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Chute de Bachar el-Assad en Syrie : ce que renferme la terrible prison de Sednaya


“Fin de la tyrannie à la prison de Sednaya.” C’est ce qu’a écrit, ce lundi 8 décembre sur Telegram, le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Cham (HTC), à la tête de la coalition de rebelles en Syrie qui a chassé Bachar el-Assad du pouvoir. “Les portes de la prison de Sednaya, connue comme étant l”abattoir humain’, ont été ouvertes pour les milliers de détenus”, a confirmé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Selon un reporter du Washington Post basé en Irak, des listes de noms censés être ceux des personnes libérées ont été partagées par des militants sur les réseaux sociaux dimanche, et “certaines publications sur Facebook montraient des hommes au crâne rasé, censés avoir été libérés de Sednaya, accompagnés de numéros de téléphone à appeler par leurs proches.”

Dans la foulée, le groupe civil de secours des Casques blancs a entamé d’intenses fouilles dans la prison de Sednaya, à la recherche de “cellules souterraines cachées qui contiendraient des détenus”. Il a précisé y avoir déployé “des unités de recherche et de sauvetage, des spécialistes de l’abattage des murs, des équipes chargées d’ouvrir les portes en fer, des unités canines entraînées et des intervenants médicaux”.

“Il y a des centaines, peut-être des milliers de prisonniers retenus deux ou trois étages sous terre, derrière des verrous électroniques et des portes hermétiques”, a prévenu auprès de l’AFP Charles Lister, du Middle East Institute.

Un “abattoir humain”, selon Amnesty International

Dans un rapport publié en 2017 et basé sur 84 témoignages, dont des anciens responsables ou gardiens de la prison de Sednaya, des anciens détenus, juges et avocats, ainsi que des experts nationaux et internationaux de la détention en Syrie, l’ONG Amnesty International recensait des milliers d’exécutions et dénonçait “une véritable politique d’extermination” à Sednaya, qu’elle qualifie d'”abattoir humain”.

Amnesty expliquait alors que “jusqu’à 50 personnes peuvent être pendues en une seule nuit”, et que les familles des victimes “ne sont pas informées du sort qui leur a été réservé”. Les témoignages recueillis faisaient état de tortures et de viols. L’ONG estimait que tout était fait pour “humilier, dégrader, rendre malade, affamer et au final tuer ceux qui s’y trouvent enfermés”.

“Chambre à sel” pour stocker les cadavres

Plus récemment, en 2022, un rapport publié par l’association des détenus et des personnes disparues de la prison de Sednaya (ADMSP) évoquait la présence dans la prison d’une “chambre à sel”, créée après 2011. Le sol y était recouvert “d’environ 20 à 30 cm de sel”, et “les corps des détenus placés avec un numéro inscrit sur leur front et sous une couche de sel” pendant au moins 48 heures, avant d’être transférés dans un hôpital pour réaliser le certificat de décès.

Le rapport remarquait que l’usage de la torture s’était intensifié après 2013, et estimait qu’entre 2011 et 2018, “30 000 à 35 000 détenus de Sednaya ont été exécutés ou sont morts de tortures systématiques, d’un manque de soins médicaux ou de faim.”

Depuis le début de la “révolution” en 2011, plus de 100 000 personnes ont péri dans les prisons syriennes, notamment sous la torture, estimait l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) en 2022. A la même époque, l’OSDH rapportait qu’environ 30 000 personnes avaient été détenues à Sednaya. Et seulement 6 000 d’entre elles avaient été relâchées.




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