La dissolution de l’Assemblée nationale annoncée dimanche par Emmanuel Macron accroît les risques et l’incertitude concernant la maîtrise budgétaire de la France, selon les agences de notation Fitch et Moody’s, cette dernière y voyant un risque pour la note.
Moody’s classe la France Aa2 avec perspective stable, un cran au-dessus des autres agences Fitch et S & P, qui la placent à AA- depuis respectivement 2023 et le mois de mai. Le parti vainqueur des élections anticipées des 30 juin et 7 juillet “n’aura probablement pas de majorité absolue”, relève Moody’s, puisqu’il faudrait à la majorité “une quarantaine de sièges supplémentaires”, et au Rassemblement national “plus de 200”.
L’agence de notation souligne les risques de multiplication des motions de censure lors de la prochaine législature, et y voit “un risque accru d’instabilité politique, d’autant que l’Assemblée nationale ne peut pas être dissoute dans sa première année”. Une telle instabilité “engendre un risque de crédit”, souligne Moody’s, alors que le gouvernement sortant a déjà dû réviser en forte hausse ses prévisions de déficit public pour 2024 et 2025, tout en maintenant sa prévision d’un retour à 3 % du PIB en 2027.
“Le fardeau de la dette française”
“Compte tenu de l’instabilité du paysage politique, il est tout à fait possible que ces objectifs soient abandonnés, malgré la probable pression de la Commission européenne” pour que la France soit en ligne avec les règles budgétaires de l’UE, estime Moody’s. Elle remarque que “le fardeau de la dette française est le plus élevé parmi ses pairs notés de manière similaire”, et que “le rythme de réduction du déficit de la France sera plus lent que celui de la plupart de ses pairs européens”. Elle estime que la dette publique “augmentera lentement de 110,6 % du PIB en 2023 à près de 115 % du PIB d’ici 2027”, alors que gouvernement prévoit une quasi-stabilité d’ici à 2027.
Moody’s s’attend donc “à une détérioration de la soutenabilité de la dette française”, et souligne le risque pour la perspective et pour la note “si nous devions conclure que la détérioration de la capacité d’endettement était nettement plus importante en France” que dans les pays notés de manière similaire. “Un engagement moins fort sur la consolidation budgétaire augmenterait également les pressions à la baisse” sur la note, conclut Moody’s.
De son côté, Fitch estime que la dissolution “n’a pas d’impact immédiat sur la note” mais “augmente l’incertitude autour de la consolidation fiscale et de nouvelles réformes économiques”. L’agence prévoit une dette de 112,8 % du PIB d’ici 2027 et souligne qu’une “augmentation importante et persistante de la dette”, conséquence notamment de “déficits publics plus élevés que prévu”, “pourrait conduire à une action de notation négative”.
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