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Anti-woke, “Trump canadien” : Pierre Poilievre, l’insaisissable favori pour succéder à Justin Trudeau


Au mercredi 8 janvier 2025, tous les signaux semblent converger vers cette prévision : Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur, devrait devenir le futur Premier ministre canadien d’ici la fin de l’année 2025. Alors que Justin Trudeau a annoncé ce lundi sa démission après neuf années au pouvoir et une cote de popularité au plus bas, les élections générales qui doivent se tenir au plus tard en octobre prochain devraient s’avérer extrêmement difficiles pour le Parti libéral canadien. Et si la politique n’est jamais avare en surprises, la vingtaine de points d’avance dont Pierre Poilievre dispose dans les sondages devrait lui permettre d’accéder au poste qu’il convoite tant depuis plusieurs années.

Né en 1979 à Calgary, celui qui est désormais âgé de 45 ans s’est d’abord lancé dans le conseil, puis la communication en relations publiques. Il devient le plus jeune élu de la Chambre des communes canadiennes, à seulement 25 ans. Il y gagne très vite le surnom de “pitbull”, en raison de son style particulièrement agressif à l’égard de ses adversaires politiques.

S’il fut ministre du gouvernement fédéral canadien entre 2013 et 2015, sous le mandat de l’ancien Premier ministre Stephen Harper, c’est surtout à partir de 2022 que Pierre Poilievre commence à prendre une ampleur nationale. Candidat pour prendre la tête du Parti conservateur, il se démarque par son style tranchant. Et notamment par un coup de communication controversé : s’afficher en soutien affirmé du Convoi de la liberté, ce mouvement de protestation début 2022 contre l’obligation vaccinale au Covid-19 et les mesures sanitaires qui bloqua la capitale Ottawa pendant plus d’un mois. De quoi lui valoir certaines crispations dans son propre camp, face à la reprise assumée de thèses complotistes.

Toute sa campagne est faite de petites phrases et de propositions chocs pour relever le Canada. Pour lutter contre la “Justinflation”, causée par Justin Trudeau, il veut notamment renvoyer le gouverneur de la Banque du Canada, qu’il accuse d’être responsable de la hausse des prix dans le pays. Proposant a contrario d’investir pleinement dans les cryptomonnaies. Un style qui fonctionna, puisqu’il fut élu largement à la tête du parti avec plus de 68 % des voix.

“Un horrible wokisme utopique”

Ce nouveau rôle de premier plan n’empêcha pas Pierre Poilievre de conserver son style bulldozer, qui lui avait même valu d’être exclu du Parlement canadien pour une journée au printemps 2024 après avoir traité le Premier ministre Trudeau de “cinglé” et d'”extrémiste”. Mais est-ce que cela suffit pour le considérer comme un Donald Trump à la canadienne ? Le chef du Parti conservateur canadien partage certaines rhétoriques populistes avec le futur président américain. Et notamment celle du nous contre eux, dénonçant l’influence d’un “horrible wokisme utopique” servant “des personnalités égoïstes au sommet” au lieu “des gens ordinaires”. Il s’associe également à son aversion contre les médias traditionnels, proposant de mettre un terme au financement de l’audiovisuel public canadien.

C’est surtout au niveau économique que Pierre Poilievre consacre l’essentiel de son projet politique. Réputé proche des mouvements libertariens, garantissant de “faire du Canada le pays le plus libre au monde”, il promet un désengagement massif de l’Etat dans l’économie et de rétablir les comptes publics à l’équilibre en lançant de grands programmes de coupes budgétaires. “Nous allons réduire la bureaucratie, réduire le nombre de consultants, réduire l’aide étrangère, réduire l’aide publique aux grandes entreprises. Nous allons utiliser les économies pour réduire le déficit et les impôts et pour affranchir le système de libre entreprise”, a-t-il ainsi résumé il y a quelques jours dans un podcast avec l’influenceur Jordan Peterson – un mode de communication qui n’est pas sans rappeler celui de Donald Trump durant sa campagne présidentielle.

L’un de ses combats majeurs se trouve également être celui contre les régulations environnementales, et tout particulièrement contre la taxe carbone, dont il a fait son principal cheval de bataille en vue des élections législatives en 2025, qu’il appelle à faire l’objet d’un “référendum”. Il appelle également au développement des énergies fossiles et à la construction de nouveaux pipelines pétroliers.

