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Roumanie : face aux ingérences russes, une Europe trop lente et trop timorée


Le crime était presque parfait. Il s’en est fallu d’un cheveu que Calin Georgescu, candidat quasi inconnu à l’élection présidentielle, ne devienne président de la Roumanie, au terme d’une campagne de manipulation massive sur les réseaux sociaux, notamment TikTok. Crédité d’à peine 1 % d’intentions de vote début novembre, ce Roumain prorusse et complotiste est arrivé trois semaines plus tard en tête du premier tour avec… 23 % des voix, sans avoir dépensé le moindre leu pour sa campagne.

Derrière cette opération, un “acteur étatique” qui, selon les services de renseignement roumains, a préparé de longue date – depuis 2016 – cette attaque sophistiquée, qui aurait coûté “des millions d’euros” et impliqué, entre autres, le média russe Sputnik. Sans doute aurait-elle réussi si la Cour constitutionnelle roumaine n’avait fait annuler in extremis le second tour et reporter le scrutin, une décision inédite dans l’histoire du pays.

A Bucarest, on aurait bien aimé que Bruxelles réagisse aussi vite. Mais cela n’a pas été le cas. A croire que l’exécutif européen n’a toujours pas pris la mesure de la guerre hybride de grande ampleur que le Kremlin mène contre l’Occident. Certes, l’UE s’est dotée d’un nouvel outil, un “règlement sur les services numériques” censé lutter contre les manipulations de l’information, via les plates-formes en ligne. “Mais ce dispositif ne permet pas de réagir en temps réel à une attaque comme celle que nous avons subie”, relève une source roumaine, proche du dossier.

Ainsi, l’Ancom, l’autorité de régulation roumaine, avait alerté “ces derniers mois” la Commission européenne d’irrégularités constatées sur TikTok et du manque de collaboration du réseau social chinois. Sans succès. Craignant d’être accusé d’ingérence – un vrai sujet dans un pays traumatisé par le communisme, où la méfiance envers les institutions est forte -, Bruxelles est resté en retrait. A tort. Trop lente à réagir, trop timorée, l’Europe n’est pas capable de voler au secours d’un Etat-membre lorsqu’il subit ce genre d’agression, désormais considérée par l’Otan comme un problème majeur pour nos démocraties. Et si nous commencions par nous doter d’outils adaptés ? En réglementant par exemple le financement des campagnes politiques en ligne pour le rendre moins opaque. “Des règles viennent d’être adoptées, glisse un diplomate, mais elles ne seront pas mises en œuvre avant… fin 2025.” Une éternité pour le Kremlin et ses armes de propagande massive.




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