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Immigration : comment Joe Biden flatte l’électorat de droite


C’est une mesure aussi concrète que symbolique. Ce mercredi 5 juin, depuis minuit, un décret empêche les migrants entrés illégalement sur le territoire américain de bénéficier du droit d’asile lorsque leur nombre dépasse les 2 500 par jour sur une période de sept jours consécutifs, ce qui est le cas aujourd’hui. C’est un durcissement majeur de la politique migratoire de Joe Biden, à cinq mois de l’élection présidentielle. Habituellement, toute personne posant pied sur le sol américain a le droit d’y demander refuge.

Le président américain a déclaré que ces mesures permettront de “reprendre le contrôle” de la frontière avec le Mexique, où convergent de plus en plus de personnes fuyant la pauvreté en Amérique centrale ou latine. Elles viseront aussi “à rétablir l’ordre dans le processus” de demande d’asile, a-t-il ajouté lors d’une allocution à la Maison-Blanche, et qu’elles étaient conformes aux “responsabilités qui nous incombent en vertu du droit international”.

Concrètement, les migrants pourront toujours traverser la frontière mais ils seront accueillis différemment. Jusqu’à présent, les agents leur demandaient s’ils étaient en danger dans leur pays d’origine, ce à quoi la plupart des arrivants répondaient par l’affirmative. Après quelques brèves vérifications, ils avaient le droit de rester dans le pays jusqu’à ce que leur demande d’asile soit traitée, ce qui peut prendre des années.

Désormais, les agents ne leur poseront plus la question. Ce sera aux migrants de faire valoir eux-mêmes leur droit d’asile et les critères seront beaucoup plus stricts. Par conséquent, la plupart d’entre eux seront reconduits au Mexique, jusqu’à ce que le nombre de migrants traversant la frontière tombe à 1 500 par jour. A quelques exceptions près pour les enfants non accompagnés, les victimes de traite d’êtres humains et les individus en urgence médicale.

Une “façade” selon Trump

La décision du président américain a été raillée par l’opposition. A commencer par le candidat républicain à l’élection présidentielle, Donald Trump. “Ce n’est qu’une façade car il sait qu’un débat aura lieu dans trois semaines”, a-t-il écrit sur son réseau Truth Social, en référence au duel télévisé qui les opposera le 27 juin prochain. Pour l’ancien président, les migrants clandestins sont à l’origine d’une vague de criminalité à travers le pays. Une affirmation réfutée par les statistiques policières des grandes villes.

Toutefois, tous les sondages montrent que le sujet de l’immigration aura un poids décisif sur les chances de réélection de Joe Biden de novembre. C’est même la première préoccupation des Américains, selon plusieurs études de l’institut Gallup. Depuis trois mois, 27 % des électeurs citent l’immigration comme le principal problème auquel les Etats-Unis sont confrontés. Dans les 12 mois qui ont précédé octobre 2023, 2,4 millions de personnes ont été interceptées à la frontière avec le Mexique, un record. Joe Biden, de son côté, pointe du doigt ses adversaires républicains, qu’il accuse de bloquer toute réforme migratoire pour le faire échouer et continuer à le critiquer. “Réglons le problème”, a-t-il lancé en rappelant qu’il ne “diaboliserait jamais” les migrants.

L’aile gauche du Parti démocrate, déjà critique du président Biden sur sa gestion du conflit israélo-palestinien, pourrait à nouveau exprimer sa colère. D’autant plus que le décret s’appuie sur une loi préalablement utilisée par l’administration Trump pour interdire l’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de plusieurs pays musulmans. La loi avait alors été bloquée par un juge fédéral. Tel pourrait aussi être le destin de ce décret. La puissante Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) a annoncé qu’elle contesterait la mesure devant les tribunaux.




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