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Aya Nakamura, Céline Dion… A Villers-Cotterêts, un tour du monde des tubes en langue française

On s’en est rendu compte lors de la polémique qu’a suscitée sa participation à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, tout le monde n’attend pas Aya Nakamura dans le rôle d’ambassadrice de la chanson francophone… Comme une confirmation de sa légitimité, c’est elle qui ouvre la première grande exposition temporaire de la Cité internationale de la langue française, inaugurée l’an dernier au château de Villers-Cotterêts. Dans cette commune de l’Aisne chargée d’Histoire, François Ier signa l’ordonnance qui fit du français la langue officielle du droit et de l’administration, Molière joua son Tartuffe censuré dans la capitale, et Alexandre Dumas vint au monde.

Et Aya Nakamura dans tout ça ? La chanteuse d’origine malienne est, depuis six ans, l’artiste francophone la plus écoutée au monde, y compris dans des contrées traditionnellement peu sensibles à nos ritournelles cocorico comme le Costa Rica. Elle a donc toute sa place dans C’est une chanson qui nous ressemble, le parcours sonore qui décrypte, sous l’égide de Bertrand Dicale, les succès mondiaux des musiques populaires francophones. Les visiteurs sont prévenus : n’y figurent pas forcément les vedettes de leur panthéon intime – Brassens et Brel par exemple, absents du rendez-vous -, mais ceux qui, au fil des décennies, font rayonner la langue française à l’étranger.

Françoise Hardy à Londres, mai 1968.

La ritournelle française se porte bien

Expert de la chanson et homme de radio rompu à l’exercice de conteur, Bertrand Dicale nous rappelle, non sans malice, qu’en dépit de la longue suprématie de l’anglais dans les charts internationaux, la ritournelle française se porte plutôt bien sur les cinq continents. Sans hiérarchie ni arbitrage des genres, les artistes sont ici regroupés autour de cinq thématiques. Celle de l’élégance made in France, où Juliette Greco, incarnation d’une féminité emblématique, et Henri Salvador, inspirateur de la bossa-nova brésilienne, côtoient la Française Clémentine, chanteuse quasi inconnue sous nos latitudes, qui cartonne en Asie depuis trente ans avec ses mélodies jazzy.

Moins surprenant, dans la section consacrée aux combats et à la liberté, c’est La Marseillaise qui rafle la mise de la musique francophone la plus populaire au monde, juste devant LeBoudin, l’hymne officiel de la Légion étrangère, et non loin du Déserteur de Boris Vian, popularisé outre-Atlantique par Joan Baez dans les années 1960. Quand on aborde le romantisme par le prisme de la langue qui fait rimer “amour” avec “toujours”, ce sont les grandes voix mondialisées du répertoire populaire qui s’expriment : Edith Piaf, indétrônable tragédienne sur la planète, ou Céline Dion et son album goldmanien D’eux, la galette en français la plus vendue de l’histoire du disque.

Adamo au Japon en 1958.
Adamo au Japon en 1958.

La chanson francophone, c’est aussi une épopée branchouille. Celle d’une pop so chic inscrite dans les avant-gardes, à l’instar de Françoise Hardy, iconisée par le Swinging London des sixties, des Négresses vertes, groupe post-punk inclassable plébiscité par la presse britannique dans les années 1990, ou encore de Stromae, chantre du clip décalé. “Eh bien dansons maintenant”, semble enfin nous dire Dicale en fin de parcours, quand il convie pêle-mêle les titres qui se sont massivement exportés en célébrant l’expression dansée de l’hédonisme. On y retrouve le raz-de-marée planétaire du zouk de Kassav, le subversif Je t’aime moi non plus du tandem Gainsbourg-Birkin, objet de scandale international, ou, dans la foulée du succès de Tombe la neige, les slows sensuels d’un Salvatore Adamo adulés par les Japonais. A la fois si loin et si proches, mais tous bien vivants par-delà les frontières.




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