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Giorgia Meloni, la stratège : son plan pour accroître son influence en Europe


TheEconomist ne s’y était pas trompé en dédiant sa dernière couverture à Giorgia Meloni nous fixant droit dans les yeux, encadrée par Ursula Von der Leyen et Marine Le Pen, toutes deux de profil. La cheffe du gouvernement italien ne cesse de répéter qu’elle est désormais “incontournable”. Alors que le scrutin européen a infligé aux partis d’Emmanuel Macron et d’Olaf Scholz une humiliation historique, sa formation d’extrême-droite, Fratelli d’Italia est arrivé largement en tête, frôlant les 29 % des suffrages. Giorgia Meloni est ainsi la seule dirigeante d’un des grands pays de l’UE à sortir renforcée. “Je suis fière que notre nation se présente au G7, en Europe, avec le gouvernement le plus fort de tous” s’est-elle immédiatement félicitée.

Si sa victoire conforte un peu plus la crédibilité gagnée au cours de ses vingt mois passés au pouvoir, c’est surtout de la débâcle d’Emmanuel Macron qu’elle entend tirer profit. La faiblesse du président français, avec lequel elle n’entretenait qu’une entente de raison et qui est menacé de cohabiter avec un gouvernement d’extrême-droite, lui offre une marge de manœuvre inédite. Pendant la campagne électorale qui vient de s’achever, elle prônait à Bruxelles ce qu’elle a réussi à faire à Rome : une union de toutes les droites au Parlement de Strasbourg pour renvoyer la gauche dans l’opposition en excluant toute participation à une majorité avec les socialistes.

Divergences nombreuses au sein des droites radicales

Elle devra pourtant user du pragmatisme qui la caractérise en prenant acte de la forte poussée des différentes formations d’extrême droite qui octroient à leurs deux principaux groupes 13 sièges supplémentaires. Unis, les membres de son groupe ECR (Conservateurs et réformistes européens), et celui Identité et démocratie (ID), dans lequel siégeront 30 eurodéputés du Rassemblement national français, et enfin la centaine de parlementaires radicaux non-alignés (dont fait partie le Fidesz hongrois de son ami Viktor Orban) peuvent constituer le deuxième groupe le plus puissant du futur parlement européen. Mais de l’économie au soutien à l’Ukraine en passant par les liens avec l’Otan, les divergences sont nombreuses au sein des droites radicales, rendant hypothétique une telle alliance, qui bouleverserait les équilibres sur lesquels reposent les instances communautaires.

Giorgia Meloni ne s’opposera pas à une reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la commission européenne. L’Italie ne peut se permettre d’être isolée. Elle a besoin de la tolérance de Bruxelles s’agissant de l’octroi et la gestion des milliards d’euros de son plan national de relance, mais aussi de la flexibilité par rapport au respect du nouveau pacte de stabilité budgétaire, sans oublier la solidarité indispensable dans la gestion des flux migratoires.

Giorgia Meloni répond ainsi timidement aux appels à l’union entre les groupes ECR et ID lancés par Marine Le Pen. Quel que soit le prochain locataire de Matignon, c’est toujours avec Emmanuel Macron qu’elle devra traiter lors des grands sommets européens. Elle ne veut surtout pas fragiliser ses rapports avec le PPE (Parti Populaire Européen, centre-droit et droite) dont son vice-premier ministre Antonio Tajani est un fidèle représentant. Le leader de Forza Italia a réussi l’exploit de réaliser un meilleur résultat que Matteo Salvini, le leader de la Ligue, qui s’est lancé dans une surenchère populiste et insiste pour un rapprochement avec les Allemands de l’AfD. “Le problème n’est pas seulement l’AfD, mais aussi le RN, a déclaré Antonio Tajani. Le Pen veut quitter l’OTAN et n’est certainement pas une européiste. On ne peut pas penser à gouverner l’Europe en étant contre.”

L’ancien commissaire, vice-président de la Commission et président du Parlement européen, est l’émissaire idéal pour approfondir les rapports avec le PPE. Il serait également un nom de secours idéal à présenter si Ursula von der Leyen ne parvenait pas à se maintenir à son poste. Mais ce n’est pas celui-là qu’ambitionne Giorgia Meloni pour son pays. L’Agriculture, l’Industrie, la Défense ou encore l’énergie représentent des portefeuilles essentiels pour son électorat ou l’influence de la péninsule. Une vice-présidence italienne de la commission européenne avec des pouvoirs renforcés et un champ de compétences étendu pourrait également la satisfaire. Giorgia Meloni aura tout le loisir de se livrer à une démonstration de force face à ses partenaires allemands et français affaiblis en les recevant ce week-end dans les Pouilles pour le G7.




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