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Investiture de Donald Trump : pourquoi sa liste d’invités est tout sauf anodine


Au moment de son discours inaugural, ce lundi 20 janvier dans la rotonde du Capitole, c’est tout l’establishment de Washington qui sera présent pour écouter Donald Trump : des ex-présidents Bush et Obama en passant par les membres du Congrès et les juges à la Cour Suprême… Mais cette fois, et contrairement à l’usage, une brochette de chefs d’Etat et de leaders politiques étrangers fera également le déplacement à l’invitation du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Ils n’ont pas été choisis au hasard : tous sont des populistes de droite, nationalistes et conservateurs.

Parmi eux, Javier Milei, le président argentin et grand admirateur de Trump, ou le président du Salvador, Nayib Bukele, accusé de dérive autoritaire dans son pays, qui aime à se présenter comme un “dictateur cool”. Ont aussi été conviés à cette cérémonie en grande pompe la présidente italienne du Conseil des ministres, Giorgia Meloni, récemment qualifiée de “fantastique” par le milliardaire, dont les services ont confirmé la présence, ou l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, dit le “Trump des tropiques”, qui sera en revanche bloqué dans son pays après la révocation de son passeport dans le cadre d’une enquête.

“Le chef de file de cette mouvance illibérale”

“Le populisme de droite s’est internationalisé, observe Filippo Trevisan, professeur de communication publique à l’American University de Washington. Bien qu’avec quelques variations et adaptations locales, ce modèle qui associe une rhétorique économique populiste à des positions ultraconservatrices sur des questions sociales telles que l’immigration, les droits des femmes, les droits des LGBTQ +, ainsi qu’à de forts appels au symbolisme chrétien, a trouvé un terrain fertile aux Etats-Unis et dans plusieurs autres démocraties occidentales.”

Ce 20 janvier, toute une internationale populiste et d’extrême droite célébrera donc le retour aux affaires de son champion. “Il y a une forme d’allégeance que viennent lui prêter ces dirigeants étrangers, pointe Françoise Coste, spécialiste du Parti républicain et auteure de Reagan (Perrin). Donald Trump représente le chef de file de cette mouvance illibérale dans le monde.”

Mais cette liste d’invités triés sur le volet ne compte pas que des chefs d’Etat. Du côté de la France, le leader de Reconquête, Eric Zemmour sera de la partie, aux côtés de sa conseillère et compagne, l’eurodéputée Sarah Knafo. Sera également présente la députée européenne Marion Maréchal – qui devrait profiter de son déplacement pour rencontrer des proches du nouveau président. La patronne du parti d’extrême droite allemand AfD, Alice Weidel, a elle aussi reçu son carton d’invitation, mais sera remplacée par son porte-parole, Tino Chrupalla, en raison officiellement d’un calendrier de campagne déjà surchargé avant les législatives du 23 février. Celle-ci avait déjà reçu en décembre le soutien inattendu d’Elon Musk, le patron de X et proche conseiller de Trump, pour qui son parti est “le seul qui peut sauver l’Allemagne”.

Une nouvelle ère ?

Cette liste d’invités donne des indications claires sur les dirigeants qui trouveront grâce aux yeux de la prochaine administration américaine. A l’inverse du Premier ministre britannique travailliste Keir Starmer, qui n’a pas été convié, le député britannique et chef du parti d’extrême droite et anti-UE Reform UK, Nigel Farage, a confirmé sa présence le jour de l’inauguration. Le 10 Downing Street, lui, sera représenté par son ambassadrice aux Etats-Unis, Karen Pierce.

Même traitement pour la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, qui n’a, elle non plus, pas été invitée à se joindre à la cérémonie. Au contraire de l’ancien Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, dont le mandat avait été marqué par son conflit avec Bruxelles sur le thème de l’Etat de droit en Pologne et qui a confirmé sa présence. “Ces invitations ont un double effet, note le professeur Filippo Trevisan. D’une part, elles suscitent l’embarras et l’inquiétude des dirigeants qui n’ont pas été invités et d’autre part, elles signalent que le mouvement MAGA (Make America Great Again) est devenu plus transnational.”

Avec quelles conséquences pour le second mandat de Trump ? “Nous assistons à une réaction globale, dans certaines parties du monde, contre les idées et les institutions de l’internationalisme libéral, estime Julian Zelizer, professeur d’histoire à l’université de Princeton. In fine, nous pourrions être à l’aube d’un démantèlement d’institutions et d’idées qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, ont été des éléments déterminants de la vie internationale.” La teneur du discours du nouveau président devrait à cet égard être éclairante. Il y a huit ans, son message inaugural sur le “carnage américain” avait dressé le portrait apocalyptique d’une Amérique en plein déclin. Bien entouré par ses homologues étrangers d’extrême droite, il pourrait cette fois acter le début d’une nouvelle ère.




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