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Réouverture de Notre-Dame : les raisons cachées derrière la présence de Donald Trump

Donald Trump n’est pas encore président – il le deviendra officiellement le 20 janvier – mais samedi, il sera bien à Paris lors de la cérémonie de réouverture de Notre Dame tandis que Joe Biden, absent, sera représenté par sa femme Jill. Une chose est sûre : en prenant l’initiative d’inviter le président élu à Paris ce week-end, Emmanuel Macron a placé les services du protocole dans une situation délicate. Chacun observera quelle solution aura été mise en œuvre pour limiter au maximum les interactions entre l’actuelle première dame et le futur président – qui se déteste cordialement. “Un voyage officiel, c’est toujours compliqué, dit-on du côté de l’ambassade américaine. Alors deux voyages, ça l’est deux fois plus. Mais, rassure-t-on, les préparatifs se passent bien.”

Pour Emmanuel Macron, les choses sont plus simples. Il veut restaurer sa relation à Donald Trump, qui a connu des hauts et des bas. Après la présidentielle du 5 novembre, il fut le premier à se précipiter pour féliciter son homologue américain de sa victoire, prenant de vitesse les autres chefs d’Etat européens. Pour cultiver le lien historique entre la France et les Etats-Unis, tous les moyens sont bons. D’autant que – Macron le sait – la France ne pèse aujourd’hui moins qu’hier. Ce qui est fâcheux dans le contexte international troublé du moment. Heureusement, pour exister, le président tricolore peut compter sur un allié de poids : le patrimoine français. Que les Américains adorent. Et qui confère à l’hexagone un “soft power” très utile.

Notre-Dame de Paris le 29 novembre 2024

En 2018, fraîchement élu, Emmanuel Macron s’était empressé d’inviter Donald et Melania à Paris, en sortant le grand jeu : un dîner à quatre à la Tour Eiffel avec Donald, Melania et Brigitte ; et défilé militaire sur les Champs-Elysées qui avait fortement impressionné Donald. La preuve ? Celui-ci s’était mis en tête d’organiser une parade militaire à Washington, sur le modèle français. Un projet resté sans suite en raison de la réticence des généraux américains. Avec la renaissance de Notre-Dame, le président français tient à nouveau un moyen d’éblouir l’Amérique quatre mois seulement après la clôture des Jeux olympiques.

Toujours désireux d’être sous le feu des projecteurs, Trump n’allait pas laisser passer une si belle occasion d’éclipser Biden. “Sa présence à Notre-Dame, plus célèbre édifice catholique avec la basilique Saint-Pierre, symbolise pour le président élu son retour au centre du jeu”, explique à L’Express Bill O’Reilly, ancien intervieweur vedette de Fox News qui parle régulièrement au président. “Son second mandat sera très différent du premier, prédit-il. Il veut replacer les Etats-Unis au centre du jeu en se positionnant comme le leader du monde libre et, symboliquement, cela commence à Paris, parmi des dizaines de chefs d’Etat.”

Les couples Macron et Trump dînent au resturant Jules Verne, installé dans la Tour Eiffel, le 13 juillet 2017

Mais il y a une autre dimension à sa présence. Aussi étonnant que cela paraisse, la présence de Trump à Notre-Dame revêt un caractère religieux. “Peu de gens savent que Donald Trump apprécie la compagnie des catholiques”, remarque le journaliste britannique Edwart Pentin, expert de l’Église catholique, du Vatican et du Pape. De fait, il y en a beaucoup autour de lui, depuis le vice-président élu J.D. Vance jusqu’au futur Secrétaire d’Etat (ministre des Affaires étrangères) Marco Rubio en passant par Robert Kennedy Jr., Steve Bannon ou encore Chris Ruddy, le patron du média conservateur Newsmax. “Avant l’élection, relève le journaliste auteur de The Next Pope (le prochain Pape), Trump a tweeté plusieurs messages sur le réseau Truth Social à l’intention des catholiques.” Sur l’un d’eux, on lisait simplement “Gloire à Marie” tandis qu’un autre évoquait le martyr du Père Jerzy Popieluszko. Proche du syndicat Solidarnosc, ce prêtre fut assassiné en 1984 par le régime communiste en place à Varsovie à l’époque du Rideau de Fer.

