La déclaration était solennelle. Ce samedi 8 juin, Louis Mapou, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, a appelé à écrire une “nouvelle page” de l’histoire de l’archipel du Pacifique sud, qui traverse depuis mi-mai sa plus grave crise depuis les années 1980. Lors d’une allocution diffusée sur les chaînes de télévision locales, le dirigeant a rendu hommage aux victimes des violences, et annoncé un huitième décès en trois semaines et demie de troubles, consécutifs au vote d’une réforme électorale décriée par les indépendantistes. Le couvre-feu a également été prolongé d’une semaine, jusqu’au lundi 17 juin.
“Cette situation n’est plus tenable car la population en est la principale victime”, a déclaré Louis Mapou, relevant que “le chemin d’apaisement et de désescalade” convenu avec le président Emmanuel Macron, lors de son déplacement à Nouméa le 23 mai, “n’a pas encore abouti à un rétablissement de la situation”.
Sur le plan politique, le président indépendantiste a pointé une “gestion trop mesurée” face aux émeutes des partis indépendantistes et, de l’autre côté, une “surenchère permanente” des responsables loyalistes, qui “nourrissent le climat de violence existant”. “La loi constitutionnelle sur le corps électoral, décidée unilatéralement par les autorités nationales, a rouvert une plaie qui a pris du temps à panser et à cicatriser”, a estimé le président. Ce texte visant à élargir le corps électoral aux scrutins provinciaux est accusé par les indépendantistes de “marginaliser” la population autochtone kanak.
Sortir “des oripeaux du système de colonisation”
Louis Mapou a appelé à entendre cette “nouvelle génération de jeunes Calédoniens et en particulier Kanak”, qui a fait “irruption dans le débat”, et demandé un “renouvellement des responsables politiques”. Il a exhorté le chef de l’État et le Parlement à convenir “que cette loi constitutionnelle est à contre-courant de l’histoire” de la Nouvelle-Calédonie, rendant “improbable” l’organisation d’élections provinciales d’ici à la fin de l’année 2024.
Il faut, selon le responsable de l’exécutif calédonien, que le président Macron “explicite avec plus de clarté ses intentions” pour permettre de “trouver un accord global sur l’avenir institutionnel” du territoire. Pour permettre la reconstruction, outre les aides de l’État, le président calédonien a sollicité les diplomates “des pays amis”, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Vanuatu, le Japon ou encore l’Indonésie.
Il a enfin appelé à “reconstruire un lien nouveau” pour sortir la Nouvelle-Calédonie “des oripeaux du système de colonisation que l’on perçoit encore dans la façon dont ces événements sont relatés et vécus en Nouvelle-Calédonie ou dans l’Hexagone”.
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