L’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a trouvé sa future occupation : à partir du 1er janvier 2025, il deviendra “conseiller stratégique extérieur” auprès de la société néerlandaise spécialisée dans les semi-conducteurs ASML. Bruno Le Maire sera chargé d’aider le groupe, qui produit des machines à destination de l’industrie des semi-conducteurs, “à construire une coalition pour investir dans l’écosystème européen”, a indiqué l’entreprise au Monde.
La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a validé jeudi 19 décembre cette reconversion, sous certaines réserves. L’ancien locataire de Bercy avait en effet saisi cette autorité le 5 novembre d’une demande d’avis sur un projet de modifier l’objet social de sa société, baptisée 48 Jacob, utilisée pour donner des conférences, afin de pouvoir aussi “délivrer des prestations de conseil”, précise la HATVP.
Cette autorité administrative indépendante est notamment chargée de veiller à la compatibilité de l’exercice d’une activité rémunérée au sein d’une entreprise avec les fonctions de membre du gouvernement exercées au cours des trois années précédant le début de cette activité.
S’abstenir de contact avec le gouvernement
Elle a estimé que “le projet envisagé par monsieur Le Maire est compatible avec les fonctions publiques qu’il a exercées” et “n’apparaît pas de nature à faire douter du respect par l’intéressé de l’exigence de dignité, probité, intégrité et de prévention des conflits d’intérêts qui s’imposait à lui dans l’exercice de ses fonctions gouvernementales”.
Toutefois, l’ancien locataire de Bercy devra respecter certaines mesures, notamment “s’abstenir” de “toute démarche, y compris de représentation d’intérêts” auprès de membres du gouvernement en exercice, ou qui l’étaient en même temps que lui. Il en va de même en ce qui concerne les membres de son cabinet, tant qu’ils sont encore dans l’exercice de leurs fonctions publiques, peut-on encore lire.
Un recrutement “stratégique”
Ce recrutement intervient alors qu’ASML ne cache pas sa volonté de quitter les Pays-Bas (dont la législation est jugée trop stricte en matière de droits des salariés étrangers, très nombreux chez ASML) pour peut-être ouvrir une usine de semi-conducteurs en France. L’État français a d’ailleurs prévu de débourser 5 milliards d’euros dans le secteur de l’électronique et des semi-conducteurs dans le cadre du plan France 2030. L’ancien ministre de l’Economie pourrait ainsi s’avérer être une recrue précieuse pour ASML.
La fonction de “conseiller stratégique externe” de Bruno Le Maire devrait permettre de renforcer “les efforts d’ASML pour créer une coalition pour les investissements dans l’écosystème européen des semi-conducteurs et à améliorer la chaîne de valeur mondiale des semi-conducteurs”, explique dans un communiqué l’entreprise, qui a récemment changé de patron pour le Français Christophe Fouquet.
Avec une valorisation en bourse de près de 300 milliards de dollars, ASML se positionne comme la plus importante société technologique d’Europe, fournissant entre autres Intel, ou la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company. Au cœur du conflit entre la Chine et les Etats-Unis, qui veulent l’empêcher de vendre ses équipements à Pékin, ASML entend renforcer l’écosystème européen dans ce secteur stratégique : “Les enjeux d’ASML rejoignent totalement les enjeux de réindustrialisation européenne dont Bruno Le Maire s’est occupé pendant sept ans”, a indiqué un proche de l’ancien ministre au journal Les Echos.
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