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Immigration : comment Donald Trump a fait plier la Colombie en quelques heures


Donald Trump et l’éternelle stratégie du rapport de force. Investi il y a une semaine, le nouveau président américain a décidé de taper fort sur le dossier de l’immigration aux États-Unis. Ces derniers jours, la Maison-Blanche a fait rapatrier, par avions militaires, des centaines de migrants venus de pays d’Amérique latine. Des opérations que le pouvoir américain ne manque pas de mettre en scène. Le 23 janvier, les images de plusieurs migrants originaires du Guatemala, placés en file indienne sur le tarmac de l’aéroport de Fort Bliss (Texas), ont ainsi été largement relayées par le pouvoir en place comme le symbole des expulsions promises par Donald Trump durant toute sa campagne.

Dimanche 26 janvier, la stratégie du milliardaire a failli tourner à la crise diplomatique avec la Colombie. Le président colombien de gauche, Gustavo Petro, a en effet refusé l’arrivée d’avions américains renvoyant des migrants illégaux sur le sol colombien. “Un migrant n’est pas un criminel et doit être traité avec la dignité qu’un être humain mérite”, a ainsi affirmé le dirigeant, dans un message publié sur le réseau social X. “Je ne peux pas obliger les migrants à rester dans un pays qui ne veut pas d’eux. Mais si ce pays les renvoie, ce doit être avec dignité et respect pour eux et pour notre pays.” Le secrétaire d’État Marco Rubio, un proche du président Trump, avait un peu plus tôt déclaré que Gustavo Petro avait dans un premier temps accepté ces rapatriements, puis “annulé son autorisation lorsque les avions étaient en vol”.

Menace de droits de douane pharaoniques

Face au refus du pouvoir colombien, les représailles de Donald Trump ne se sont pas fait attendre. Dimanche, Washington a notamment menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur tous les biens colombiens entrant aux États-Unis. Une mesure, qui, sans avancée, devait être portée à 50 % dans une semaine, selon le président républicain, malgré l’accord de libre-échange entre les deux pays. Autre menace agitée par le camp Trump : l’interdiction d’entrée aux États-Unis et une révocation des visas pour les responsables du gouvernement colombien, ses alliés et ses partisans. Des “inspections renforcées” à l’entrée pour tous les ressortissants colombiens et les marchandises en provenance de ce pays seraient aussi mises en place.

Sûr de sa force de frappe, le président américain a fait le service après-vente de ces décisions sur ses canaux de communication. “Ces mesures ne sont qu’un début. Nous ne permettrons pas au gouvernement colombien de violer ses obligations légales en ce qui concerne l’accueil et le retour des criminels qu’il a forcés à entrer aux États-Unis !”, a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social. En réponse, Gustavo Petro a alors promis de “relever” lui aussi “à 25 % les droits de douane sur les importations provenant des États-Unis”.

Mais la perspective de sanctions économiques a finalement fait fléchir le dirigeant colombien en à peine quelques heures. Les États-Unis sont l’un des principaux marchés pour la Colombie, qui y exporte quantité de pétrole et de café. Un quart de ses produits exportés est vendu sur le territoire américain. À l’inverse, selon l’Observatoire de la complexité économique, les exportations américaines vers ce pays d’Amérique latine représentent seulement moins d’1 % de leurs transactions totales vers des pays étrangers. Si l’augmentation des droits de douane aurait aussi pu causer une hausse du prix des produits colombiens pour les consommateurs américains, le rapport de puissance commerciale entre les deux pays était de fait largement défavorable à la Colombie.

Tensions avec le Brésil

Le président américain, qui n’a de cesse de vouloir négocier de meilleurs “deals”, y compris avec ses partenaires, n’a donc pas hésité à agir de manière brutale pour faire plier Bogota. Ce qui est finalement arrivé, ce dont la Maison-Blanche s’est félicitée dans un communiqué publié dimanche soir : “Le gouvernement colombien a accepté toutes les conditions du président Trump, y compris l’acceptation sans restriction de tous les étrangers illégaux de Colombie renvoyés des États-Unis, y compris à bord d’avions militaires américains, sans limitation ni délai”. La Colombie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Luis Gilberto Murillo, a pour sa part assuré que “l’impasse” avec les États-Unis avait été “surmontée”.

De nombreux pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale s’inquiètent de la politique migratoire menée désormais par les Américains. Le Brésil a aussi dénoncé samedi le “traitement dégradant” de migrants illégaux brésiliens expulsés par les États-Unis, à bord d’un vol arrivé la veille à Manaus, en Amazonie, dans le nord du pays. Selon Brasilia, 88 de ses ressortissants se trouvaient dans l’appareil. À son bord, “ils ne nous ont pas donné d’eau, nous étions pieds et poings liés, et ils ne nous laissaient même pas aller aux toilettes”, a expliqué Edgar Da Silva Moura, un des passagers de ce vol, selon des propos rapportés par l’AFP. La présidente du Honduras, Xiomara Castro, a pour sa part appelé dimanche à une réunion “urgente” des présidents et chefs d’État de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) le 30 janvier pour discuter de la question migratoire.




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