais il se plaît aujourd’hui à en critiquer vertement les orientations.

L’entrepreneur avait déjà déplacé en 2021 le siège de Tesla de Palo Alto au Texas. Il a depuis annoncé le déménagement de ceux de SpaceX et de X, l’ex-Twitter, justifiant sa décision par son opposition à une loi californienne concernant les élèves transgenres. La semaine dernière, il a également porté plainte contre la Californie, afin de bloquer un texte qui impose aux réseaux sociaux de retirer ou étiqueter les deepfakes en période électorale.

Elon Musk n’est pas le seul entrepreneur tech à se tourner vers le conservateur Etat du Texas, historiquement connu pour ses gisements de pétrole. En 2020, une figure historique de la Silicon Valley, Hewlett Packard Enterprise, y a déplacé son siège. Dell et Crowdstrike y ont également le leur. Et Amazon, Apple ou AMD, des bureaux. L’immobilier est, il est vrai, là-bas moins onéreux que dans la “Vallée”.

La Silicon Valley texane

Le Texas avec sa “Silicon Hills” est cependant loin d’avoir la puissance économique de la Silicon Valley. Les données du spécialiste Pitchbook sur les écosystèmes de capital-risque sont sans appel. Entre le troisième trimestre 2018 et le deuxième trimestre 2024, la valeur combinée des transactions, des exit et des levées de fonds à San Francisco était vingt-cinq fois plus élevée qu’à Austin. La ville de la Baie “ne joue pas dans la même ligue que le reste du monde […] Les autres villes des Etats-Unis ou à l’étranger ont du chemin à parcourir avant de la détrôner”, soulignent les auteurs.

Le Texas a également essuyé des revers. Le géant du logiciel Oracle accueilli en grande pompe dans la région en 2020 a, par exemple, annoncé qu’il refaisait ses valises, direction le Tennessee. Avec Elon Musk dans les petits papiers de Donald Trump, la tech texane aura cependant une oreille bienveillante à la Maison-Blanche. Ce sera beaucoup moins le cas des grands noms de la Silicon Valley.

La star OpenAI qui, en septembre encore, tentait de convaincre Washington de l’utilité de bâtir des data centers cyclopéens naviguera sur une ligne de crête après le départ de Joe Biden. Certes, sa supériorité technologique dans l’IA générative fait les affaires des Etats-Unis. Mais Elon Musk nourrit de profonds griefs à son égard. S’il a participé à cofonder cette entité, il en a claqué la porte en 2018. Il ne cesse depuis de critiquer les changements de gouvernance d’OpenAI – qui a ouvert une filiale à but lucratif en 2019. Et affirme fréquemment que ChatGPT est politiquement biaisé en faveur des démocrates.

Trump et Musk étrillent la Silicon Valley

Sam Altman, le PDG d’OpenAI s’en est amusé sur X, le 16 novembre, comparant la réponse de son outil et celle de l’IA rivale de Musk (Grok) à la question “Qui serait le meilleur président pour les Etats-Unis, Trump ou Harris ?”. ChatGPT répond aussitôt qu’il n’a pas “d’opinions personnelles ni le droit de se prononcer en faveur d’un candidat” puis dresse un récapitulatif des mesures proposées par chaque candidat dans différents domaines (Economie, Santé, etc.). L’IA d’Elon Musk, elle, répond sans hésitation que “Kamala Harris ferait un meilleur président”, listant plusieurs arguments en sa faveur. “Rappelez-moi laquelle de ces IA est censée être un outil de propagande de l’extrême gauche ?”, plaisante Sam Altman.

Si Mark Zuckerberg (Meta) et Elon Musk n’ont, quant à eux, jamais organisé leur combat de catch, ils ferraillent régulièrement sur Internet. Le créateur de Facebook avait notamment suggéré que la manière dont Musk gérait X n’était pas “saine”. “Je suis sûr que les Terriens ont très envie de vivre sous l’emprise totale de Zuck, sans aucune autre option”, avait rétorqué ce dernier, se moquant du projet de Meta de lancer un concurrent de X baptisé Threads. Donald Trump ne nourrit pas plus de tendresse à l’endroit de Mark Zuckerberg, qu’il a accusé dans son livre d’avoir “comploté” contre sa réélection. “Nous le surveillons de près et s’il fait quoi que ce soit d’illégal cette fois, il passera le reste de sa vie en prison”, menaçait-il. Même pas besoin de déménager au Texas pour vivre un mauvais épisode de Dallas.




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