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Violences en Nouvelle-Calédonie : deux morts, Macron convoque un Conseil de défense… Les dernières infos


Malgré la mise en place d’un couvre-feu, Nouméa s’est réveillé ce matin avec des rues saccagées, des commerces brûlés et pillés. Une deuxième personne a été tuée mercredi lors des violentes émeutes qui secouent la Nouvelle-Calédonie depuis lundi, a-t-on appris auprès du Haut-commissariat de la République dans l’archipel français du Pacifique-Sud. Le bureau du représentant de l’Etat n’a donné aucune autre précision sur les circonstances de ce dossier. Le Haut-commissaire Louis Le Franc a annoncé plus tôt mercredi à la presse la mort d’une première personne dans l’agglomération de Nouméa, victime de tirs par balle.

Le président de la République Emmanuel Macron va convoquer ce matin un Conseil de de défense et de sécurité.

Au terme de la nuit, le représentant de l’Etat dans l’archipel français du Pacifique Sud a fait état de “graves troubles à l’ordre public […] toujours en cours”, dont de “nombreux incendies et pillages de commerces et d’établissements publics” et annoncé plus de 130 interpellations depuis le début des violences, les plus graves depuis celles, meurtrières, des années 1980. “Plusieurs dizaines d’émeutiers ont été placés en garde à vue et seront présentés à la justice”, a précisé le Haut-commissariat de la République dans un communiqué.

En outre, “une soixantaine de blessés sont à déplorer parmi les forces de l’ordre”, précise-t-il affirmant qu’une “nouvelle rébellion avec tentative d’évasion s’est déroulée au centre pénitentiaire de Nouméa.” Un bilan plus précis a été livré ce matin par le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin, affirmant des “centaines” de personnes ont été blessées, dont une “centaine” de policiers et gendarmes, a-t-il déclaré sur RTL. Des “dizaines” de “maisons, d’entreprises” ont été brûlées, a-t-il également annoncé.

La tension est telle que dans un courrier adressé au président de la République, la présidente de la province sud de l’archipel, Sonia Backès, réclame la mise en place de l’état d’urgence, “notamment en engageant l’armée aux côtés des forces de police et de gendarmerie”. “Nous sommes en état de guerre civile”, a-t-elle déploré.

Elargissement du corps électoral

A des milliers de kilomètres de là, en métropole, à Paris, l’Assemblée nationale a adopté dans la nuit de mardi à mercredi par 351 voix contre 153 le texte qui élargit le corps électoral. C’est le texte qui a ravivé les tensions. La réforme devra encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Dans un courrier adressé mercredi aux représentants calédoniens condamnant des violences “indigne(s)” et appelant au “calme”, Emmanuel Macron a précisé que le Congrès se réunirait “avant la fin juin”, à moins qu’indépendantistes et loyalistes ne se mettent d’accord d’ici là sur un texte plus global.

Le projet de loi constitutionnelle vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l’archipel. Mais les partisans de l’indépendance jugent que ce dégel risque de “minoriser encore plus le peuple autochtone kanak”. Devant la presse, le président indépendantiste du gouvernement du territoire, Louis Mapou, a “pris acte” de la réforme votée à Paris mais déploré une “démarche qui impacte lourdement notre capacité à mener les affaires de la Nouvelle-Calédonie”.

Appels au calme

Dans un communiqué publié sur Facebook et relayé par nos confrères de La1ère, le FLNKS, parti indépendantiste, lance “un appel à l’apaisement”. Il demande la “levée des barrages pour permettre le libre accès de la population aux produits, services et besoins de première nécessité”. Le président Emmanuel Macron a également appelé au calme, condamnant des “violences indignes”.

Mercredi matin, faute d’approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires ont provoqué de très longues files d’attente devant les magasins. Certains à Nouméa étaient pris d’assaut, d’autres étaient quasiment vides, n’ayant plus de pain ni de riz à vendre. Dans un bilan provisoire rendu public mardi, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a fait état de “plus de 70 policiers et gendarmes blessés” dans les violences. Et “80 chefs d’entreprises ont vu leur outil de production brûlé ou détruit”, a-t-il précisé devant l’Assemblée mardi.

Les premières altercations entre manifestants et forces de l’ordre avaient commencé dans la journée de lundi, en marge d’une mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle. Dans la crainte d’un enlisement, des éléments du GIGN, du RAID (son équivalent pour la police), quatre escadrons de gendarmes mobiles et deux sections de la CRS 8, une unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, ont été mobilisés.





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