Des intimidations de plus de la part de Donald Trump. Le président américain a souhaité ce mardi 11 mars, à sa manière, la bienvenue au nouveau Premier ministre canadien. Et ce, en redoublant de menaces commerciales contre le Canada, assurant que la “seule chose sensée à faire” pour le pays était de rejoindre les Etats-Unis.
Le président américain, réagissant à l’annonce par la province canadienne de l’Ontario d’une surtaxe sur les exportations d’électricité vers trois Etats américains, a annoncé sur son réseau Truth Social qu’il doublait à 50 % – contre 25 % auparavant – les droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens devant entrer en vigueur ce mercredi. Il a par ailleurs écrit qu’il imposerait le 2 avril de telles taxes douanières sur les voitures et que cela “mettrait à l’arrêt définitivement l’industrie automobile au Canada”.
La “seule chose sensée” à faire pour le pays est de devenir le “51e Etat américain”, ce qui mettrait fin de facto à la guerre commerciale, a répété le républicain de 78 ans, pour qui l’annexion du Canada est une véritable idée fixe depuis son retour au pouvoir.
Le nouveau chef du gouvernement canadien Mark Carney a lui assuré ce dimanche 9 mars dans un discours offensif que son pays “ne ferait jamais partie des Etats-Unis, de quelque façon que ce soit”. “Les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu’un lance le gant. Que les Américains ne s’y trompent pas. Dans le commerce comme au hockey, le Canada gagnera”, a-t-il lancé.
Une frontière “artificielle” entre les deux pays
Donald Trump, dans le même message sur Truth Social ce mardi, écrit que si les Canadiens devenaient Américains, “il n’y aurait plus de droits de douane, ni rien d’autre. Les Canadiens paieraient significativement moins d’impôts, ils seraient plus en sécurité […] qu’avant.” Il y qualifie également d'”artificielle” la frontière séparant les deux pays.
Depuis son investiture le 20 janvier, Donald Trump a multiplié les annonces fracassantes et les revirements tout aussi spectaculaires en matière de droits de douane, ce qui fait tanguer la finance et l’économie mondiales. Le Canada est peu à peu apparu comme la cible privilégiée de la rhétorique commerciale agressive et des visées expansionnistes du président américain, qui convoite également le Groenland ainsi que le canal de Panama. Le jeudi 6 mars dernier, le président américain avait ainsi annoncé reculer sur les droits de douane de 25 % qu’il avait imposés au Canada et au Mexique, amenant Ottawa à suspendre certaines mesures de représailles. Mais dès le lendemain, Donald Trump avait finalement de nouveau fait des menaces commerciales, sur l’agriculture notamment.
L’ancien promoteur immobilier n’a de cesse de clamer son “amour” pour les droits de douane qui, selon lui, doivent permettre à la fois de rapatrier des usines aux Etats-Unis et de réduire le déficit, quitte à causer des “perturbations” financières passagères.
Mais cet “âge d’or” protectionniste vanté par le milliardaire convainc de moins en moins les investisseurs, qui spéculent désormais sur une récession aux Etats-Unis, chose impensable il y a quelques semaines à peine. Ce mardi, les indices vedettes de la Bourse de New York, le Dow Jones et le Nasdaq, continuaient de s’enfoncer après avoir subi de lourdes pertes ce lundi. “L’économie américaine ne peut pas se permettre de s’infliger une telle blessure au moment où les risques de récession augmentent”, a critiqué sur X ce mardi l’économiste et ancien ministre des Finances américain Larry Summers.
L’acier et l’aluminium, des importations cruciales pour les Etats-Unis
Certains pays tels que le Japon et l’Australie tentent pendant ce temps de négocier des exemptions aux droits de douane prévus ce mercredi sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux Etats-Unis, quelle qu’en soit la provenance. La première puissance mondiale importe environ la moitié de l’acier et de l’aluminium qu’elle utilise, pour l’automobile, l’aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, comme les conserves.
Si elle reste parmi les principaux producteurs mondiaux, l’industrie sidérurgique américaine est en perte de vitesse. Elle est en particulier confrontée à la concurrence venue d’Asie mais aussi du Canada, d’où proviennent 50 % de l’aluminium et 20 % de l’acier importés aux Etats-Unis, selon le cabinet EY-Parthenon.
Le président américain avait déjà taxé les importations d’acier et d’aluminium durant son premier mandat (2017-2021). Mais les droits de douane devant entrer en vigueur ce mercredi “vont plus loin en couvrant toute une gamme de produits transformés. Et le gouvernement renforce également leur application, en réduisant les possibilités de contournement via des pays tiers”, a souligné dans une note le chef économiste d’EY, Gregory Daco.
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