La présence de troupes nord coréennes en Russie ne fait plus de doute. Selon des estimations du Service national de renseignement de la Corée du Sud, ils seraient 10 000 soldats stationnés à la lisière de la frontière est de l’Ukraine, dans la région de Koursk. Ces militaires “ont été assignés aux brigades de l’air et à la marine de la Russie pour une formation tactique et d’intervention. Il est estimé que certains ont engagé le combat” dans la région frontalière de Koursk, expliquait le 20 novembre Lee Seong-kweun, membre d’une commission parlementaire dédiée au renseignement après un briefing des services de renseignement sud-coréens.

Selon des informations du Wall Street Journal, ces milliers de soldats répondraient aux ordres d’un homme : le général trois étoiles Kim Yong-bok. Très peu connu du grand public jusqu’à son en Russie pour combattre l’Ukraine, il est le plus haut responsable militaire nord-coréen présent sur le territoire russe et fait partie des dix plus importantes figures militaires de la Corée du Nord. Les services de renseignement de Kiev et de Séoul ont récemment confirmé sa présence près du front russe, rapporte le quotidien américain. Officiellement, le colonel Kim Yong-bok est chargé d’intégrer les troupes nord-coréennes avec les Russes, d’absorber des informations sur le champ de bataille et d’établir la conduite à suivre pour les futurs déploiements.

Jusqu’à récemment, l’identité de cet homme, dont l’âge est inconnu selon l’agence NKNews spécialiste de la Corée du Nord, était relativement dissimulée en raison de son rôle à la tête de l’unité des forces spéciales considérée comme la plus importante du monde, avec environ 200 000 hommes. Aussi connue sous le nom de “Storm Corps”, cette unité effectuerait des missions secrètes dans la péninsule coréenne pour parer à l’éventualité d’une guerre dans la zone, a expliqué au Wall Street Journal Jeon Kyung-joo, chercheuse à l’Institut coréen d’analyses de la défense financé par le gouvernement sud-coréen. D’après elle, si la Corée du Nord a commencé à mettre en lumière le colonel général Kim Yong-bok, c’est surtout pour montrer à la Russie qu’une main de confiance a été envoyée pour diriger le déploiement des troupes nord-coréennes. Le journal La Croix indique en outre qu’il fait partie du cercle très restreint de la haute hiérarchie militaire nord-coréenne qui a directement accès à la famille Kim et a même juré de donner sa vie pour la protéger.

Un soutien à moyen long terme

Le colonel général Kim Yong-bok est d’ailleurs devenu un compagnon fréquent du leader nord-coréen, juste après la visite du président russe Vladimir Poutine à Pyongyang en juin, lorsque les deux pays ont convenu d’un pacte de défense mutuelle. Michael Madden, un expert sur le leadership de la Corée du Nord au Stimson Center, un groupe de réflexion basé à Washington, a raconté au Wall Street Journal : “Kim Jong-un a dit aux Russes : ‘J’envoie un de mes meilleurs hommes. Il est assis juste à côté de moi'”. D’après un décompte de l’agence britannique Reuters, le colonel Kim Yong-bok est apparu à sept événements avec le dirigeant nord-coréen cette année.

Toujours selon les informations du Wall Street Journal, Kim Yong-bok ne devrait pas être lui-même mobilisé pour aller combattre. Mais sa présence est significative d’après plusieurs observateurs, et signale l’intérêt de la Corée du Nord à aider la Russie dans les prochaines semaines, voire les prochains mois. D’autant que les forces russes auraient formé les Nord-Coréens à des compétences de première ligne essentielles, telles que l’artillerie, le déblaiement des tranchées et les opérations de drones, a déclaré le département d’État américain la semaine dernière. “Il s’agit d’un déploiement de grande ampleur et presque sans précédent pour l’armée populaire de Corée”, a indiqué Michael Madden, qui estime que le général est en Russie en tant que représentant de Kim Jong-un. “Il y a un certain nombre de tâches administratives et de liaison à accomplir, c’est pourquoi Kim Jong-un a envoyé Kim Yong-bok comme décideur par procuration jusqu’à ce que la présence des unités de l’armée soit pleinement opérationnelle”.

Parmi les autres officiers supérieurs identifiés par l’Ukraine figurent le colonel général Ri Chang-ho, chef adjoint de l’état-major général et chef du Bureau général de reconnaissance, et le général de division Sin Kum-cheol, chef de la direction opérationnelle principale.