* . * . * .

Défense : Eric Lombard annonce un nouveau produit de placement pour financer le réarmement


Alors que des investisseurs et des entreprises de défense se réunissent jeudi 20 mars à Bercy pour réfléchir aux meilleures façons pour les premiers de financer les seconds, le ministre de l’Economie a fait savoir que quelque 5 milliards d’euros étaient nécessaires au secteur pour monter en cadence dans le cadre de l’effort national de défense.

“Les entreprises auront besoin à peu près de 5 milliards de fonds propres, de capitaux nouveaux, d’argent des investisseurs publics et privés afin d’augmenter les chaînes de production et de se développer”, a annoncé jeudi matin sur TF1 Eric Lombard. “Ce sera de l’argent public de (la banque publique d’investissement, NDLR) Bpifrance, de la Caisse des dépôts, de l’Etat, mais nous avons besoin d’argent privé” également, a détaillé le ministre.

Il a annoncé que Bpifrance allait lancer un nouveau fonds de 450 millions d’euros : les Français pourront ainsi “pour 500 euros devenir indirectement actionnaires des entreprises du secteur de la défense” et par ces “tickets de 500 euros” minimum “placer leur argent sur du long terme”, via un capital “bloqué pendant au moins 5 ans”.

“C’est très important d’associer l’ensemble des Françaises et Français à cet effort, ce seront des bons placements. Les grands réseaux bancaires et d’assurances vont mettre à disposition d’autres fonds purement privés pour que ceux qui le veulent, sur une base de volontariat”, puissent participer, a résumé le ministre.

Le secteur financier souvent réticent

La nouvelle situation, engendrée par l’évolution de la position américaine vis-à-vis de l’Ukraine et la menace russe, “exige une accélération de notre armement”, a rappelé Matignon en amont de cette réunion. La “base industrielle et technologique de Défense” (BITD) française comporte neuf grands groupes, comme Dassault Aviation, Safran, Thales ou Airbus, mais aussi 4 000 PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI), dont 1 000 sont stratégiques. Jeudi, certains acteurs financiers devraient prendre position en faveur d’un soutien à ces entreprises, “et l’idée est d’entraîner les autres dans leur sillage”, indique-t-on au gouvernement. La consolidation du secteur pourrait aussi être évoquée jeudi, c’est-à-dire le rapprochement d’activités de certains groupes.

Énumérant samedi sur France Inter les sujets de la réunion – “Est-ce que les entreprises de défense ont besoin de prêts, de fonds propres, de capacité à produire plus ?….” -, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin avait ajouté : “Est-ce qu’elles ont besoin de capacité à travailler plus en tant que groupe européen, plutôt que petites entreprises ?”.

Mais le secteur financier est souvent réticent à investir dans la défense. Les banques, fonds d’investissement ou assureurs sont en effet particulièrement sensibles aux “risques ESG” (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans leurs investissements. Des évolutions de doctrine pourraient être annoncées jeudi.

Mercredi, France Assureurs, la fédération des assureurs français, a assuré que ceux-ci étaient “prêts à prendre toute leur part dans l’effort de réarmement du pays”. De même, les six grandes banques regroupées dans la FBF (Fédération bancaire française) se sont dites mardi “pleinement mobilisées pour financer les besoins attendus du secteur”, outre les 37 milliards d’euros qu’elles y investissent déjà.

Attention au “quoi qu’il en coûte”

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a déclaré de son côté jeudi matin sur BFMTV/RMC qu’il ne pouvait pas “y avoir de nouveau quoi qu’il en coûte” pour financer l’industrie de défense dans le contexte économique et budgétaire dans lequel se trouve la France. “Il y a un effort légitime, mais il doit être mesuré, il doit être financé”, a-t-il insisté.

“Je crois qu’il faut un effort de défense. Ce n’est pas à moi de décider de sa taille, mais il est légitime pour que l’Europe retrouve la maîtrise de son destin militaire mais aussi économique”, a-t-il encore affirmé. Pour lui, la réunion du jour à Bercy répond à “une première question : ‘Qui va prêter au début aux industries de défense ?'”. “Mais la question plus difficile qui viendra ensuite, qui est plus difficile, c’est : ‘Qui va payer à la fin ?'”. “Et là la réponse est malheureusement claire, c’est forcément de la dépense publique : il n’y a que l’Etat qui puisse acheter le matériel militaire, ou payer la solde des militaires, etc”, a souligné François Villeroy de Galhau, pour qui cette équation “pose de façon encore plus aiguë la question de la reprise de contrôle de nos finances publiques et de nos déficits”.

L’UE tout entière est mobilisée sur la défense depuis le début du mois : mercredi, elle a donné le coup d’envoi d’un vaste plan visant à réarmer le continent d’ici à 2030, doté de 800 milliards d’euros.





Source
Exit mobile version