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En Chine, la corruption dans l’armée n’en finit pas d’embarrasser Xi Jinping


“Des spéculations”, a répondu mercredi 27 novembre la porte-parole du Ministère des affaires étrangères chinoise, Mao Ning, aux informations du Financial Times, selon lesquelles le ministre de la Défense chinois ferait l’objet d’une enquête pour corruption. Le journal britannique cite des responsables américains actuels et plus anciens, tous familiers de l’affaire, et affirme que le ministre Dong Jun “fait l’objet d’une investigation plus large pour exposer la corruption dans l’Armée populaire de libération (APL)”. Si l’information est confirmée, Dong Jun serait le troisième ministre chinois de la Défense consécutif à tomber sous le coup d’une enquête pour corruption.

Ancien commandant au sein de la marine, Dong Jun a été nommé ministre de la Défense en décembre 2023 après l’éviction soudaine de son prédécesseur Li Shangfu, sept mois seulement après son entrée en fonction. À l’époque déjà, c’est le Financial Times qui rapportait que “les responsables américains soupçonnaient Li de faire l’objet d’une enquête pour corruption”. Li Shangfu a par la suite été exclu du Parti communiste chinois, et accusé d’avoir “reçu d’énormes sommes d’argent”, selon la télévision d’Etat. Il n’a depuis plus été aperçu en public. Son propre prédécesseur, Wei Fenghe, lui aussi soupçonné de corruption, a également été écarté du parti.

Vaste enquête au sein de l’Armée populaire de Libération

Aujourd’hui, les sources du Financial Times affirment que Xi Jinping a ordonné “une vague d’enquêtes au sein de l’APL”, qui aurait conduit à l’inculpation de l’actuel ministre de la Défense Dong Jun. “La nature des accusations de corruption dont il fait l’objet n’est pas claire”, précise le journal. Le tout arrive après un évènement qui n’a pas joué en faveur de Dong Jun sur la scène internationale. Quelques jours après une rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping au forum de coopération économique Asie Pacifique – réunion durant laquelle les chefs d’Etats ont tous deux réaffirmé la volonté de leur pays de maintenir des communications militaires directes – Dong Jun a tout récemment refusé de rencontrer le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, présent au même moment que lui au Laos.

Selon un ancien analyste de haut niveau de la CIA en Chine, Christopher Johnson, ce dernier développement est de nature à provoquer l’inquiétude sur la manière dont la Chine choisit ses ministres de La Défense. “Les responsables militaires de Xi Jinping lui ont assuré que le processus de sélection était sans faille après une recherche de quatre mois. Xi Jinging doit donc se demander quel secteur de l’APL n’est pas corrompu”. “C’est un choc… On pouvait imaginer qu’ils allaient être particulièrement vigilants pour nommer quelqu’un d’irréprochable à ce poste”, explique également à l’AFP Dylan Loh, professeur adjoint à l’Université de technologie de Nanyang à Singapour.

Le président chinois Xi Jinping mène depuis son arrivée au pouvoir, il y a un peu plus de dix ans, une vaste campagne de répression de la corruption chez les fonctionnaires, qui s’est élargie à l’armée. Ses détracteurs estiment qu’elle lui sert à éliminer ses rivaux sur le plan politique. Début novembre, le dirigeant a ordonné à l’armée d'”enquêter sur la corruption et les tendances malsaines parmi les officiers et les soldats, et d’y remédier”.

Quand Xi Jinping ne fait plus confiance à son armée

Le renforcement de cette campagne est en partie motivé par la crainte que la corruption n’affecte la capacité de l’armée chinoise à mener une guerre. D’après le Financial Times, “des officiers et des responsables militaires américains ont suggéré que les enquêtes sur l’APL sapaient la confiance de Xi Jinping dans son armée et soulevaient des questions quant à sa capacité à envahir Taïwan d’ici 2027 – un objectif fixé par le président chinois”.

Au cœur de la tempête se trouve la Rocket Force, un département ultrasecret responsable de l’arsenal chinois de missiles stratégiques conventionnels et nucléaires chinois. En juillet, un de ses hauts responsables, Sun Jinming, a lui aussi été visé par une enquête pour corruption. Selon l’agence de presse officielle Chine Nouvelle, il a été expulsé du Parti pour “violations graves de la discipline du Parti et des lois”, une formule couramment employée pour évoquer des faits de corruption. Au moins deux autres officiers de haut rang liés à la même unité ont également été limogés pour corruption. Sun Jinming “avait probablement la main sur des dizaines de milliards de dollars de marchés publics chaque année”, affirme à l’AFP Victor Shih, expert politique spécialiste de l’élite dirigeante chinoise. “La concurrence pour les postes de haut niveau est si féroce qu’il pourrait y avoir des accusations mutuelles entre officiers, entraînant des cycles sans fin d’arrestations, de nouvelles nominations et d’accusations”, conclut l’analyste.




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