Les propos belliqueux et la guerre commerciale ouverte de Donald Trump contre ses proches partenaires internationaux semblent avoir un effet sur le tourisme. Selon plusieurs médias et une société d’analyse économique américaine, nombreux sont les voyageurs venus d’Europe, du Canada ou d’Asie à annuler leur billet d’avion pour les Etats-Unis.
Les données gouvernementales rapportées par le Washington Post sont sans équivoque : deux mois à peine après que le 47e Président des Etats-Unis a pris ses fonctions, l’industrie touristique américaine perd déjà des milliards de dollars. En février, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 2,4 % par rapport à l’année précédente. Les baisses les plus spectaculaires concernent les touristes chinois (-11 %), les voyageurs d’Afrique (-9 %), d’Asie (-7 %) et d’Amérique centrale (-6 %). “Les Canadiens évitent Disney World et les festivals de musique. Les Européens délaissent les parcs nationaux américains, et les touristes chinois choisissent plutôt l’Australie pour leurs vacances”, assure le grand quotidien américain.
L’entreprise de prévision économique filiale d’Oxford Economics, Tourism Economics, qui prévoyait une hausse de 9 % du tourisme en 2025, a revu son estimation drastiquement à la baisse. Le tourisme international aux Etats-Unis devrait finalement baisser de 5 % cette année, entraînant un manque à gagner de 64 milliards de dollars pour l’industrie du voyage. Le tout, précise l’entreprise, en raison de “politiques polarisantes et de la rhétorique de l’administration Trump”. Les chiffres sont si conséquents que le secteur de l’hospitalité enregistre déjà des pertes de plusieurs dizaines de milliers d’emplois depuis deux mois.
Le boycott volontaire des touristes canadiens
En cause, le discours particulièrement hostile tenu depuis son investiture par Donald Trump envers des nations qui furent historiquement les plus proches alliées des Etats-Unis. Le Canada est en tête de liste. Juste avant son départ en retraite, l’ancien Premier Ministre Justin Trudeau a exhorté les Canadiens à ne plus traverser la frontière. Et appelé au boycott des produits américains, pour répondre à un Donald Trump qui répète depuis plusieurs semaines vouloir faire du Canada le 51e Etat de sa République Fédérale.
Ce voisin du nord des Etats-Unis constitue sa première source de touristes internationaux, qui avaient dépensé pas moins de 600 millions de dollars rien qu’à New York (située à quelques centaines de kilomètres de la frontière canadienne) en 2024. Et 20,5 milliards de dollars tous Etats confondus la même année, selon la US Travel Association.
En 2025, le nombre de Canadiens revenant des Etats-Unis en voiture a déjà chuté de 23 %, et Tourism Economics prévoit une baisse de 15 % du tourisme canadien cette année. “Des groupes scolaires ont annulé leurs voyages de fin d’année. Il en va de même pour des bus remplis de retraités, des jeunes mariés en lune de miel, des amis fêtant leurs anniversaires”, relate de son côté le New York Times. “A Ottawa, l’agence Travac Tours, qui prévoyait d’envoyer 16 bus de tourisme à New York cette année, n’a plus reçu aucune réservation depuis que Trump a imposé des tarifs douaniers au Canada ce mois-ci”, pointe ainsi le quotidien.
Les effets de la guerre commerciale de Trump
La rhétorique commerciale agressive de Donald Trump envers l’Union européenne, le Canada et la Chine crée l’incertitude et ravive les craintes d’augmentation des prix et d’instabilité économique. En février, le président américain annonçait une hausse à 25 % des tarifs douaniers pour l’acier et l’aluminium européen, ainsi que sur toutes les importations canadiennes, mexicaines et chinoises. Si les hausses des droits de douane ont depuis été suspendues pour le Mexique et le Canada, la semaine dernière, Donald Trump menaçait encore d’imposer une taxe de 200 % sur les vins et alcools européens.
Selon Tourism Economics, les effets de cette guerre commerciale élargie seront concrètement palpables dès 2025. “Les voyages nationaux seront affectés négativement par la croissance plus lente des revenus et la hausse des prix, tandis que les voyages internationaux aux Etats-Unis seront touchés par un combo d’économies plus lentes, un dollar plus fort et une antipathie envers les Etats-Unis”, conclut ainsi le rapport. Pour la chaîne américaine CBS, le réchauffement soudain des relations entre les Etats-Unis et la Russie pourrait largement contribuer à cette antipathie des citoyens de l’Union européenne, fervent soutien de l’Ukraine.
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