Dans un paysage de dévastation, Emmanuel Macron a promis jeudi de “rebâtir” Mayotte avec de nouveaux “critères”, cinq jours après le passage dévastateur du cyclone Chido. Face à l’ampleur des dégâts, le chef de l’Etat, attendu initialement pour quelques heures, a annoncé qu’il resterait jusqu’à vendredi dans l’archipel français de l’océan Indien afin de visiter des zones plus reculées.
Le chef de l’Etat a par ailleurs annoncé un “deuil national pour ce lundi 23 décembre”, neuf jours après le passage dévastateur et meurtrier du cyclone. “Nous partageons tous la peine des Mahorais”, a dit le chef de l’Etat sur X. “Nos drapeaux seront en berne. Tous les Français seront invités à se recueillir à 11 h 00”, a-t-il ajouté depuis l’archipel français de l’océan Indien.
Nous sommes une Nation.
Nous partageons tous la peine des Mahorais.
Je décréterai le deuil national pour ce lundi 23 décembre. Nos drapeaux seront en berne. Tous les Français seront invités à se recueillir à 11h.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 19, 2024
Après avoir visité plusieurs lieux dévastés par le cyclone, Emmanuel Macron s’est rendu à l’hôpital de Mamoudzou, où la discussion avec les autorités locales a porté sur le recensement très compliqué du nombre de morts, alors que de nombreuses localités, aux habitations précaires, restent injoignables. Et que dans la tradition musulmane, les défunts sont enterrés au plus vite. “On est face à des charniers à ciel ouvert. Il n’y a pas de sauveteurs. Personne n’est venu récupérer les corps ensevelis”, affirme la députée (Liot) Estelle Youssouffa. Selon des chiffres provisoires, 31 morts et quelque 1 400 blessés ont été officiellement recensés, mais les autorités craignent un bilan beaucoup plus lourd, alors que 70 % des habitants ont été gravement touchés. Emmanuel Macron a averti jeudi à Mayotte que le nombre de victimes du cyclone Chido serait “vraisemblablement” très supérieur. “Il est vraisemblable qu’il y ait beaucoup plus de victimes” que les 31 “officiellement décomptées à date”, a-t-il dit devant la presse. “On va pouvoir identifier (…) des victimes supplémentaires, leur mettre un nom, pouvoir, leur rendre hommage” grâce à la mission de recensement mise en place par le préfet auprès des maires et des autorités religieuses, a-t-il ajouté.
Un fond pour les “non-assurés”
Aux Mahorais qui lui expriment leurs besoins et leur désarroi face aux pénuries, Emmanuel Macron a tenté d’apporter des réponses. “La téléphonie va être rétablie dans les prochains jours”, veut-il rassurer. “Il y aura 50 % de l’électricité qui sera rétablie d’ici à demain, à peu près pareil pour l’eau”, promet le président à plusieurs reprises, avant de reconnaître que pour les communes les plus “isolées”, il faudra toutefois “plusieurs semaines”. Le président a par ailleurs promis que toutes les communes seront approvisionnées en eau et nourriture “d’ici dimanche soir”.
Emmanuel Macron a en revanche rejeté les accusations de “démission” de l’Etat à Mayotte face aux dévastations causées par l’ouragan Chido et annoncé que les non-assurés bénéficieraient d’une indemnisation. “Je ne peux pas laisser dire […] que l’Etat aurait ici démissionné”, a-t-il lancé en découvrant les dégâts dans un quartier de Mamoudzou, chef-lieu du département. “On va mettre en place un fonds d’indemnisation pour accompagner ceux qui ne sont pas assurés”, a-t-il ajouté, sans en préciser le montant. Seuls 6% des particuliers à Mayotte disposent d’une assurance habitation. Les coûts des dégâts causés par le passage du cyclone Chido à Mayotte pris en charge par les assurances dans le cadre du régime de catastrophe naturelle ont été estimés jeudi entre 650 et 800 millions d’euros par le réassureur public français, la Caisse centrale de réassurance (CCR).
Il a ensuite promis une “loi spéciale” pour faciliter la reconstruction. Le ministère des Outre-mer a annoncé mercredi soir l’activation de “l’état de calamité naturelle exceptionnelle”, censé “permettre une gestion plus rapide et efficace de la crise” et “faciliter la mise en place de mesures d’urgence”. En outre, Emmanuel Macron a dit jeudi à Mayotte vouloir “mettre fin” aux bidonvilles et “supprimer les habitats qui sont à la fois indignes, dangereux” dans lesquels vivent souvent les étrangers en situation irrégulière. “On veut dans la durée qu’il n’y ait plus ces bidonvilles”, a déclaré à la presse le chef de l’Etat, estimant que la “loi spéciale” qu’il a promis pour faciliter la reconstruction devrait favoriser leur suppression.
Source