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Ce que l’on sait du missile balistique “expérimental” russe tiré vers l’Ukraine


Il s’agit d’une démonstration de force de Vladimir Poutine. Jeudi 21 novembre, l’Ukraine a dénoncé une frappe russe sur la ville de Dnipro. Les autorités ukrainiennes ont d’abord suggéré qu’elle provenait d’un “missile balistique intercontinental sans charge nucléaire”. Une information corrigée par un haut responsable américain, qui a ensuite décrit un missile “expérimental de moyenne portée”. Tandis que plus tard dans la journée, le président russe Vladimir Poutine a revendiqué le tir d’un nouveau missile moyenne portée. “Nos ingénieurs l’ont appelé ‘Orechnik'”. L’Express fait le point sur les dernières informations à propos de ce “nouveau” missile.

Une nouvelle version du RS-26 Rubezh ?

Le nouveau missile était expérimental et la Russie n’en possédait probablement qu’une poignée, ont déclaré des responsables américains, rapporte The Guardian. Selon les premières observations des experts, le missile a été tiré avec une ogive conventionnelle, mais il semblerait que Moscou puisse le modifier. “Il pourrait être réaménagé pour transporter différents types d’ogives conventionnelles ou nucléaires”, a déclaré la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh. Ce type de missile, régulièrement testé par la Russie, est plus connu sous le nom de MIRV (Multiple Independently-targetable Reentry Vehicle). L’arme transporte une série d’ogives pouvant chacune cibler un emplacement spécifique, permettant à un missile balistique de lancer une attaque plus importante.

L’armée américaine a par ailleurs déclaré que la conception du missile russe était basée sur la conception du missile balistique intercontinental (ICBM) russe à longue portée RS-26 Rubezh, dont le développement avait été arrêté en 2018. “On ne sait pas encore ce que c’est”, a écrit sur son compte X Fabien Hoffman, spécialiste de la guerre et chercheur dans le programme sur le nucléaire de l’université d’Oslo. “Je serais surpris que la Russie parvienne à fabriquer (un tel engin) sans s’appuyer au moins à 90 % sur des conceptions existantes et sans cannibaliser les pièces du RS-26 (ou un autre missile)”. Nick Brown, de la société de renseignement privée britannique Janes, soulignait de son côté auprès de l’AFP que l’abandon du développement du RS-26 “n’a jamais été officiellement confirmé et qu’il a pu se poursuivre sous les radars”. Quitte à lui donner un nouveau nom, méthode fréquente dans le monde de l’industrie de guerre, dès qu’un nouveau développement apparaît.

Une portée théoriquement inférieure à 5 000 kilomètres

Des sources américaines et britanniques ont indiqué que le missile tiré sur le Dnipro était selon elles un missile balistique expérimental à capacité nucléaire et à portée intermédiaire (IRBM), dont la portée théorique est inférieure à 5 500 kilomètres. D’où il a été tiré, dans le sud-ouest de la Russie, cela suffit pour atteindre l’ouest de l’Europe, mais pas les États-Unis, note The Guardian. Selon le Centre pour le contrôle des armements et la non-prolifération, un missile de moyenne portée peut parcourir entre 1 000 et 3 000 kilomètres, signale la chaîne américaine CNN.

En l’occurrence, le missile a parcouru 700 kilomètres entre l’oblast d’Astrakhan d’où il a été tiré et Dnipro. Selon The Kyiv Independant, une entreprise industrielle a été endommagée et deux incendies se sont déclarés dans la ville. Un centre de réadaptation pour personnes handicapées a été endommagé lors de l’attaque. Tom Karako, directeur du projet de défense antimissile au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), a affirmé auprès de CNN qu’il s’agissait probablement de la première fois qu’un MIRV était utilisé au combat. Un nouveau tournant dans la guerre ? Ce missile “ne changera ni le cours du conflit ni la détermination des alliés de l’Otan à soutenir l’Ukraine”, a affirmé jeudi une porte-parole de l’Alliance atlantique. Son utilisation intervient en tout cas alors que la guerre en Ukraine, qui a marqué mardi son 1000e jour, semble entrer dans une nouvelle phase plus dangereuse, après que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont accepté en début de semaine que l’Ukraine utilise leurs missiles longue portée pour frapper le territoire russe.




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