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Dépression, idées suicidaires… L’inquiétante dégradation de la santé mentale des jeunes en 2024


Le chiffre est particulièrement alarmant : en 2024, la proportion de jeunes ayant déjà eu des pensées suicidaires atteint 23 %, soit quasiment un jeune sur quatre, révèle une enquête de l’Ifop, publiée ce jeudi 21 novembre. Sur la tranche plus précise des jeunes adultes (18-24 ans) c’est 13 %, contre 3,3 % selon une étude de Santé publique France en 2014. Commandée par l’entreprise de coaching en santé mentale pour les jeunes “IAMSTRONG”, cette étude par questionnaire auto-administré a été réalisée du 1er au 9 octobre 2024 auprès d’un échantillon de 1 303 jeunes, représentatif de la population vivant en France métropolitaine.

Ces pensées suicidaires sont souvent liées à une dépression. Ils sont en effet presque un jeune sur deux âgés de 11 à 24 ans à avoir vécu un épisode dépressif d’au moins deux semaines, “confirmant par-là l’explosion des épisodes dépressifs caractérisés observée chez les 18-24 ans en 2021 par Santé Publique France”, souligne IAMSTRONG. Conséquence de l’aggravation de leur état psychologique, 16 % des jeunes ont déjà pris des antidépresseurs au cours de leur vie, et 7 % au cours de la dernière année.

Les jeunes femmes plus touchées

On constate un écart conséquent entre la santé mentale des jeunes femmes et celles des garçons. 27 % des filles interrogées déclarent ainsi avoir eu des pensées suicidaires, contre 18 % des garçons. Elles sont donc plus vulnérables, “les marques de détresse psychologique allant souvent de pair avec un regard très négatif sur soi-même”, précise l’étude. Les jeunes femmes sont aussi plus sujettes à l’anxiété, 68 % en souffrent, contre 51 % chez les garçons.

Le niveau de stress est notamment “plus fort dans les rangs des femmes, et notamment des étudiantes”, pointe l’enquête. En effet, les trois quarts d’entre elles indiquent être stressées, contre six hommes sur dix du même âge. Un mal-être qui là encore est plus concret chez les jeunes femmes, à travers “une envie de tout abandonner (32 % contre 17 % des hommes), un sentiment de solitude plus élevé (55 % contre 45 % des hommes) et un plus fort écœurement à l’égard de la société environnante (68 % contre 49 %)”.

Pression académique et standard des réseaux sociaux

Parmi les raisons évoquées par les jeunes, le manque d’estime de soi sur le plan physique est très présent (les pensées suicidaires sont trois fois plus présentes chez les jeunes qui ne se trouvent pas beau/belle).

De nombreux élèves assument également avoir peur “de l’échec” – sentiment éprouvé par 62 % des élèves, dont 93 % chez ceux ayant eu récemment des pensées suicidaires. “La pression académique et l’exposition constante aux réseaux sociaux, où la comparaison avec des standards souvent inaccessibles est omniprésente, accentuent ces insécurités”, juge ainsi Erika Seydoux, coach et cofondatrice de IAMSTRONG.

Une génération pourtant moins fataliste

Le désenchantement à l’égard du monde, alimenté par les crises environnementale et sanitaire et par les guerres, est plus répandu chez les jeunes que chez les adultes plus âgés aujourd’hui. Pourtant il n’est pas pour autant plus élevé que celui observé chez leurs aînés il y a une cinquantaine d’années : 57 % des adolescents de 14 à 15 ans se disent aujourd’hui “écœurés par ce qu’ils voient autour d’eux”, soit nettement moins qu’il y a 50 ans (70 % en 1973) dans un contexte post-soixante-huitard.

Ce ressentiment tout de même toujours très présent “n’en fait pas pour autant une génération fataliste”, souligne l’étude. Au contraire, la tentation de baisser les bras et de tout abandonner affecte en 2024 à peine plus d’un quart des jeunes âgés de 14 à 15 ans, contre plus d’un tiers il y a une cinquantaine d’années.

Malgré ce chiffre encourageant, la psychologue Anne Claire Pracomtal, cofondatrice d’IAMSTRONG, sonne l’alerte. “Ces chiffres alarmants traduisent une souffrance profonde chez les jeunes, exacerbée par la pression des réseaux sociaux et l’isolement. Il est urgent de renforcer l’accompagnement en santé mentale dès le plus jeune âge pour développer des outils de résilience et de gestion des émotions”.




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