Dans toute l’histoire américaine, Donald Trump n’a mis à l’honneur qu’un seul de ses prédécesseurs dans son discours d’investiture : le républicain William McKinley (1897-1901), assassiné lors de son second mandat. Le nouveau président souhaite redonner au mont Denali, plus haut sommet d’Amérique du Nord, en Alaska, le nom de McKinley, comme c’était le cas avant que Barack Obama ne le débaptise pour le relier à l’identité locale.
Oublié de ses compatriotes, l’ancien dirigeant a tout pour plaire à Trump. Outre son amour pour les tarifs douaniers, il avait mené une spectaculaire politique expansionniste : sa guerre contre l’Espagne lui avait permis à l’époque d’intégrer Cuba, Guam, les Philippines et Porto Rico dans le territoire américain. Il avait aussi avalé Hawaï.
Le Danemark doit se “faire à l’idée” de perdre le Groenland
Plus de cent vingt-cinq ans plus tard, son lointain successeur est le premier à vouloir, lui aussi, agrandir l’Amérique. Jusqu’à la planète Mars, où il compte “planter” le drapeau national, pour le plus grand bonheur de son proche conseiller Elon Musk, le patron de SpaceX, grand promoteur de ce projet.
Ressuscitant la vision d’un monde partagé en sphères d’influences héritée du XIXe siècle, le milliardaire, qui pense avoir été sauvé par Dieu – en référence à la balle qui a manqué de le tuer en Pennsylvanie au mois de juillet – pour rendre sa grandeur à l’Amérique, a de nouveau déclaré vouloir “reprendre” au Panama son canal transocéanique, cédé en décembre 1999. Il persiste aussi visiblement dans son intention de mettre la main sur le Groenland, propriété de Copenhague depuis deux siècles, au nom de la “sécurité internationale” – “je suis sûr que le Danemark va se faire à l’idée”, a-t-il glissé.
Nul ne sait dans quelle mesure ces annonces seront suivies d’effets. Mais le fait qu’elles reviennent de façon obsessionnelle n’augure rien de bon. Avec ce retour dans le passé, le monde a basculé dans l’inconnu, en ce 20 janvier 2025. Il faut toujours se méfier d’un dirigeant qui estime avoir Dieu de son côté.
La Chine s’est aussitôt engouffrée dans la brèche pour tenter de redorer son image, par contraste avec les annonces de Trump. Elle s’est dite “préoccupée” par le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat de 2015 et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et dénoncé le “visage hégémonique, autoritaire et brutal des Etats-Unis”, après que le nouveau locataire de la Maison-Blanche a réinscrit Cuba – que Pékin soutient politiquement et économiquement – sur la liste noire des pays soutenant le terrorisme. Après ses prises de position, on voit en tout cas mal comment Donald Trump pourrait faire la leçon à son homologue Xi Jinping s’il décide d’envahir Taïwan.
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