La dette publique de la France a encore gonflé au troisième trimestre, s’établissant à 113,7 % du produit intérieur brut (PIB) fin septembre contre 112,2 % fin juin, a indiqué ce vendredi 20 décembre l’Insee. De juillet à septembre, la dette a augmenté de 71,7 milliards d’euros, pour atteindre 3 303 milliards d’euros, a précisé l’Institut national de la statistique. Au trimestre précédent, l’augmentation était de + 69 milliards.
L’augmentation de la dette des administrations publiques est principalement due à l’État, dont la dette augmente de 59,8 milliards d’euros, à 2 690,5 milliards après + 70 milliards au trimestre précédent. Celle des organismes divers d’administration centrale (ODAC), décrite comme “stable” par l’Insee, augmente néanmoins de 200 millions d’euros à 69,4 milliards. La dette des administrations de sécurité sociale augmente aussi (+ 10,4 milliards après + 4 milliards), à 290,8 milliards, ainsi que celle des collectivités locales (+ 1,3 milliard d’euros à 252,2 milliards), alors qu’elle avait reculé de 300 millions au deuxième trimestre.
120 % de dette publique en 2027 ?
La dette publique française, restée cantonnée entre 60 % et 70 % du PIB au début des années 2000, a connu une première envolée après la crise de 2008, s’est stabilisée autour de 100 % à la fin des années 2010, avant un deuxième redémarrage fulgurant dû aux dépenses massives du “quoi qu’il en coûte” lié à la crise sanitaire du Covid.
Et la tendance ne devrait pas s’inverser avant quelques années. Le plan budgétaire à moyen terme du précédent gouvernement, portant sur la période 2025-2029 et visant à ramener le déficit public de la France à 2,8 % du PIB en 2029, tablait ainsi sur une dette publique atteignant 114,7 % du PIB en 2025. Selon ce document, la dette augmenterait jusqu’à 116,5 % en 2027, avant de refluer à 115,8 % en 2029. Dans le même temps, la croissance serait de 1,1 % en 2025 (identique à cette année), 1,4 % en 2026, et 1,5 % en 2027 comme en 2028. Des prévisions jugées “un peu optimistes” par le Haut conseil des finances publiques (HCFP) le 10 octobre dernier.
De son côté, l’agence de notation Moody’s, qui a abaissé la note souveraine de la France d’un cran la semaine dernière – une surprise car elle l’a fait hors de son calendrier semestriel – afin de prendre en compte les nouvelles incertitudes liées à la censure du gouvernement de Michel Barnier, ne se montre guère optimiste. D’après elle, la dette publique passerait de 113,3 % du PIB en 2024 à environ 120 % en 2027. “Si la capacité d’endettement est depuis longtemps un atout relatif de la France en matière de crédit, cet atout s’érode par rapport à ses pairs bénéficiant d’une note similaire”, observe Moody’s.
“On aurait tort d’oublier le déficit et la dette […] faute de quoi ils se rappelleront brutalement à nous tous”, a mis en garde Michel Barnier au moment de céder sa place à Matignon à François Bayrou. “Nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation”, lui a répondu ce dernier. En 2007, celui qui est désormais Premier ministre avait fait de la dette son “ennemi” lors sa campagne pour la présidentielle. 17 ans plus tard, cet adversaire est toujours là, plus menaçant encore qu’avant.
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