Il s’agirait d’une première dans de telles circonstances. D’après une information de Politico depuis relayée par les principaux titres de la presse américaine, Joe Biden réfléchirait à prononcer des grâces préventives en faveur de plusieurs figures dans le viseur du président élu début novembre, Donald Trump. Visé par de multiples procédures judiciaires ces dernières années, le milliardaire républicain a prévenu tout au long de sa campagne qu’en cas de victoire, “[sa] vengeance serait un succès”. Dans son collimateur, selon plusieurs conseillers de la Maison-Blanche ? Toute une série de personnalités qui se sont opposées à lui depuis sa défaite de 2020, tant au tribunal qu’au niveau politique.
La décision d’accorder des grâces préventives n’est pour le moment pas entérinée par Joe Biden et son entourage, mais l’hypothèse est bel et bien sérieusement envisagée. Une annonce qui interviendrait juste après l’annonce d’une autre grâce le 1er décembre dernier : celle de son propre fils, Hunter Biden. Reconnu coupable dans deux affaires de détention illégale d’arme et de fraude fiscale, il a été gracié par son père sur une période de dix ans, c’est-à-dire depuis 2014. Autrement dit, l’ensemble des charges contre lui, mais aussi les possibles poursuites qu’il aurait pu connaître dans le cadre de potentielles autres enquêtes, seront donc abandonnées ou impossibles à mettre en œuvre. Donald Trump a d’ailleurs profité de cette initiative de Joe Biden pour réclamer sa propre grâce dans l’affaire Stormy Daniels, pour laquelle il a été reconnu coupable de paiements dissimulés.
Le Dr Anthony Fauci pourrait recevoir une grâce préventive
L’annonce d’une protection de cette nature serait donc une hypothèse envisagée par l’administration Biden afin de protéger les responsables qui pourraient être mises en cause par Donald Trump. Dans le détail, le New York Times évoque plusieurs noms qui pourraient bénéficier de cette mesure. L’ancien conseiller médical de la Maison-Blanche, le docteur Anthony Fauci, fait partie de cette liste. Dans un ouvrage publié en 2021, il avait durement critiqué la gestion de la pandémie de Covid-19 opérée par Donald Trump lors de son premier passage à la Maison-Blanche. L’ex-élue républicaine Liz Cheney, d’abord soutien de Donald Trump, avait été l’une des membres du Grand Old Party à soutenir la procédure d’impeachment contre lui pour son rôle dans l’assaut du Capitole en 2021. Elle avait appelé avant l’élection de novembre à voter pour Kamala Harris.
L’ancien procureur spécial Jack Smith, qui avait inculpé Donald Trump pour tentatives illégales d’inverser les résultats de l’élection de 2020 avant d’abandonner les poursuites, ainsi que l’élu démocrate la Chambre des représentants Adam Schiff, ennemi juré du milliardaire, seraient également pressentis pour obtenir une possible grâce préemptée. Ce dernier, très influent dans le camp du président Biden, a toutefois mis en garde contre la mise en œuvre de cette idée, qu’il estime mauvaise. “J’ai davantage confiance dans notre système de justice, qui est capable de canaliser les potentiels abus de pouvoir du président élu”, a-t-il assuré cette semaine, selon des propos rapportés par le Washington Post.
Les inquiétudes sur le sujet se sont amplifiées depuis la victoire de Donald Trump, il y a un mois, et l’annonce de sa prochaine administration. Et pour cause : il a nommé au ministère de la Justice plusieurs de ses proches, à commencer par certains de ses propres avocats. Si le controversé Matt Gaetz a finalement renoncé au poste d’attorney general, la future politique menée par celle qu’il l’a supplanté, Pam Bondi, suscite aussi des craintes. La nomination, jeudi 5 décembre, de Kash Patel à la tête du FBI n’est pas non plus de nature à rassurer. Cet homme est une figure du mouvement complotiste QAnon, dont l’idéologie fait croire à ses sympathisants que Donald Trump lutterait en réalité contre une prétendue conspiration de pédophiles satanistes.
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