En Syrie, un peu plus de 48 heures après la chute de Bachar el-Assad, le pouvoir des rebelles du mouvement islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) se dessine. Leur chef, Abou Mohammed al-Joulani, a lancé lundi les discussions sur le transfert du pouvoir, après avoir renversé le président Bachar el-Assad dimanche. Dans le même temps, le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron se sont entretenus lundi et se disent “prêts à coopérer avec les nouveaux dirigeants” sous conditions, a indiqué la chancellerie allemande.
Les infos à retenir
⇒ Israël a détruit les principaux sites militaires en Syrie
⇒Les rebelles vont publier une liste de tortionnaires
⇒ Olaf Scholz et Emmanuel Macron sont prêts, sous conditions, à “coopérer avec les nouveaux dirigeants”
Les secouristes syriens annoncent la fin des recherches à la prison de Sednaya
Les Casques blancs, des secouristes syriens, ont annoncé ce mardi la fin des opérations de recherche dans la prison de Sednaya, où ils soupçonnaient l’existence de cachots souterrains, sans avoir trouvé de détenus. “Les Casques blancs annoncent la conclusion des opérations de recherches (..) sans avoir trouvé de lieux secrets ou cachés” dans cette prison, ont-ils dit dans un communiqué.
C’était l’une des premières mesures des rebelles : la libération des prisonniers, notamment à Damas. Sur les réseaux sociaux, des images ont montré des dizaines d’hommes, visages émaciés, certains portés par des camarades car trop faibles pour avancer seuls, sortir de la prison de Sednaya après sa libération dimanche. Ces ex-prisonniers ont déferlé par vagues dans les rues de Damas, certains totalement désorientés. Les familles des détenus pensaient qu’un grand nombre était encore enfermé dans des cachots secrets dans les sous-sols de cette prison, symbole des pires exactions des forces de sécurité d’Assad et qualifiée d'”abattoir humain” par Amnesty International. Des milliers de personnes étaient massées depuis dimanche, jour de la chute de Damas, autour de la prison dans l’attente de nouvelles de leurs proches disparus.
L’Iran condamne une “violation” du droit après l’incursion israélienne dans la zone tampon du Golan
L’Iran a condamné comme une “violation” du droit l’une incursion de l’armée israélienne dans la zone tampon du Golan syrien, un territoire sous contrôle de l’ONU séparant la Syrie d’Israël et censé être démilitarisé en vertu d’un accord de 1974. “Cette agression est une violation flagrante de la Charte des Nations unies”, a fustigé le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, dans un communiqué publié lundi soir.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait annoncé dimanche avoir ordonné à l’armée de “prendre le contrôle” de cette zone tampon après la chute du président syrien Bachar el-Assad. Une mesure “limitée et temporaire prise pour des raisons de sécurité”, a assuré lundi son ministre des Affaires étrangères Gideon Saar. La présence même “temporaire” des troupes israéliennes en Syrie dans la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël constitue “une violation” de l’accord de désengagement de 1974 entre Israël et la Syrie, a déclaré lundi le porte-parole de l’ONU.
Israël a détruit les principaux sites militaires en Syrie
L’armée israélienne “a détruit les principaux sites militaires en Syrie” en menant environ 250 frappes contre le territoire syrien depuis la prise de Damas par les rebelles et la chute du président Bachar el-Assad, a indiqué mardi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). De fortes explosions ont retenti mardi à Damas, selon des journalistes de l’AFP.
Selon cette organisation, qui s’appuie sur un vaste réseau de sources à travers la Syrie, Israël a entre autres bombardé des aéroports, des radars, des dépôts d’armes et de munitions, des centres de recherche militaires, et a endommagé des navires de la marine syrienne en attaquant une unité de défense aérienne près du grand port de Lattaquié, dans le nord-ouest du pays.
Syrie : les rebelles vont publier une liste de tortionnaires
Les rebelles qui ont pris le contrôle du gouvernement en Syrie vont publier une liste “des plus hauts responsables impliqués dans des tortures contre le peuple”, a annoncé mardi leur commandant, Abou Mohammed al-Joulani. “Nous offrirons des récompenses à quiconque fournira des informations sur les hauts responsables de l’armée et de la sécurité impliqués dans des crimes de guerre”, a écrit sur sa chaîne Telegram officielle le chef rebelle, qui depuis quelques jours se fait également appeler par son vrai nom, Ahmed al-Chareh.
“Nous poursuivrons les criminels de guerre et demanderons qu’ils soient remis par les pays où ils se sont enfuis afin qu’ils puissent recevoir leur juste châtiment”, a-t-il également affirmé, alors que des médias libanais indiquent que plusieurs anciens responsables du gouvernement du président déchu Bachar el-Assad se sont réfugiés à Beyrouth, sous la protection du mouvement chiite Hezbollah, un des principaux soutiens des anciennes autorités.
Washington recherche des informations sur un journaliste enlevé en Syrie
Après la chute du président Bachar el-Assad, les Etats-Unis ont annoncé lundi multiplier leurs efforts pour récolter des informations sur un journaliste américain enlevé en Syrie en 2012, avec l’envoi dans la région d’un émissaire chargé de la libération des otages. L’envoyé américain Roger Carstens est arrivé près de Beyrouth avec pour mission de récolter des informations sur Austin Tice, ont fait savoir des responsables américains.
Austin Tice est un journaliste indépendant, qui travaillait notamment pour McClatchy News, le Washington Post et l’AFP, et couvrait la guerre en Syrie. Il a été enlevé en août 2012 à Daraya, une banlieue de Damas, où l’armée avait mené une opération de ratissage. Les Etats-Unis se sont dit prêts à “coopérer avec tout groupe susceptible d’avoir des informations sur l’endroit où se trouve Austin Tice”, a détaillé le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller. En 2022, le président américain Joe Biden a affirmé que les Etats-Unis avaient la “certitude” que le journaliste était “détenu par le régime syrien”, assurant avoir demandé sa libération.
Syrie : Olaf Scholz et Emmanuel Macron sont prêts, sous conditions, à “coopérer avec les nouveaux dirigeants”
“Tous deux se sont accordés à dire qu’ils étaient prêts à coopérer avec les nouveaux dirigeants, sur la base des droits de l’homme fondamentaux et de la protection des minorités ethniques et religieuses”, selon le communiqué de Berlin, après un appel téléphonique entre le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz. Ils ont de nouveau souligné “l’importance de préserver l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Syrie”.
Les deux dirigeants ont convenu de travailler ensemble pour renforcer l’engagement de l’Union européenne en Syrie, notamment en soutenant un “processus politique inclusif” en Syrie, en étroite coordination avec leurs partenaires du Moyen-Orient, ajoute Berlin.
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