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Culte, un making of de Loft story délicieusement scandaleux, par Christophe Donner


Au chapitre “Distribution” de la page Wikipédia consacrée à la série Culte, le nom des acteurs est suivi de celui du personnage qu’il incarne dans la série mais aussi, entre parenthèses, du nom de la personne qui a inspiré le rôle. Par exemple, pour le rôle principal : “Anaïde Rozam, dans le rôle d’Isabelle de Rochechouart, productrice de Loft Story (personnage inspiré d’Alexia Laroche-Joubert)”. On trouve ainsi d’autres célébrités comme Patrick Le Lay (le patron de TF1), Nicolas de Tavernost (le patron de M6), Stéphane Courbit (le producteur de Loft story), Axel Duroux (patron de RTL), John de Mol (fondateur d’Endemol), que du beau monde !

On note aussi avec surprise que Jacques Essebag, autrement dit Arthur (le célèbre présentateur), aurait inspiré deux personnages (un honneur ?). Ces précisions quant aux sources inspirantes des personnages ne figurent pas au générique de Culte, elles seraient inutiles puisque tout au long de la série, le logo de Loft Story apparaît à maintes reprises, comme le nom des chaînes concurrentes, sans parler des extraits de Loft story – avec la vraie Loana et le vrai Jean-Edouard – et des nombreux reportages d’actualité suscités par l’événement national que fut cette téléréalité diffusée presque H24 pendant plus de deux mois, les émeutes anti-loft, les audiences de folie, les procès, les débats, la vraie vie sortant enfin du petit écran dans tous les sens du terme, toute une ambiance insurrectionnelle que la série Culte rend assez bien.

Une sorte de reconstitution d’un making of

Ces panneaux indicateurs balisent les six épisodes de 45 minutes et font de Culte une sorte de reconstitution d’un making of de Loft story. Mais, à la différence de nombreuses séries situées dans le milieu de la politique ou du spectacle, comme la géniale Succession, ou la calamiteuse et so frenchie Dix pour cent, l’originalité de Culte, le détail qui change tout et la rend délicieusement scandaleuse, passionnante, jubilatoire, parce qu’en plus elle est bien jouée, bien tournée et, ce qui ne gâche rien, magnifiquement scénarisée, mais la particularité qui en fera, je n’en doute pas, une série véritablement culte, c’est qu’elle est produite par Alexia Laroche-Joubert en personne. Celle qui a inspiré le rôle principal de Culte, la vraie Alexia, celle que j’ai connue une dizaine d’années avant qu’elle ne devienne cette “Isabelle de Rochechouart” qui a toutes les bonnes idées que ses boss lui piquent sans vergogne.

Elle avait alors une vingtaine d’années, je portraiturais les invités du talk-show hebdomadaire de Canal Jimmy, animé par France Roche dont Alexia était l’assistante. Elle était déjà pleine d’énergie, intelligente et jolie. On s’entendait bien, me semble-t-il. Je ne savais pas, ou j’avais oublié, qu’elle était la belle-fille de Michel Thoulouze qui avait créé et dirigeait la chaîne à l’époque. Ça aide autant que ça oblige. Il est certain que ce détail manque dans le scénario : on ne comprend pas très bien les raisons qui créent autant d’animosité entre Isabelle de Rochechouard et ses parents. Les scénaristes auront cédé aux sirènes de l’imagination, à moins que le courage autobiographique de la productrice ait montré là ses limites.

Quoi qu’il en soit, la grande réussite de Culte reste la love story entre Loana (la seule qui n’ait pas droit à un patronyme de fiction !) et Karim Chedira (supposément inspiré de Benoît Chaigneau, l’animateur télé). Histoire d’amour bouleversante, pimentée par le plaisir inusable de se demander quelle part de réalité elle recouvre.

Certes, Anaïde Rozam, dans le rôle Isabelle de Rochechouart, ressemble à l’originale à un point troublant ; certes les chefs sont unanimement abjects de suffisance et d’immoralité ; certes l’idée même de réaliser une série à partir de Loft story est lumineuse, d’une évidence qui fera date et des petits, mais Alexia Laroche-Joubert ne devrait pas s’en contenter, elle a mieux à faire : continuer avec Loana et cette prodigieuse actrice, Marie Colomb. Avec elle, la vie de Loana raconte le siècle.




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