Les ventes d’art islamique sont rares en France. Elles se tiennent souvent à Londres, où vivent de riches ressortissants du Moyen-Orient susceptibles d’acheter les plus belles pièces. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la maison Bonhams y ait proposé en fin d’année dernière une lampe de mosquée égyptienne du XIVe siècle en verre émaillé. Estimée entre 600 000 et 1 million de livres sterling, elle a atteint la somme faramineuse de 5,1 millions de livres, devenant l’objet en verre le plus cher jamais vendu aux enchères. Ses propriétaires n’avaient certainement pas idée de sa valeur puisqu’ils s’en servaient… de vase.
Cette lampe, d’une insigne rareté, a été réalisée pour l’émir Saif ad-Din Sarghitmish, mort en 1358, un homme puissant sous le règne du sultan d’Egypte An-Nasir Muhammad (1285-1341). Elle atteste de la virtuosité des artisans verriers de la cour mamelouke qui maîtrisaient parfaitement les techniques de la dorure et de l’émail polychrome. Les lampes de mosquée rendaient hommage, comme les vitraux dans les cathédrales occidentales, à la dimension divine de la lumière.
Celle vendue par Bonhams porte l’inscription d’un verset du Coran ainsi que le nom de l’émir et celui du sultan. Selon les experts, elle était probablement accrochée dans une mosquée qui existe encore aujourd’hui dans le quartier médiéval du Caire. Comme quoi, un objet ancien, réduit à une fonction utilitaire dans un intérieur d’aujourd’hui, peut se révéler être un trésor artistique !
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