Les six semaines à venir seront cruciales puisqu’elles confirmeront, ou tueront dans l’œuf, l’espoir d’une paix de long terme dans le territoire palestinien. Après 15 mois de guerre dans la bande de Gaza, l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui prévoit une libération d’otages israéliens, est finalement entré en vigueur avec trois heures de retard, ce dimanche 19 janvier.
Les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés lors d’une première phase étalée sur six semaines.
Une trêve partie du mauvais pied
Les premières otages, trois femmes, devraient être libérées dès ce dimanche. Le processus était pourtant parti du mauvais pied ce matin, le Hamas ayant pris du retard dans l’annonce des noms des trois otages, le justifiant par “des complications sur le terrain et la poursuite des bombardements”.
Alors que les armes devaient se taire à 7h30 (heure de Paris), Israël a retardé l’application du cessez-le-feu, invoquant le retard du Hamas, et mené de nouvelles frappes à Gaza. Le bureau de Benyamin Netanyahou a fini par annoncer l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à 10h15 (heure de Paris), une information confirmée par le médiateur qatari.
Un premier échange ce dimanche
Selon Doha, la liste des trois otages libérables dès ce dimanche comprend donc ceux “de trois citoyennes israéliennes, dont l’une est aussi de nationalité roumaine et l’autre de nationalité britannique”. En échange des 33 otages israéliens qui retrouveront leurs familles, Israël a dit qu’il relâcherait 737 prisonniers palestiniens. 95 détenus palestiniens devraient être libérés dès aujourd’hui, des femmes et mineurs en majorité, la plupart arrêtés après le 7-Octobre. Leur libération doit intervenir après 13h (heure de Paris).
De son côté, l’Egypte, qui a participé aux négociations de l’accord, évoque “plus de 1 890” prisonniers palestiniens devant être libérés durant cette première phase.
Trois points d’accueil à la frontière
Les libérations devraient ensuite se poursuivre par cohortes. Trois points d’accueil des otages israéliens ont été installés à la frontière sud d’Israël avec Gaza, a précisé un responsable militaire. Les captifs seront pris en charge par des médecins. L’organisation islamiste s’est engagée à remettre principalement des vivants pendant la phase initiale de l’accord, mais il n’est pas certain que les captifs seront tous en vie lorsqu’ils rentreront, les morts devant faire partie de la dernière étape du processus, l’explique Le Monde.
Deux Franco-israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages libérables, selon Paris. Ils ont été enlevés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, relâchés lors d’une première trêve d’une semaine en novembre 2023. Parmi les prisonniers palestiniens appelés à être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable d’attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah, arrêté, écroué en 2019.
Le retrait israélien des zones peuplées ?
D’après le président américain Joe Biden, qui cédera officiellement sa place ce lundi 20 janvier à Donald Trump, la première phase de l’accord comprend aussi un retrait israélien des zones densément peuplées à Gaza et une augmentation de l’aide humanitaire dans le territoire menacé par la famine selon l’ONU. Les autorités égyptiennes ont précisé que l’accord prévoyait “l’entrée de 600 camions d’aide par jour”, incluant 50 camions de carburant.
Une phase en entraîne une autre
C’est pendant la première phase que seront négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
L’accord prévoit ainsi le lancement d’”un grand plan de reconstruction de Gaza”, a affirmé le président américain, sans en préciser les modalités. “Un mécanisme de suivi pour surveiller l’application de l’accord sera mis en place au Caire et sera géré par l’Egypte, le Qatar et les Etats-Unis”, a par ailleurs précisé le Premier ministre du Qatar.
Des milliers de Palestiniens déjà sur le retour
Avant même l’entrée en vigueur effective de la trêve, des milliers de déplacés palestiniens chargés de leurs affaires ont pris la route, au milieu des destructions, pour retourner chez eux, dans le nord ou le sud de la bande de Gaza dévastée, selon des images de l’AFP.
A la mi-journée, des milliers de personnes arrivaient déjà à Jabaliya depuis la ville de Gaza, où les habitants découvrent un paysage apocalyptique de décombres. D’autres mouvements de retour de la population ont été observés dans les secteurs de Rafah et de Khan Younès, dans le Sud. A bord de camionnettes ou à pied, certains tout souriant font le V de la victoire, d’autres partagent des friandises ou brandissent le drapeau palestinien.
Après six semaines, la fin définitive de la guerre ?
Arraché mercredi par les médiateurs – Qatar, Etats-Unis, Egypte -, l’accord ambitionne, selon Doha, de déboucher sur la “fin définitive” de la guerre. Mais Benyamin Netanyahou a prévenu samedi qu’il s’agissait “d’un cessez-le-feu provisoire” et que son pays se gardait “le droit de reprendre la guerre si besoin, et avec le soutien des Etats-Unis”.
Hostile à la trêve, le parti du ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême droite) a annoncé ce dimanche qu’il quittait la coalition de Benyamin Netanyahou, qui jouit toutefois toujours d’une majorité au Parlement.
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