Il n’est pas encore investi, mais Donald Trump, qui ne sera officiellement président que le 20 janvier 2025, est déjà sur tous les fronts diplomatiques, rompant avec une tradition bien établie selon laquelle il y a un seul président des Etats-Unis à la fois. Mais le prochain locataire de la Maison-Blanche n’en a cure et s’immisce ouvertement dans la politique étrangère du pays, à coups de posts sur sa plateforme Truth Social, plaçant l’administration de Joe Biden sortante dans une position délicate.
Donald Trump a fait son grand retour sur la scène internationale en se rendant ce week-end à Paris, pour assister à la réouverture de la cathédrale de Notre-Dame, son premier déplacement à l’étranger depuis sa victoire à la présidentielle du 5 novembre. Il en a profité pour rencontrer les présidents français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky, qui fait pression sur lui pour qu’il continue d’aider son pays en temps de guerre, comme le note The Wall Street Journal. Alors que Donald Trump s’est adressé à des journalistes pour évoquer l’Ukraine et a écrit en ligne ce qu’il pensait des intérêts américains en Syrie — en disant “ce n’est pas notre combat” —, Joe Biden n’a fait aucune apparition publique samedi et a attendu dimanche pour commenter la situation en Syrie, relève le quotidien économique new yorkais.
Une timidité de l’administration Biden critiquée par certains démocrates. “Nous devrions être moins entravés et plus stimulés. Nous devrions faire entendre notre voix”, a déclaré le gouverneur démocrate de Washington, Jay Inslee, auprès du Wall Street Journal. Pour certains démocrates, Joe Biden est ainsi en train de perdre la période de transition.
“Passer à l’après Biden”
Avant son déplacement en France, Donald Trump a par ailleurs reçu nombre de dirigeants étrangers chez lui à Mar-a-Lago, en Floride, dont le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte. Le milliardaire se serait même entretenu au téléphone, selon le Washington Post, avec Vladimir Poutine, ce qu’il s’est refusé à confirmer. Il a également dîné avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau, toujours dans sa résidence.
C’est “peut-être inhabituel” par rapport à ce que d’autres présidents élus ont pu faire pendant la période de transition du pouvoir, “mais c’est tout à fait conforme à sa propre conduite par le passé”, commente pour l’AFP Brian Finucane, spécialiste de la politique étrangère américaine à l’International Crisis Group. “Il s’agit moins de lier les mains de l’administration Biden que de compromettre ses efforts”, ajoute-t-il, tout en relevant l’existence de contacts entre l’équipe Biden et celle de Trump, dont le futur conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz. Pour Colin Clarke, directeur de recherche au Soufan Group, “il n’est pas du tout surprenant que Trump cherche déjà à jouer au président fantôme”, d’autant que “la plupart des autres dirigeants du monde sont prêts à passer à l’après-Biden et à commencer à essayer de comprendre comment faire face à l’arrivée de l’administration Trump”.
Néanmoins, la présence discrète de Joe Biden contraste avec la façon dont le président Barack Obama avait géré la première victoire électorale de Donald Trump en 2016. Le Wall Street Journal rappelle que lorsque le républicain, en tant que président élu, avait appelé l’administration à opposer son veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies critiquant l’expansion des colonies israéliennes, Barack Obama avait rejeté la pression et accepté la mesure, tandis que son conseiller adjoint à la sécurité nationale expliquait : “Il y a un président à la fois.”
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