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Un plan à 100 milliards : comment RTE compte adapter son réseau électrique au changement climatique


Renouveler, raccorder, renforcer : RTE a dévoilé mercredi 12 février son plan de développement du réseau électrique français à haute tension, un investissement de 100 milliards d’euros d’ici 2040 destiné à accompagner la décarbonation de l’économie et préparer le pays aux défis climatiques de demain.

Le Schéma Directeur de Développement du Réseau (SDDR) constitue la “stratégie opérationnelle pour réussir la sortie des énergies fossiles” de la France d’ici à 2050, explique RTE. Il décrit “comment, où et à quel rythme le réseau doit évoluer pour permettre à la France d’électrifier son économie, de construire de nouvelles industries et de développer son parc de production nucléaire et renouvelable”. Ce SDDR, dont le calendrier s’étale jusqu’en 2040, envisage par ailleurs “la réindustrialisation du pays comme une priorité pour le réseau national”.

“L’histoire, c’est la grande bascule, la décarbonation par l’électrification”, résume Xavier Piechaczyk, le président du directoire du Réseau de Transport d’Electricité, auprès de l’AFP. Ce plan de transformation du réseau est aussi un “plan d’aménagement du territoire” pour “desservir les territoires et permettre leur croissance, mais une croissance décarbonée”, remarque-t-il.

Redimensionner le réseau français

RTE s’appuie sur les atouts actuels du réseau français, notamment sa capacité à accueillir la production issue des centrales françaises, parmi les plus grosses d’Europe, et le fait qu’il est peu congestionné, contrairement à des pays comme l’Allemagne. Le réseau français est aussi déjà résistant aux tempêtes : il est capable de supporter des vents de 180 km/h sur les côtes et 150 km/h dans les terres, grâce à la sécurisation réalisée après les tempêtes de 1999.

Mais son architecture doit être redimensionnée alors que la part de l’électricité sera portée au-delà de 50% des besoins énergétiques de la France d’ici 2050 contre un peu plus du quart aujourd’hui. “La consommation (d’électricité) a vocation à croître pour se substituer à la consommation fossile”, explique Xavier Piechaczyk. “Entre la consommation et la production, il y a du réseau, donc il faut qu’on s’occupe de cette colonne vertébrale”, dont le renforcement “va permettre de déplacer des grands flux d’électricité.”

RTE veut faire d’une pierre deux coups en réalisant en une fois ces chantiers : le renouvellement de 23 500 km de lignes et 85 000 pylônes et l’adaptation du réseau aux fortes chaleurs et aux futures crues centennales, conformément à la trajectoire définie par l’Etat qui anticipe une France réchauffée à +4°C en 2100.

Ce réseau, en forme de toile d’araignée, devra intégrer les futurs réacteurs nucléaires EPR et absorber les flux de production issus des futurs parcs éoliens en mer, situés dans l’Ouest, et les faire transiter vers les grandes industries, davantage à l’Est, ainsi que vers le reste de l’Europe. Un enjeu économique alors que la France a exporté en 2024 pour 5 milliards d’euros d’électricité, un record, selon RTE.

Troisième grand plan d’électrification

Pour ce faire, une des priorités sera de prévenir les futurs points de congestion déjà identifiés. Certains axes nord-sud parmi les plus anciens devront être renforcés, comme par exemple ceux construits dans le centre du pays pour évacuer la production hydraulique du Massif central et de l’ouest des Pyrénées.

Le plan confirme les investissements alloués au service de l’attractivité des ports de Dunkerque – où les travaux ont déjà commencé – Le Havre et Fos-sur-Mer, laboratoires de la décarbonation industrielle. A partir de 2029, d’autres zones (Saint-Avold, Sud Alsace, Lyon Vallée de la chimie, Plan-de-campagne près de Marseille, Loire-Estuaire, Sud Ile-de-France et Valenciennes) pourront bénéficier d’un régime d’investissement spécifique si des projets industriels se concrétisent.

Pour ce troisième grand plan d’électrification après celui d’après-guerre et le plan Messmer consacrant la naissance du parc nucléaire dans les années 1970, RTE a fait le choix d’investissements conséquents mais taillés au plus juste. “Les montants d’investissement sont à la fois importants et compétitifs au niveau européen”, assure le gestionnaire, qui met en miroir les pays voisins : plus de 250 milliards d’ici 2037 pour l’Allemagne, de l’ordre de 150 milliards d’ici 2035 pour la Grande-Bretagne.

Pour limiter les dépenses, RTE veut privilégier l’économie circulaire, notamment le recyclage pour réduire sa consommation d’aluminium et d’acier pour les câbles par exemple. Le gestionnaire prévoit enfin de maintenir la longueur totale du réseau aérien en minimisant le plus possible l’ajout de nouvelles lignes.




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