“Un populiste apprivoisé”

Mais pour autant, il est sûrement réducteur de qualifier Pierre Poilievre de simple “Maga [NDLR : Make America Great Again, le slogan historique de Donald Trump] au sirop d’érable”, comme l’avait appelé Chrystia Freeland, l’ancienne ministre des Finances de Justin Trudeau – dont le départ avec fracas en décembre dernier a définitivement acté la chute du Premier ministre. Des différences le démarquent aujourd’hui du futur président américain, mais aussi des autres leaders d’extrême droite à travers le monde. Et principalement sur le sujet de l’immigration, dont il est loin de faire le cœur de sa proposition politique. Lui-même est marié avec une immigrée vénézuélienne, avec qui il a deux enfants. Si Pierre Poilievre “estime que les seuils d’immigration permanente devraient être abaissés”, rappelle Radio Canada, il demeure un défenseur du modèle multiculturel canadien, à condition de “rappeler aux gens, quand ils arrivent ici, qu’ils sont d’abord canadiens. Le Canada d’abord.”

Surtout, Pierre Poilievre cultive encore une grande ambiguïté sur plusieurs sujets importants, le rendant plus difficilement classifiable. Le droit à l’IVG ? Il affirme qu’il n’y aura sous son mandat aucune loi “qui restreint l’avortement”, tout en affirmant qu’il n’empêchera pas les élus les plus conservateurs de son camp à déposer des propositions de loi à ce sujet. Les objectifs climatiques du Canada, régis par l’accord de Paris ? Pas de déclaration claire si ces derniers resteront les mêmes. Et y compris sur l’un de ses sujets phares, les coupes budgétaires, il n’a pas encore expliqué clairement s’il envisageait de mettre un terme à certains programmes sociaux mis en place par Justin Trudeau, comme le système d’assurance dentaire ou de médicaments, ou le programme national de garderies.

Le journaliste américain Zack Beauchamp, spécialiste de la droite, résumerait Pierre Poilièvre à une formule : il serait “le genre d’homme politique que certains républicains aimeraient que Donald Trump soit : un populiste apprivoisé”, explique-t-il dans les colonnes du média Vox.

Face à Donald Trump, une relation incertaine

Reste qu’en cas de victoire aux élections générales canadiennes cette année, un dossier brûlant sera sur sa table : les relations avec l’encombrant voisin américain. Un sujet qui devrait largement occuper le pays cette année, alors que Donald Trump a promis de rehausser très largement les tarifs douaniers avec le Canada, et ne cesse ses provocations quant au fait de vouloir faire de son voisin canadien le 51e Etat américain.

Pierre Poilievre avait été bien attentif à ne pas accorder son soutien à l’un des deux candidats lors de l’élection présidentielle américaine, se contentant de féliciter Donald Trump tout en s’inquiétant des conséquences de sa victoire. Le chef du Parti conservateur a jusqu’ici adopté une stratégie assez simple : rejeter la faute. Ainsi, même lorsque Donald Trump se montre si provocateur à l’encontre du Canada à propos d’une possible annexion, Pierre Poilievre préfère en rejeter la faute sur Justin Trudeau, affirmant que c’est “un exemple de la façon dont il est une blague totale, et a totalement perdu le contrôle”.

Dans son podcast avec l’influenceur Jordan Peterson, il avait cependant davantage développé la manière dont il souhaitait développer ses relations avec le président américain. “Si vous regardez l’histoire du président Trump, il négocie de manière très agressive et il aime gagner, mais au final, il ne semble pas avoir de problème si l’autre y gagne également […] Je pense donc que nous pouvons obtenir un excellent accord qui rendra les deux pays plus sûrs, plus riches et plus forts”, a-t-il ainsi affirmé, souhaitant tout particulièrement développer de nouveaux projets pétroliers et énergétiques entre les deux pays. Une méthode qu’il souhaite appliquer sur les tarifs douaniers, tout en s’affirmant prêt à mettre en place des “contre-mesures qui affecteront l’économie américaine”.

Mais face à Donald Trump, Pierre Poilievre détient dans son entourage un atout de poids : l’ex-animateur de radio Jamil Jivani, ancien camarade de promotion à Yale et très grand ami du futur vice-président américain J.D. Vance. Elon Musk, encore et toujours lui, ne cesse également de vanter les interventions de Pierre Poilievre sur son réseau social X. De quoi envisager une relation américano-canadienne bien différente de celle avec Justin Trudeau.




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