Poignées de main vigoureuses, blagues, compliments : le président français et Donald Trump ont renoué avec leur numéro de camaraderie diplomatique, déjà rodé lors du premier mandat du républicain. Emmanuel Macron était en visite d’État, lundi 24 février, à la Maison-Blanche, d’où il a donné une conférence de presse avec son homologue. Mais derrière cette ambiance cordiale se cache le très épineux dossier de la guerre en Ukraine, qui oppose Américains et Européens.
Emmanuel Macron tente en effet d’infléchir la position des États-Unis, qui poussent ces dernières semaines pour un accord rapide, sans condamnation de Moscou, ni défense de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dont 20 % du territoire est occupé par la Russie.
Crainte d’une “capitulation” forcée de Kiev
Malgré d’énormes divergences sur le fond, Emmanuel Macron s’est dit “convaincu qu’il y avait un chemin” à parcourir avec Donald Trump, pour mettre fin au conflit. Le président français, lors de la conférence de presse conjointe, a toutefois estimé qu’un accord de paix ne pouvait signifier une “capitulation” de Kiev, et a insisté sur la nécessité d’apporter des “garanties de sécurité” pour éviter que le président Vladimir Poutine ne repasse à l’attaque.
“Nous voulons un deal rapide, mais pas un accord qui soit fragile”, a dit le chef d’État français, qui a également exhorté à associer Kiev aux discussions. “Personne n’a envie de vivre dans un monde où la loi du plus fort peut s’imposer”, a-t-il aussi prévenu, estimant que l’Ukraine “doit être impliquée”, alors que de premiers pourparlers entre Russes et Américains la semaine dernière, sans associer Kiev ni les Européens, avaient suscité de vives inquiétudes sur le Vieux continent.
Il a aussi estimé, lors d’une interview à Fox News, qu’une “trêve” était possible “dans les semaines à venir”, “sur les infrastructures (de transport) aériennes et maritimes”. Et “si elle n’est pas respectée, ce sera la meilleure preuve que la Russie n’est pas sérieuse” dans sa volonté de mettre fin au conflit, a-t-il ajouté. Il a également salué “le courage” de l’Ukraine qui se bat depuis plus de trois ans face à “l’agresseur russe” : une façon de se démarquer de Donald Trump, qui juge Kiev responsable de la guerre avec Moscou.
Des troupes européennes en Ukraine ?
Le président américain a, pour sa part, indiqué que la signature d’un accord avec l’Ukraine sur l’accès des États-Unis aux minerais du pays était “très proche”, et a évoqué une venue du président Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche afin de le ratifier, “cette semaine ou la suivante”. Pour Donald Trump, il s’agit de “récupérer” le montant de l’aide fournie à l’Ukraine depuis le début du conflit.
Donald Trump, qui mise avant tout sur son dialogue avec le président russe Vladimir Poutine pour faire cesser les combats, a aussi lancé que ce dernier serait d’accord avec le déploiement futur de troupes européennes en Ukraine, mais est resté évasif sur les garanties de sécurité qu’apporterait éventuellement Washington pour ces soldats.
Selon Emmanuel Macron, “les Européens sont prêts à aller jusqu’à l’envoi de troupes” pour vérifier que “la paix est bien respectée”, assurant aussi que l’Europe était prête à “renforcer” sa défense – une demande constante de son interlocuteur américain.
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