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Elections en Inde : Narendra Modi en passe d’être réélu pour un troisième mandat


Le résultat ne faisait que peu de doute. Le premier ministre indien, Narendra Modi, 73 ans, est en passe d’être réélu pour cinq ans à la tête de son pays, qu’il dirige depuis 2014. Selon une enquête à la sortie des urnes de CNN-News18, son parti, le BJP (Bharatiya Janata Party), et ses alliés devraient obtenir au moins 355 sièges à la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement, soit bien plus de la majorité absolue, fixée à 272.

Ces projections n’ont pas toujours été fiables, mais Narendra Modi a déjà pris la parole pour se féliciter du résultat. “Je peux dire avec confiance que le peuple d’Inde a voté en nombre record pour réélire le gouvernement”, a-t-il affirmé samedi sur X, ajoutant que les électeurs “ont vu notre bilan et la façon dont notre travail a changé la vie des pauvres, des marginalisés et des déshérités”. Le résultat définitif du scrutin ne sera proclamé que mardi 4 juin, ce qui clôturera un des plus longs exercices démocratiques du monde. Pendant six semaines, province après province, 968 millions d’Indiens étaient appelés à voter pour leurs députés.

La participation électorale, en revanche, devrait être en baisse par rapport à celle de 2019, où elle avait atteint 67 %. En cause : les écrasantes canicules qui ont frappé le pays, avec des températures souvent supérieures à 45 degrés, décourageant les électeurs de sortir de chez eux et perturbant le fonctionnement des bureaux de vote. Rien que samedi, dernière journée du scrutin, 33 agents électoraux sont morts à cause de la chaleur dans l’Etat d’Uttar Pradesh.

Victoire du nationalisme hindou

La victoire de Narendra Modi démontre à nouveau l’efficacité de sa rhétorique nationaliste hindoue, qui prône la suprématie de l’hindouisme sur les autres croyances et fait de cette religion le fondement de l’identité indienne. Pendant sa campagne, le Premier ministre, excellent tribun, a multiplié les propos stigmatisants envers les musulmans – 200 millions d’Indiens -, qualifiés “d’infiltrés”. La prétendue violence de ces derniers et la menace d’un grand remplacement, pourtant impossible au vu de la démographie actuelle, ont mobilisé de nombreux électeurs hindous. De même que la construction du temple de Rama, dans la ville d’Ayodhya, sur les ruines d’une mosquée détruite par des fanatiques hindous en 1992. Narendra Modi a fait de ce projet un symbole de son mandat et de l’hégémonie durable de l’hindouisme pour les décennies à venir.

Toutefois, le bilan économique du Premier ministre est loin d’être positif. Si la croissance est forte, à plus de 7 %, la pauvreté reste massive, les investissements étrangers sont en berne depuis l’an dernier, et le chômage explose notamment chez les jeunes. En Inde, pays le plus peuplé de la planète, 40 % des moins de 25 ans qui ont fait des études supérieures n’ont pas de travail. Narendra Modi compense ces mauvais résultats par un impressionnant culte de la personnalité qui place son visage partout dans les rues, jusque sur les sacs d’aide alimentaire ! Il joue également sur le poids qu’il a donné à l’Inde sur la scène internationale, salué par les électeurs. Une politique étrangère active et payante dans les urnes, le rendant aussi très courtisé par ses homologues : il a visité plus de 70 pays, dont huit fois les États-Unis, sept fois la France et cinq fois la Chine et la Russie depuis 2014.

Un opposant à Modi retourné en prison

Fort d’une majorité qui devrait être renouvelée, Narendra Modi accroît un peu plus son emprise sur la scène politique indienne. Plusieurs de ses opposants politiques sont en prison ou poursuivis en justice. C’est le cas d’Arvind Kejriwal, ministre en chef de Delhi, incarcéré en mars pour une affaire de pots-de-vin. Il avait bénéficié d’une libération sous caution par la Cour suprême le temps de faire campagne. Celle-ci terminée, il est retourné dans sa cellule ce dimanche 2 juin. “Quand le pouvoir se transforme en dictature, la prison devient une obligation”, a-t-il mis en garde sur les réseaux sociaux, faisant référence à la régression des droits et des libertés en Inde. Hemant Soren, ancien ministre en chef de l’État du Jharkhand, a également été arrêté en février dans une autre enquête pour corruption.

L’opposition, qui s’était unifiée derrière le Congrès, le principal parti d’opposition, aura donc échoué à écarter Narendra Modi du pouvoir. Affaibli par ses deux dernières défaites électorales, sans candidat officiel pour le poste de Premier ministre et ruiné par la réforme du financement des partis, adoptée en 2018, qui a largement profité au BJP, le Congrès a fait campagne sur le respect de l’Etat de droit et sur la vie chère. Il pourra au moins se réjouir du fait que Narendra Modi n’ait pas, pour l’instant, atteint son objectif de 400 sièges à la Lok Sabha.

Cette majorité des deux tiers lui aurait permis de modifier à sa guise la constitution pour en saper les fondements laïcs et multiconfessionnels pensés à l’indépendance du pays, et réduire le poids des provinces du sud au Parlement, qui lui sont traditionnellement hostiles.




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