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Guerre en Ukraine : ce “trafic” de Yéménites envoyés combattre pour la Russie


Après des soldats nord-coréens, indiens ou encore népalais envoyés sur le front en Ukraine par la Russie, voici désormais des preuves et des témoignages quasi irréfutables que des Yéménites combattraient dans les rangs russes. Le Financial Times a révélé ce dimanche 24 novembre que plusieurs centaines d’hommes venant du Yémen avaient été recrutés contre leur gré pour rejoindre l’armée russe, et servir de chair à canon pour l’invasion de l’Ukraine lancée par Vladimir Poutine.

Cette opération, que le Financial Times n’hésite pas à qualifier de “trafic d’être humains”, se base sur un “mensonge”, profitant de la misère de très nombreux Yéménites. Le quotidien britannique a ainsi récolté le témoignage de plusieurs recrues venues du Yémen et ayant servi dans les rangs russes. Alors qu’on leur promettait dans leur pays un emploi bien rémunéré dans la “sécurité” ou “l’ingénierie”, et même la citoyenneté russe, la réalité devient tout autre une fois le pied posé sur le sol russe. Avec un enrôlement de force dans l’armée de Vladimir Poutine, par des méthodes particulièrement brutales.

“J’ai signé parce que j’avais peur”

Un homme, arrivé en Russie le 18 septembre dernier, raconte ainsi auprès du FT comment il s’est retrouvé pistolet braqué sur sa tempe alors qu’il refusait de signer le contrat d’enrôlement auprès de l’armée de Moscou, écrit en russe et qu’il ne pouvait évidemment pas lire. “J’ai signé parce que j’avais peur”, raconte-t-il, affirmant ensuite avoir été transféré dans une base militaire près de Rostov, tout proche de la frontière ukrainienne. Toujours selon cet homme, finalement autorisé à quitter la Russie début novembre, la grande partie des Yéménites arrivés en Russie, pour la plupart sans aucune expérience du combat, seraient depuis morts.

Les chances de survie de ces soldats, envoyés sur le front sans aucun vêtement d’hiver, avec une formation militaire rudimentaire et sur un terrain de guerre qu’ils ne connaissent en rien, sont évidemment minimes. Mais ces témoignages montrent la nécessité absolue de Vladimir Poutine de garnir les rangs de son armée pour accomplir les tâches les plus risquées, alors que le nombre de victimes ne fait que grimper et que le Kremlin cherche à éviter une impopulaire mobilisation générale. Quitte à utiliser toutes les méthodes possibles pour tromper et recruter des soldats à l’étranger, notamment avec l’arrivée inquiétante de plusieurs milliers de soldats nord-coréens.

Une proximité entre la Russie et les rebelles houthistes

Cette opération est loin d’être organisée clandestinement par quelques trafiquants anonymes. Derrière l’entreprise – domiciliée à Oman – par laquelle sont débauchés les futurs combattants à envoyer en Ukraine, on retrouve un certain Abdulwali Abdo Hassan al-Jabri, un homme politique yéménite de premier plan, allié au régime houthiste. Le recrutement aurait débuté début juillet, affirme le Financial Times.

Tout ce système témoigne également du rapprochement toujours plus fort entre la Russie et l’Iran. Les rebelles houthistes, très proches de Téhéran, se sont notamment fait connaître du monde entier pour leurs attaques en mer Rouge contre les navires commerciaux au nom de leur soutien au Hamas. Mohammed al Bukhaiti, membre du bureau politique du groupe chiite, avait affirmé début novembre au média indépendant russe Meduza que les Houthis étaient en “contact permanent” avec les dirigeants russes “pour développer des relations dans tous les domaines, y compris l’économie, la politique et l’armée”.

Cette collaboration est également réciproque. En échange de ces soldats recrutés pour être envoyés sur le front ukrainien, la Russie serait en discussion avec le groupe yéménite pour des transferts d’armes au Proche-Orient. Et ce, alors qu’il a déjà été démontré que Moscou a aidé les houthistes à attaquer des navires occidentaux en leur fournissant des données satellites. “Nous savons qu’il y a du personnel russe à Sanaa (NDLR : la capitale du Yémen, contrôlée par le groupe chiite) qui aide à approfondir ce dialogue. […] Le type d’armes dont il est question est très inquiétant, et permettrait aux houthistes de mieux cibler les navires en mer Rouge et peut-être au-delà”, a affirmé auprès du FT l’envoyé spécial des Etats-Unis au Yémen, Tim Lenderking. Alors qu’un grand nombre d’armes russes sophistiquées se trouvent également entre les mains du Hezbollah au Liban, nul doute que la Russie tient également son rôle dans l’escalade au Proche-Orient.




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