“Croyance en la primauté de la civilisation occidentale et de la foi chrétienne”

Trump cultive depuis longtemps ses réseaux “cathos”. En octobre dernier, par exemple, il participe au traditionnel dîner de gala “Al Smith Dinner”, à New York – un événement organisé par l’Alfred E. Smith Memorial Foundation qui sert à collecter des fonds pour des organisations caritatives catholiques en faveur des enfants défavorisés dans l’archidiocèse de New York. Très à l’aise en smoking et nœud papillon, il est alors interrogé sur scène par un journaliste catholique sur l’avortement, l’arrêt de la Cour suprême Roe v. Wade, les fécondations in vitro, ou “FIV”.

Egalement invitée, la démocrate Kamala Harris, elle, choisit curieusement de snober ce dîner auxquels participent habituellement les candidats à la présidentielle. Pendant ce temps-là, Donald Trump – dont les meetings de campagne s’ouvrent sur l’air de l’Ave Maria – multiplie les signaux en direction de la communauté catholique. Et ne manque pas une occasion de rappeler qu’il a rencontré le Pape François (c’était en 2017). Kamala Harris, elle, ne peut en dire autant. A ce jour, elle jamais été reçue en audience auprès du Souverain pontife. Ceci explique peut-être cela : le 5 novembre, Donald Trump devance de beaucoup son adversaire dans tous les “swing states” parmi l’électorat catholique.

“La présence du président Trump à Notre-Dame n’est pas surprenante ; elle est au contraire toute naturelle, insiste auprès de L’Express le très croyant Chris Ruddy, patron catholique du média Newsmax et ami personnel du 47e du chef de l’Etat américain. Trump entretient depuis longtemps des liens étroits avec l’Église catholique ; Melania est catholique et tous ses enfants ont été élevés dans la foi catholique.” Sa fille aînée Ivanka s’est toutefois convertie au judaïsme et observe scrupuleusement le shabbat avec son mari Jared Kushner. En insistant sur le bon score du président parmi l’électorat catholique, le magnat des médias Chris Ruddy conclut : “Sa présence à Notre-Dame de Paris correspond aussi à sa “croyance en la primauté de la civilisation occidentale et de la foi chrétienne.”

Il faut savoir que l’attachement des Américains à Notre-Dame se mesure aussi en espèces sonnantes et trébuchantes. “Après les Français, les Américains ont été de loin les plus gros donateurs pour la restauration de la cathédrale”, déclare Michel Picaud, président des Amis de Notre-Dame de Paris. La renaissance de ce monument cher aux Américains doit beaucoup à l’avalanche de dons, de 10 dollars à 10 millions de dollars, venus d’outre-atlantique. Interrogée par l’AFP, la professeure d’art et d’architecture médiévale à l’université UCLA de Los Angeles Meredith Cohen, explique pour sa part : “Les Américains aiment aussi Victor Hugo, qui a rendu Notre-Dame célèbre par ses livres et ses écrits sur la ville, ainsi que par sa description saisissante du Paris révolutionnaire dans Les Misérables, qui a connu un énorme succès à Broadway et au cinéma.”

Or une partie de donateurs sont précisément des riches électeurs de Donald Trump, parfois membre de son club privé Mar-a-Lago, à Palm Beach en Floride. “Voir mon ami Donald Trump dans la cathédrale Notre-Dame, c’est merveilleux”, s’enthousiasme, à Miami, l’ex-ambassadrice Robin Bernstein, une proche de Trump aujourd’hui membre du club Mar-a-Lago. Quelle belle image juste avant Noël !”, ajoute cette francophone qui chérit l’amitié franco-américaine. “Notre-Dame, transcende les religions, dit encore cette femme de confession juive. Cette cathédrale, c’est comme notre Statue de la Liberté ou votre Tour Eiffel. Elle est la France bien sûr mais elle est aussi universelle. Notre-Dame, c’est donc un peu, aussi, l’Amérique !”




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