Cinq ans après le début de la pandémie de Covid-19, il n’y a toujours aucune certitude sur l’origine du virus. Mais la question est revenue sur la table samedi 26 janvier, après une nouvelle déclaration américaine mettant en cause la Chine. “La CIA estime, avec un faible degré de confiance et sur la base de l’ensemble des rapports disponibles, qu’une origine de la pandémie de Covid-19 liée à des recherches est plus probable qu’une origine naturelle”, a ainsi indiqué une porte-parole de l’agence de sécurité américaine.
L’hypothèse d’une fuite d’un laboratoire fait aujourd’hui partie des pistes sérieusement envisagées par une partie de la communauté scientifique, sans que celle-ci n’ait pu être prouvée scientifiquement. La Chine, elle, continuer de réfuter en bloc cette allégation. “La conclusion scientifique, faisant autorité, à laquelle est parvenu le groupe d’experts conjoint de la Chine et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), sur la base de visites sur le terrain dans les laboratoires concernés à Wuhan, est qu’il est extrêmement improbable qu’il y ait eu une fuite de laboratoire”, a ainsi déclaré ce lundi 27 janvier Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Pour Pékin, cette mise en cause de la CIA, qui intervient quelques jours seulement après l’intronisation de John Ratcliffe, le nouveau directeur de l’agence nommé par Donald Trump, a pour objectif “de politiser et d’instrumentaliser la question de la recherche des origines”. Une stratégie présumée que Washington doit “cesser” afin d’”arrêter de salir et de rejeter la faute sur d’autres pays”, selon la Chine.
Fuite d’un laboratoire ou transmission par un animal ?
La découverte, fin 2019, d’un foyer de propagation rapide du Covid-19, au nom scientifique de SARS-CoV-2, en plein cœur de la ville chinoise de Wuhan, a placé la Chine au centre des interrogations. Une partie des spécialistes estime que le scénario d’une fuite d’un laboratoire constitue une piste plausible pour expliquer l’origine de ce virus. La présence d’un important laboratoire de virologie dans la ville, connu pour ses recherches autour du coronavirus, constitue le centre de cette hypothèse.
Un an avant l’épidémie, ce site avait demandé la possibilité d’effectuer des recherches sur un type de virus SARS plus facilement transmissible, dont les caractéristiques ressemblent fortement à celui du SARS-CoV-2. D’après les partisans de cette théorie, l’absence de normes de biosécurité suffisantes au sein de ce laboratoire aurait aussi pu poser problème. Si cette hypothèse ne peut être écartée ou vérifiée, aucune preuve n’indique pour le moment avec sûreté que le centre de recherches est lié à la propagation du Covid-19.
L’autre scénario, auquel croit également un très grand nombre de scientifiques, reste celui d’une transmission de l’animal à l’humain. Une possibilité étayée par des “preuves concrètes”, selon certains de ces spécialistes. Ces derniers citent notamment les résultats d’une des premières études sur le sujet, publiée par la revue Science aux prémices de l’épidémie, en décembre 2023. Celle-ci montrait que les cas de Covid-19 étaient regroupés autour du marché aux fruits de mer de Huanan, en plein cœur de Wuhan. D’autres travaux ont souligné la présence de chiens viverrins au sein du marché. Cette espèce canine, proche du renard, peut transmettre des virus similaires au SARS-CoV-2.
Des zones d’ombres persistantes
Quoi qu’il en soit, de nombreuses zones d’ombre persistent aujourd’hui sur la nature de l’origine du Covid-19. L’Organisation mondiale de la Santé a bien envoyé plusieurs experts durant quelques semaines à Wuhan au début de l’année 2021 pour mener des recherches sur le sujet, mais leur action a été limitée par les accès donnés par la Chine pour travailler dans de bonnes conditions. L’étude avait toutefois favorisé la seconde hypothèse, celle d’une “transmission à l’homme par un animal, peut-être dans un marché de Wuhan”. Mais le groupe de spécialistes avait aussi souligné qu’aucune éventualité ne pouvait être tout à fait repoussée.
La mise en cause de la Chine par les États-Unis sur le dossier de l’origine du Covid-19 n’est d’ailleurs pas inédite. En mars 2023, le directeur du FBI Christopher Wray avait affirmé qu’un accident de laboratoire à Wuhan était “très probablement” la raison de l’origine du virus. Une déclaration qui avait conduit l’OMS à demander des éclaircissements à Washington. “Si un pays dispose d’informations sur les origines de la pandémie, il est essentiel que ces informations soient partagées avec l’OMS et la communauté scientifique internationale”, avait alors exposé son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Le 30 décembre dernier, l’agence onusienne a de nouveau demandé des comptes à la Chine. “Nous continuons à demander à la Chine de partager les données et l’accès afin que nous puissions comprendre les origines du Covid-19. Il s’agit d’un impératif moral et scientifique. Sans transparence, partage et coopération entre les pays, le monde ne peut pas se préparer de manière adéquate aux futures épidémies et pandémies”, avait réclamé l’instance dans un communiqué. Un enjeu essentiel, d’après l’OMS, pour “prévenir” les prochaines crises de ce type.
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